Gouvernement d'union nationale: le schéma Kengo fait polémique

Lundi 12 Août 2013 - 21:17

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Pendant que certains opposants réclament l’abrogation de l’ordonnance convoquant les assises au profit d’une nouvelle prenant en compte les préalables de l’opposition, d’autres font fi de ces préalables et appuient sans condition le schéma tracé par le présidium.  

Au fur et à mesure que le temps s’égrène, l’opposition a visiblement du mal à accorder ses violons par rapport à la tenue des concertations nationales. La dernière sortie médiatique de Léon Kengo wa Dondo annonçant la mise en place d’un gouvernement d’union nationale à l’issue de ces assises est venue, comme qui dirait, exacerber le clivage au sein de cette plate-forme. D’un côté, se retrouvent ceux qui appuient la démarche du présidium et, de l’autre, ceux qui s’y opposent. De part et d’autre, des arguments ne manquent pas. Ce schéma, présenté comme salutaire par le président du Sénat, devrait permettre aux uns et aux autres de se retrouver dans ce qui paraît comme un énième partage du pouvoir dans le pur style de Sun City. Pour soutenir son action, Léon Kengo wa Dongo devra compter non seulement sur les membres de son parti, l’UFC et alliés, mais également sur des opportunistes de tout bord en quête des postes ministériels. Ces opposants qui appuient l’idée de la constitution d’un gouvernement d’union nationale n’adhèrent pas à la logique contestataire de leurs pairs. Ces derniers continuent de réclamer la mise en place préalable d’une commission préparatoire tripartite opposition-majorité-société civile avant le début des concertations.

Un peu plus nombreux, ces opposants récusent la démarche du président du Sénat qui, d’après eux, se serait écartée des résolutions ayant découlé du dernier conclave de l’opposition tenu à Limete. Jamais il n’a été question de partage du pouvoir, fait-on remarquer, mais plutôt d’autres considérations en rapport avec la conduite des concertations. Il s’est agi précisément des préalables que le pouvoir organisateur devrait respecter, entre autres, le recours à une médiation internationale neutre selon l’esprit de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et de la résolution 2090 du Conseil de sécurité de l’ONU. Il a été, par ailleurs, demandé à la majorité de ne pas initier une quelconque modification des articles de la Constitution qui limitent le nombre et la durée des mandats du président de la République. Le fait d’avoir passé outre lesdites recommandations en misant sur un gouvernement d’Union nationale après avoir créé un secrétariat technique en lieu et place d’une commission tripartite, Léon Kengo ferait fausse route, estiment certains ténors de l’opposition.

Reviser l'ordonance présidentielle 

« Pour qui roule le président du Sénat ? », ne cesse-t-on de s’interroger dans les milieux intéressés. Faisant bloc contre toute idée de mettre sur pied un gouvernement d’union nationale, le MLC, l’UNC, l’UDPS et d’autres partis extrémistes sont sur le point de désavouer Léon Kengo wa Dondo dont il relativise la qualité d’opposant. « Comment peut-il cracher sur des résolutions du Conclave auquel son parti avait participé ? En plus, à ce que je sache, il n’est pas le porte-parole de l’opposition qui devra être désigné par les députés et sénateurs de cette plate-forme réunis par les bureaux des deux chambres du Parlement », réagissait le président du Mouvement du peuple congolais pour la République (MPCR) Jean-Claude Mvuemba. Lui et plusieurs autres leaders de l’opposition trouvent aux propos de Léon Kengo wa Dondo une manœuvre dilatoire tendant à légitimer le pouvoir de Joseph Kabila. En effet, fait savoir une source proche de l’UNC, « mettre sur pied un gouvernement d’Union nationale impliquerait impérativement la modification de quelques articles de la Constitution, ce qui justifierait la représentation de Joseph Kabila en 2016 au motif qu’il n’était pas allé au bout de son mandat ».

À l’UNC, au MLC et à l’UDPS, on brandit déjà le spectre du boycott des concertations nationales tout en exigeant l’abrogation de l’ordonnance présidentielle la convoquant au profit d’une nouvelle qui tienne compte des préalables posés par l’opposition. Lentement mais surement, l’édifice de l’opposition est en train de se lézarder. Seuls quelques représentants des partis satellites et une poignée des personnalités politiques proches du leader de l’UFC ont répondu présents aux consultations amorcées depuis lundi au Palais du peuple. Les grands leaders de la plate-forme préfèrent, quant à eux, prendre le temps d’observer. « Tous ces politiciens du ventre qui ont même créé des plates-formes pour le besoin de la cause ne rêvent que des postes ministériels pour se repositionner en faisant fi de la misère du peuple », commente un député de l’UDPS.

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo