Gouvernement de cohésion nationale : bientôt les secrets des consultations

Mardi 18 Mars 2014 - 16:45

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Le président de la République serait déjà en possession de toutes les cartes et n’attendrait que le moment propice pour lever le suspense.

On attendait l’effectivité de la session ordinaire de mars pour relancer la question de la formation du gouvernement de cohésion nationale. Aujourd’hui, c’est chose faite avec la rentrée parlementaire intervenue le 15 mars. Théoriquement, c’est au cours de cette session que ce fameux gouvernement est censé être investi pour se mettre à l’œuvre. D’où la pression exercée actuellement sur le chef de l’État pour qu’il livre enfin le secret de ses consultations amorcées au niveau de la classe politique et de la société civile. En tout cas, un peu partout dans les milieux intéressés, il se susurre qu’après avoir tâté le pouls de la Nation et jaugé la pertinence des prétentions des uns et des autres, Joseph Kabila est sur le point de se prononcer. Le président de la République serait déjà en possession de toutes les cartes et n’attendrait que le moment propice pour lever le suspense, apprend-on. Entre-temps, il nous revient qu’une réunion extraordinaire de toutes les sensibilités sociopolitiques de la majorité est prévue pour ce 19 mars à Kingakati.

Profitant de l’occasion, on ose croire que Joseph Kabila va en profiter pour mettre sur la table certaines questions qui fâchent en rapport avec les enjeux politiques de l’heure. Outre la question de sa représentation, encore hypothétique, en 2016, il est clair que celle relative à la formation du gouvernement de cohésion nationale sera au menu des discussions avec, en toile de fond, la gestion des ambitions. Le PPRD en tant que parti phare de la majorité présidentielle n’aura pas la tâche facile face aux partis alliés qui tiennent également à avoir droit de cité dans ce gouvernement. La distribution des postes se fera, à coup sûr, au prorata de ce que représente chaque parti politique en termes de rapport de forces. Ici, il ne s’agira nullement des menus fretins, mais bien des personnalités de poigne susceptibles de donner des gages au chef de l’État dans l’optique d’accroître les chances de sa reconduction à l’échéance 2016 si jamais l’article 220 de la Constitution venait à être retouché. Une perspective que n’écartent pas nombre des cadres de la majorité dorénavant inscrits dans un schéma de révision constitutionnelle pour permettre à Joseph Kabila de rempiler pour la troisième fois consécutive.

Cette question taraude l’esprit des experts de la majorité qui, face à l’obstination d’une opinion intérieure opposée à toute forme de tripatouillage de la Constitution, seraient tentés par un coup de force à défaut de trouver d’autres subterfuges pour prolonger le mandat du chef de l’État. Là-dessus, l’élargissement du calendrier électoral par une nouvelle loi électorale qui énerverait l’article 220 (non-révisable) de la Constitution ainsi que l’organisation d’un recensement avant toute tenue d’élection nationale sont de plus en plus envisagés comme pistes de sortie.

L’opposition encore hésitante

C’est autour de toutes ces questions que va s’articuler la rencontre de ce mercredi au sanctuaire de Kingakati. Quant au poste de Premier ministre qui fait couler beaucoup d’encre et de salive ces derniers temps, le mystère plane encore sur le choix du chef de l’État qui, d’après maints analystes, roulerait pour un politique qu’un technocrate au regard des enjeux qui pointent à l’horizon. « En politique, il n’y a pas d’état d’âme, seuls comptent les intérêts », argue-t-on.

Si à la majorité, les choses semblent se préciser, il n’en est pas le cas à l’opposition où les partis phares de ce bord politique se sont déjà prononcés pour leur non-participation à ce gouvernement. L’UNC, l’UDPS et le MLC n’y sont pas partie prenante. Ce qui ne fait pas l’affaire de certains de leurs membres qui sont sur le point d’enfreindre la position de leurs partis respectifs. La brouille est perceptible dans ces partis de l’opposition où une catégorie de membres présentés comme virtuels ministres font l’objet de menaces de radiation de la part de leur hiérarchie.

Entre-temps, à l’opposition dite républicaine chapeautée par Léon Kengo wa Dondo, les listes seraient déjà apprêtées avec, à la clé, des personnalités dont l’engagement dans l’opposition demeure encore sujette à caution. Évitant de perdre tout crédit vis-à-vis de leurs bases respectives, les grands partis de l’opposition ayant pignon sur rue, restent campés sur leur position mettant ainsi en mal la cohésion nationale tant prônée.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Matata Ponyo et quelques membres de son gouvernement