Gouvernement de cohésion nationale : entre doute et espoir

Mercredi 2 Juillet 2014 - 18:30

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Dans son dernier message à la Nation à la veille de la célébration du cinquante-quatrième anniversaire de l’indépendance du pays, Joseph Kabila a réaffirmé son engagement d’accélérer la mise en œuvre des recommandations de ces assises de façon méthodique, mais en évitant toute précipitation.

Après huit mois d’attente interminable, d’aucuns ont commencé à ne plus croire en la formation du gouvernement de cohésion nationale tel que promis par le chef de l’État à l’issue des concertations nationales. De report en report sur fond des pronostics maintes fois déjoués, le dossier avait fini par perdre toute sa saveur au point de commencer à désintéresser l’opinion. Joseph Kabila est resté longtemps muet sur la question alimentant par son attitude les spéculations de tout genre. Les consultations ont bel et bien eu lieu, et les prétendants aux postes ministériels ont, pour la plupart, déposé leurs curriculum vitae auprès de deux coprésidents des concertations nationales. Les regroupements politiques et associatifs se sont mis au pas en désignant en amont leurs potentiels délégués dans ce gouvernement de cohésion nationale.

Après quelques semaines d’agitations au Palais du peuple marqué par la ruée des « chercheurs patentés des postes », la vie est redevenue normale. L’on croit savoir que le chef de l’État a désormais toutes les cartes en sa possession pour agir. Tout le problème, c’est qu’on ne sait pas quand et comment Joseph Kabila va matérialiser cette recommandation phare des concertations nationales qui tient en haleine le peuple congolais depuis des mois. Dans son dernier message à la Nation à l’occasion des cinquante-quatre ans de l’indépendance du pays, il est revenu sur cette question, sans toutefois apporter plus d’éclairage quant à son dénouement. Le président de la République s’est juste contenté de rassurer quant à son engagement à exécuter les recommandations des concertations nationales dont le gouvernement d’union nationale est sans doute la plus attendue. « Je réaffirme mon engagement d’accélérer la mise en œuvre des recommandations de ces assises de façon méthodique, mais en évitant toute précipitation », a indiqué Joseph Kabila, laissant dans l’expectative de nombreux acteurs de la classe politique congolaise.

Cette phrase-clé de Joseph Kabila renseigne sur son obstination à concrétiser sa promesse quel que soit le temps que cela pourrait prendre. D’où l’inquiétude d’une certaine opinion qui ne s’explique pas que huit mois après, le chef de l’État évoque un processus qu’il veut négocier en dehors de toute précipitation alors que le pays continue à être régenté par un gouvernement réputé démissionnaire. Les tenants de cette approche estiment que Joseph Kabila  a suffisamment pris du temps et qu’il connaît presque tout le monde dans la classe politique, ce qui logiquement devrait faciliter ses choix. Une autre opinion favorable à la thèse du chef de l’État perçoit dans la réaffirmation de Joseph Kabila de mettre en œuvre les recommandations des concertations nationales, une volonté de tenir sa promesse « d’amener tous les fils sur le chemin de la cohésion nationale ». Ils estiment que le chef de l’État a pris son temps afin de bien juger la situation avant de désigner les membres du nouveau gouvernement.

Un fait est que le temps presse avec le risque, à l’allure où vont les choses, de se retrouver à la fin de l’année sans ce fameux gouvernement, font observer certains analystes. La convocation d’une session extraordinaire du Parlement est donc requise pour lever une fois pour toute le suspense, d’autant plus qu’en dehors du champ parlementaire, il n’y a pas une autre alternative pour avaliser ce gouvernement en lui donnant le quitus légal dont il aura besoin pour fonctionner. En attendant, le discours de Joseph Kabila est venu raviver le débat dans la classe politique partagée entre ceux qui ont vite cédé à l’impatience, convaincus que tout ceci n’était que de la poudre aux yeux, et ceux qui gardent encore espoir.  

 

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Joseph Kabila, Aubin Minaku et Léon Kengo wa Dondo