Gouvernement de cohésion nationale : l'attente se fait longue

Mardi 5 Novembre 2013 - 17:30

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Logés désormais à l'enseigne de l'expédition des affaires courantes, les ministres sortants sont réduits dans l’expectative, s’interrogeant déjà sur ce que sera leur sort.

Tout est à l’arrêt. La machine exécutive du pays semble être paralysée depuis l’annonce par le chef de l’État, de la formation d’un nouveau gouvernement dit de cohésion nationale. Saluée par l’opinion publique et boudée par les ministres sortants, cette perspective inquiète dans la mesure où elle bloque les initiatives au niveau des institutions en attente de nouveaux animateurs. Au gouvernement par exemple, les ministres et vice-ministres n’ont plus de cœur à l’ouvrage. Ils vivent avec un stress permanent qui ne sera résorbé que le jour où ils auront la certitude de ne pas être concerné par le remaniement. Un coup d’œil furtif dans les cabinets ministériels laisse entrevoir la morosité ambiante qui gangrène leur fonctionnement par ces temps qui courent.

Excepté quelques ministres qui continuent à œuvrer comme si de rien n’était en étant aux commandes de leur secteur, la plupart y ont carrément renoncé préférant se tourner les pouces dans leurs bureaux climatisés. Depuis que le premier ministre Augustin Matata Ponyo leur avait instruit de ne plus prendre des actes de disposition de quelle que nature que ce soit dans leurs portefeuilles respectifs, ils sont sur le qui-vive. Leurs dernières énergies, ils les consacrent dans des « démarches » et autres contacts nécessaires en vue d’assurer leur maintien en poste. Ceux qui se savent déjà partants en raison des contreperformances enregistrées tout au long de leur mandat sont prêts à tous les excès juste pour garder leurs postes juteux. Le clivage s’est davantage creusé entre le Premier ministre qui visiblement semble avoir la tête ailleurs, et ses ministres qui, d’après certaines indiscrétions, ne recevraient plus depuis un bon bout de temps des correspondances émanant de son cabinet.

Recenser la nouvelle majorité

Logés dorénavant à l'enseigne de l'expédition des affaires courantes, les ministres sont réduits dans l’expectative ne sachant pas de quoi demain sera fait. Réputés bureaucrates, la plupart se découvrent aujourd’hui les talents de tribun en répondant à toutes les sollicitations, juste pour assurer une certaine « visibilité » en faisant passer dans l’opinion l’image des gens qui travaillent. Pour sa part, Augustin Matata Ponyo de qui l’on attend la présentation d’une lettre de démission conformément aux usages afin de constater la vacance de son poste paraît serein. Prétendant à sa propre succession, l’homme continue de travailler assidûment. Le fait qu’il a réfectionné l’hôtel du gouvernement relooké à son goût en dit plus sur sa motivation à rester cloitré dans son fauteuil, même s’il doit faire face à d’autres challengers tout aussi dignes de la confiance du chef de l’État. Cependant, l’attente commence à se faire longue. À l’opposition et à la société civile d’où proviendra une brochette des membres du prochain gouvernement, l’heure est aux reniements en vue de repositionnement.

Tout porte à croire que cette situation attentiste risque de se prolonger davantage d’autant plus qu’il faudra recenser en amont les membres de la nouvelle majorité parlementaire pour ensuite déterminer les partis ou regroupements politiques qui composeront le futur gouvernement d’après un critérium bien pensé. Ce qui requiert la nomination d’un informateur pour mener à bien ces conciliabules au terme desquelles des personnes répondant à un certain profil sur fond d’un équilibrisme géopolitique seront désignées à différents postes. Visiblement, les Congolais ont encore de beaux jours devant eux avant de voir la nouvelle équipe ministérielle prendre corps.

Le chef de l’État est donc appelé à agir au plus vite afin de sortir l’exécutif national de la léthargie dans laquelle l’a empêtré cette situation paralysante qui a sensiblement réduit la marge de manœuvre des ministres avec un effet néfaste sur  les équilibres macroéconomiques.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Matata Ponyo et quelques membres de son gouvernement