Gouvernement-M23 : l’ultime round des négociations

Lundi 9 Septembre 2013 - 16:00

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Depuis mars, deux textes de proposition d’accord sont sur la table du facilitateur chargé d’en dégager une synthèse à soumettre pour approbation aux deux parties avant toute signature. 

Les discussions de Kampala entre le gouvernement et les rebelles du M23, suspendues depuis quelques temps, reprennent effectivement ce 10 septembre après expiration hier de l’ultimatum de trois jours donné aux deux parties pour renouer le fil du dialogue. Ces travaux sont censés s’achever dans un délai maximal de quatorze jours, ont décidé les chefs d’État de la Conférence internationale pour la région des Grands lacs (Cirgl) mus par le souci d’en finir avec ces négociations entamées depuis neuf mois. De part et d’autre, on s’est vite mis au pas. Sans tergiversation, les délégués du M23 ont été les premiers à rejoindre Kampala comme pour manifester leur volonté de parvenir rapidement à un règlement politique de la crise de l’Est. L’option politique représente plus que jamais une voie de sortie honorable pour le M23 et le Rwanda eu égard aux condamnations dont ils sont de plus en plus l’objet à l’échelle internationale.

C’est non sans raison que le chef politique du M23 scrute, d’ores et déjà, une possibilité de désarmement de son mouvement et son retour à la vie civile assortis de deux préalables majeurs : la neutralisation des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) et le retour des réfugiés congolais tutsis. À Kinshasa, l’empressement du M23 à rejoindre Kampala paraît sans objet d’autant plus que tout a été décidé et qu’il ne reste plus qu’à harmoniser le projet d’accord final de la médiation en vue de son adoption. Les délégués du gouvernement se rendent donc à Kampala dans l’idée de prendre connaissance de la synthèse consensuelle établie par la f'acilitation devant conclure ces négociations et de parapher le document y afférent le cas échant. Depuis mars dernier, en effet, deux textes de proposition d’accord émanant de deux parties sont sur la table du facilitateur chargé d’en dégager une synthèse à proposer pour approbation avant toute signature.

La dissolution du M23 ou rien

Pas question pour le gouvernement de revenir sur des sujets déjà traités. « En ce qui nous concerne, nous avons verrouillé à toute possibilité d’attenter à notre Constitution et de donner corps au projet de balkanisation de la RDC. Pour nous, il faut conclure.  Il n’y a plus lieu de discuter d’autres choses, puisque depuis huit à neuf mois tout a été dit », n’a cessé de marteler le coordonnateur du Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, François Muamba. Pour ce dernier et ses collaborateurs, l’application de l’accord CNDP-gouvernement du 23 mars 2009 sur lequel s’est appuyé le M23 pour justifier sa rébellion étant totalement vidée, rien ne peut légitimer la poursuite des travaux. Le M23 qui ne l’entend pas de cette oreille aurait, d’après des sources, renforcé l’effectif de ses délégués en y incorporant certaines personnalités notoirement connues comme étant de nationalité rwandaise. L’objectif étant, d’après les mêmes sources, de noyauter la rencontre pour y privilégier les intérêts du Rwanda et de la pseudo-rébellion du M23 présentement défaite sur le terrain militaire.

Pour les populations du nord et sud Kivu qui ont longtemps subi les affres d’une guerre injuste, il est temps de mettre un terme à ces pourparlers qui tirent leur souffrance en longueur. Elles ne jurent que par l’obtention, par les délégués du gouvernement, du désarmement et de la dissolution du M23.  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Les chefs d'État des Grands lacs à la clôture du VIIe sommet extraordinaire de la Cirgl à Kampala