Grande muraille verte : un mur avant tout contre les changements climatiques, qu’un mur contre des migrations vers l’Europe

Mercredi 28 Septembre 2016 - 15:48

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Onze pays (Burkina Faso, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Soudan, Tchad) ambitionnent d’ériger une « Grande muraille verte », une ceinture d’arbres s’étendant du Sénégal à Djibouti, soit environ 7.000 kms, pour endiguer l’expansion du Sahara, réhabiliter 50 millions d’hectares de terres et réduire la production de CO2. Elle pourrait aussi constituer une barrière humaine face aux migrations aux dangers des migrations vers l’Europe.

 

 

Un mur qui n'a pas mis fin aux vagues migratoires

L’idée n’est pas originale. L’ancien président américain, George W. Bush, l’a promulguée en  novembre 2006. Une loi pour financer des programmes visant à renforcer la sécurité intérieure. La construction d’un mur de 1125 km, le long des zones poreuses de la frontière avec le Mexique (3200km) pour entraver l’immigration illégale, pour un montant de 1,2 milliard de dollars. Le grand projet de réforme de l’immigration, alliant répression et régularisation partielle des sans-papiers ayant échoué. Le candidat à l’élection présidentielle américaine, Donald Trump, a remis l’idée s’il venait à être élu, sans démontrer son efficacité.

Confrontée à une immigration clandestine massive, la Grèce a décidé en mars 2012, de construire un mur de barbelés long de 12 kilomètres le long de sa frontière avec la Turquie, pour décourager l’exode de migrants vers l’Europe. Ces murs entre les hommes, n’ont pas arrêtés les peuples affamés de courir vers des richesses espérées. Les causes  de la migration n’ont jamais été pansées.

Les terres arables, un espoir pour les jeunes

Sans terres arables et sans ressources nécessaires, le sahel  accentuerait sa propension au développement du terrorisme et aux migrations de masse, selon les experts.  « Tout tourne autour du contrôle des ressources. Les jeunes ont le sentiment de ne rien posséder et cherchent un moyen d’accéder au pouvoir. C’est pourquoi l’influence de l’extrémisme et du terrorisme augmente dans la région, mais aussi le problème de la migration. Les gens tentent de rejoindre l’Europe à la recherche d’une vie meilleure, et passent par l’Afrique du Nord pour y parvenir »,  résume Juma Abdi, professeur au centre pour les relations internationales de Dar es-Salaam, en Tanzanie. 

James Wahonye, de l’Institut pour la diplomatie et les études internationales de l’Université de Nairobi au Kenya, pense que le problème de la région du Sahel ne doit pas être traité comme un cas isolé. "Nous vivons dans un village mondial et toute menace, surtout si elle a cette ampleur, doit faire l’objet de l’attention de la communauté mondiale", a-t-il expliqué. Mais force est de reconnaître que le mur vert africain, pourrait avoir une influence positive. 

Grande muraille, nouvelle source de revenus

Le monde entier a conscience du potentiel novateur de la grande muraille verte d’Afrique. Le projet a attiré l’attention internationale, il a surtout permis l’obtention de ressources. En décembre 2015, les États, ayant signé l’accord de la COP21 à Paris, se sont engagés à mettre à disposition plus de 3,5 milliards d’euros dans le projet. Pour Juma Abdi, « il s’agit d’un miracle planétaire. Le monde a reconnu l’intérêt économique, social et sécuritaire [du projet]. Parfois, il est plus intéressant de fournir des solutions locales, que de se borner à la gestion de crises internationales [...] Le mur vert africain est une leçon très importante pour le monde". 

La Grande muraille verte contre les changements climatiques

 

 

Au-delà de cet objectif, récent dans l’érection de « la Grande muraille verte », il faut  surtout retenir un objectif global  qui est d’une part, de lutter contre l’avancée du désert, et de renforcer les capacités d’adaptation et de résiliences d’autre part.  La vision globale est l’érection d’une Grande muraille verte à l’horizon 2025 pour transformer des zones arides du Sahel en Pôles ruraux économiques et de développement durable (PREDD) intégrés au tissu économique national. Le plan d’actions quinquennal 2016-2020 comporte un ensemble de Programmes prioritaires d’actions phares.

Elle passe par une forêt appelée à absorber 250 millions de tonnes de dioxyde de carbone. A en croire la "Sahara Sahel Great Green Wall Initiative", 15% de ce mur auraient déjà été plantés. Le projet aurait convaincu les acteurs de tous horizons, dont l’Union africaine (UA), à l’origine de l’initiative, des organisations internationales, l’Union européenne (UE) et la Banque mondiale (BM).

Cette région est atteinte d’une explosion démographique et est devenue le théâtre de conflits fréquents pour de rares ressources disponibles, selon certains commentateurs. Ce qui n'exclut pas des ressources naturelles en pleine convoitise. Par contre, des changements climatiques y sont plus visibles, l’érosion des sols à cause du surpâturage et l’agriculture intensive. Le développement socio-économique, la sécurité alimentaire et les besoins domestiques sont fortement tributaires de la disponibilité des ressources naturelles, notamment les terres arables, ressources hydrauliques, forestières et pastorales et de leurs modes de gestion et de gouvernance. Les zones arides et semi-arides du Sahel représentent un ensemble de patrimoines culturels et biologiques remarquables qu’il convient de conserver, restaurer et valoriser. Il faut donc vite agir. Ces pays ont le dos au mur et doivent impérativement, pour la survie de leur économie et la cohésion sociale, mettre en œuvre une réponse efficiente de lutte et de gestion de ces défis.

 

Noël Ndong

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