Gouvernement-M23 : la mise en œuvre de l’accord de paix de Nairobi piétine

Samedi 13 Décembre 2014 - 14:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

« Bien que des étapes importantes aient été franchies, l’exécution des recommandations contenues dans les déclarations de Nairobi reste lente », ont constaté les émissaires des Nations unies, de l'Union africaine, de l'Union européenne et des États-Unis dans un récent communiqué. 

Le 12 décembre, l’accord de paix signé à Nairobi entre l’ex-mouvement rebelle M23 et le gouvernement venait de totaliser une année. Une année de stagnation qui dénote du peu de progrès accomplis dans l’exécution des recommandations contenues dans cet accord de paix. Dans un communiqué publié le week-end, les envoyés spéciaux de la communauté internationale ont stigmatisé la lenteur de la mise en œuvre de cet accord conformément aux engagements pris par les deux parties concernées. L’on rappelle qu’au terme de cet accord, le M23 s’engageait à mettre fin à sa lutte armée en contrepartie de l’amnistie qu’attendait octroyer la RDC aux ex-combattants qui ne se seraient pas rendus coupables de crime de guerre ou crime contre l’humanité. Une année après, l’on se rend à l’évidence que seulement 559 ex-rebelles ont été amnistiés dans un groupe rebelle qui brassait des centaines des combattants.

Entre-temps, plusieurs membres de l’ancienne rébellion continuent à se prélasser en Ouganda et au Rwanda où ils sont établis depuis la défaite de leur mouvement. Certains d’entre eux ont été désarmés et placés dans des camps en attente d’un éventuel rapatriement. Plus d’une fois, les membres de l’ex-M23 et les délégués du gouvernement ont promis de se retrouver pour discuter des détails liés à leur rapatriement sans parvenir à se mettre autour d’une table. L’échec de la reprise des pourparlers post conflit de Kampala est révélateur du blocage qui entrave le processus de retour à la vie civile des ex-rebelles du M23 éligibles à l’amnistie. Pendant ce temps, l’ultimatum du président ougandais Yoweri Museveni, qui avait donné jusqu’au 12 décembre au gouvernement congolais pour rapatrier les ex-M23 éligibles à l’amnistie à défaut de leur accorder le statut de réfugiés politiques, continue de courir.

Et pendant que Kinshasa s’évertue à relativiser la portée de cette menace l’estimant en violation des engagements pris à Addis-Abeba, sur le terrain, le statut quo demeure. Human Rights Watch (HRW) constate de son côté que l'engagement pris par les deux parties « d'appuyer les efforts régionaux en faveur de la justice et de ne pas protéger ou accorder refuge à des individus présumés responsables de graves violations des droits humains » n'est pas non plus respecté. Aucun membre de l’ancienne rébellion n’a pu être rapatrié pour être traduit en justice, constate cette ONG faisant allusion à la plupart des dirigeants du M23 réfugiés au Rwanda ou en Ouganda à l'abri de la justice. 

Pour HRW, « l'engagement pris par le gouvernement congolais d'arrêter et de poursuivre en justice les dirigeants du M23 soupçonnés de crimes graves » constitue  une simple vue de l’esprit, puisque non assorti d’action directe. Là-dessus, pense l’ONG, la coopération du Rwanda et de l'Ouganda est cruciale pour endiguer le fléau de la déstabilisation de la région. Et François Muamba, coordonnateur du Mécanisme national de suivi, d’indiquer que pour l’heure, le rapatriement des anciens combattants congolais du M23 réfugiés en Ouganda et au Rwanda passe pour une priorité gouvernementale. « Les membres du M23 non amnistiables finiraient par être traduits en justice », a-t-il rassuré.

 

                

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Désarmement des ex-combattants du M23