Haut-Katanga : une association réclame des enquêtes sur un prétendu recrutement des miliciens

Vendredi 5 Avril 2019 - 18:32

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L’organisation non gouvernementale (ONG) Justicia Asbl, que dirige Me Timothée Mbuya, a alerté, le 3 avril, sur la formation d’une nouvelle milice et le recrutement des miliciens dans les territoires de Kabongo, Malemba Nkulu et Mitwaba.

Le nouveau mouvement en préparation dans le Haut-Katanga, a indiqué Justicia Asbl, est l'oeuvre de l'ancien chef de guerre, Gédéon Kyungu. Ce dernier qui s'est évadé, rappelle cette association, a été condamné à la peine de mort en 2010 pour crimes contre l’humanité, mouvement insurrectionnel et terrorisme. Aussi appelle-telle la justice congolaise à enquêter sur ces allégations car, pour elle, cet ancien chef de guerre devrait retourner en prison.

«Toutes ces personnes sont effectivement en train d’alimenter pas seulement les groupes de bandits à Lubumbashi mais également, ils sont par-ci par-là à travers la province en train de suivre qui une formation ici, qui une formation là-bas », a souligné le directeur exécutif de Justicia Asbl. « Pour nous, Gédéon devrait donc être immédiatement arrêté pour éviter que la province ou le pays ne retombe dans une insécurité généralisée», a-t-il poursuivi.

Approché par Radiookapi.net, le Mouvement des indépendantistes et révolutionnaires africains, parti politique de Gédéon Kyungu, rejette, de son côté, ces accusations et invite à privilégier la paix. «  Gédéon n'a pas été autorisé de faire des sorties de sa maison. Tandis que les opérations qu’ils évoquent se passent à Kabongo ou dans le Haut Lomami, c’est trop loin de là où se trouve Gédéon. Gédéon est à Lubumbashi », a expliqué le chargé à la communication de cette formation politique.

Qui a bu, boira

Arrêté, condamné et incarcéré après un procès médiatisé au tribunal de Kipushi, c’est par une évasion spectaculaire en septembre 2011 de la prison de Kasapa, à Lubumbashi, que Gédéon Kyungu avait recouvré la liberté. Son retour en grâce à Lubumbashi, sous forme de reddition et soutenu par Jean-Claude Kazembe Musonda, ex-gouverneur du Haut-Katanga, a été, selon certains observateurs, l’un des événements marquants de l’année 2016.

Mais déjà, après son évasion, Gédéon Kyungu s’était réinstallé dans le territoire de Mitwaba où il s’est réorganisé. Aussi, après sa reddition, certains acteurs de la vie politique, dont le gouverneur de la province de l’époque et des observateurs, avaient salué cet acte et pensé « qu’on pouvait faire la paix sans effusion du sang ». Pendant ce temps, une autre opinion recommandait plutôt aux autorités congolaises d’emprisonner ce chef milicien afin qu’il purge sa peine, parce que reconnu coupable des crimes contre l’humanité par le tribunal militaire de garnison du Haut-Katanga.

Ces allégations sur le nouveau recrutement des miliciens, imputé à Gédéon Kyungu, remettent donc sur la sellette la question de la sécurité dans cette province ainsi que sur l’abandon des charges qui pèsent sur des prisonniers qui se soustraient à la justice, notamment par la fuite.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Me Timothée Mbuya, lors d'une conférence de presse à Kinshasa/Adiac

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