Grands lacs: les FDLR renoncent à la lutte armée

Lundi 3 Février 2014 - 16:20

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Le secrétaire exécutif par intérim de ce groupe armé étranger a annoncé le week-end dernier la fin de la lutte armée de son mouvement contre le pouvoir en place à Kigali et sa disponibilité à se faire désarmer, démobiliser et rapatrier au Rwanda.

Les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) présentes sur le territoire congolais, depuis plus de deux décennies, sont en passe de rentrer définitivement au Rwanda. Alors que la Monusco se préparait à organiser une offensive militaire d’envergure contre ce groupe armé qui écume l’Est de la RDC sur instruction de Washington, voilà que son secrétaire exécutif par intérim est venu briser l’élan pris en faisant une déclaration presqu’inattendue. Intervenant en effet sur RFI la semaine dernière, le colonel Wilson Iratageka a affirmé que les FDLR abandonnaient officiellement leur lutte armée en déposant les armes. C’est depuis le 30 décembre 2013, a-t-il précisé, que cette réalité est effective au sein de ce mouvement armé.

Convaincues de l’inutilité d’un combat d’arrière garde menée contre le régime de Kigali sans que cela ne soit suivi d’effets en termes de déstabilisation du pouvoir de Kagame toujours inébranlable, les FDLR ont finalement résolu de ranger leurs armes pour œuvrer comme un parti politique. « Les FDLR ont pris la décision de déposer les armes parce que chaque fois que Kigali voulait attaquer le Congo et piller les richesses de la RDC, il prétextait venir chercher les FDLR qui sont armés et pouvaient attaquer le Rwanda », a précisé le colonel Wilson Iratageka. En fait, son mouvement voudrait donner une chance au retour de la paix dans les Grands lacs. Et la seule manière pour les FDLR de contribuer dans l’œuvre de pacification de cette partie du continent, pense-t-il, c’est de renoncer à sa lutte armée et de déposer les armes. Il sollicite de la communauté internationale qu’elle s’implique en incitant Kigali « à accepter les négociations avec les partis politiques d’opposition, dont les FDLR ». Ce qui est moins sûr lorsqu’on considère l’intransigeance de Kigali à ne pas accepter un quelconque retour au bercail de ceux qu’il considère comme des génocidaires en les tenant pour responsables des événements malheureux de 1994. Pour Kagame pour qui les FDLR étaient devenus un fonds de commerce par le biais duquel ses hommes faisaient des incursions récurrentes en RDC, il s‘agit là d’un vieux prétexte qu’on vient de lui ôter.   

 Pour Kinshasa, la fin de la rébellion rwandaise des FDLR est plutôt bien perçue. Cela permettrait non seulement d’accélérer effectivement le retour à la paix dans la région des Grands lacs, mais aussi de pacifier l’est de la RDC longtemps insécurisé du fait de la présence de ces rebelles hutus rwandais. Ce développement, de l’avis de nombreux observateurs, est consécutif notamment à l’ultimatum lancé par le Chef de l’Etat Joseph Kabila en direction de tous les groupes armés nationaux ou étrangers sommés de déposer les armes à défaut d’y être contraints par la force. « Nous avons même commencé à procéder à ce désarmement forcé malgré les dénégations du voisin rwandais pour des raisons que nous ignorons », a indiqué Lambert Mende à ce sujet.

À cela s’ajoute les menaces de la Monusco qui affirmait faire de la traque aux FDLR une de ses nouvelles priorités. « Contre les FDLR, il faut le même programme que contre le M23 », avait déclaré l’envoyé spécial des États-Unis pour la région des Grands lacs, Russ Feingold qui avait donné son quitus pour que la Monusco puisse redoubler d’efforts conformément à son mandat de maintien de paix et de sécurisation des populations en zones de conflit.

 

 

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des éléments des FDLR