Henri Ossebi : « Georges Balandier est le prototype de l’intellectuel humaniste »

Vendredi 17 Mars 2017 - 17:00

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L’Association Géopolitique Africaine et l’Université Marien-Ngouabi ont organisé du 17 au 18 mars à Brazzaville un colloque international d’hommage au sociologue français Georges Balandier. Dans une interview exclusive, Henri Ossebi, président du comité scientifique dudit colloque et vice-président de l’Association Géopolitique Africaine a indiqué que Georges Balandier est le prototype de l’intellectuel humaniste.   

Les Dépêches de Brazzaville : Monsieur le ministre, pourquoi avez-vous pensé à organiser un colloque d’hommage au Pr Georges Balandier à Brazzaville ?

Henri Ossebi : D’abord, parce qu’il est de tradition, dans le monde universitaire, de célébrer scientifiquement de leur vivant, si possible, et surtout à leur disparition, les universitaires qui se sont distingués par leur production scientifique. Leur légitimité s’en sort renforcée et leur notoriété confirmée. Egalement parce qu’il m’était difficile, à l’annonce de sa mort, d’endiguer la remontée des souvenirs qui me rattachent personnellement à Georges Balandier, en me plongeant, à distance, pendant quarante-huit heures au moins, dans un profond chagrin. Enfin, parce que, en ces temps de doute social et de profondes mutations des comportements collectifs, notre pays en général et Brazzaville en particulier, me semblent avoir besoin de susciter régulièrement des interrogations de qualité sur la marche du temps.

LDB : Vous êtes vous-même sociologue de formation et enseignant à l’Université Marien- Ngouabi, avez-vous personnellement connu Georges Balandier et qui était-il ?

H.O : Oui, assurément oui. J’ai évoqué, de manière plus précise dans un numéro récent de la revue Géopolitique Africaine, au lendemain de la mort de Georges Balandier, les circonstances et la trajectoire de mon commerce universitaire avec lui, de 1972 à 1982, date de mon retour au pays et de mon recrutement à l’Université de Brazzaville, après avoir soutenu, en Sorbonne, avec succès et sous sa direction, ma thèse de Doctorat en sociologie. Je l’ai ensuite côtoyé au sein du bureau de l’Association internationale des sociologues de langue française pendant deux mandats. J’ai notamment participé au Colloque de Cerisy, qui lui était dédié. Sur un plan plus personnel, je l’ai dit ailleurs, Georges Balandier était le prototype même de l’intellectuel humaniste, fin, érudit, sans arrogance et charismatique. Il débutait toujours nos entretiens par des mots en lingala ou en kikongo, prenait des nouvelles de l’actualité congolaise et me taquinait souvent sur l’analyse des situations politiques africaines parce qu’il me savait militant de l’AEC et de la FEANF.  Dans les milieux intellectuels parisiens où il était très introduit et respecté, sans en épouser les coquetteries, sa plume élégante et racée lui valait la considération de ses pairs autant que de ses étudiants ou assistants.

LDB : Quelles sont les différentes activités prévues pendant ces deux jours ?

H.O : De façon classique, le Colloque va s’organiser en débats, matin et après-midi autour de quatre panels, ayant chacun une thématique : « l’Homme et l’œuvre », « Le Congo dans l’œuvre de Georges Balandier », « Georges Balandier théoricien du social », et « Georges Balandier analyste du politique ». Les intervenants sont censés avoir la maîtrise des ouvrages, articles et travaux de référence de l’auteur en choisissant l’un ou l’autre thème pour placer leurs communications, le public invité gratuitement pouvant réagir à tout moment dans les débats. L’abondante production scientifique de l’auteur prédispose à cette gourmandise intellectuelle, au-delà   des « classiques » que sont devenus les titres de jeunesse de Georges Balandier tels que : « Afrique Ambigüe », « Sociologie Actuelle de l’Afrique noire », « Sociologie des Brazzavilles Noires », « Anthropologie Politique » etc… Certains de ces ouvrages ont été acquis par les organisateurs pour être vendus à la demande, d’autres seront offerts gracieusement aux bibliothèques de la place.

LDB : Que vise ce colloque ?

H.O :Je crois l’avoir déjà dit, honorer scientifiquement le travail pionnier de ce grand penseur qui a révolutionné en son temps la lecture ethnologique des situations africaines  sous domination coloniale,  revisiter ses méthodes et sa théorisation du social en les soumettant à l’épreuve du temps et enfin, essayer de déboucher sur des conclusions susceptibles de renforcer  les capacités de gouvernance ou d’intervention sur notre propre société, confrontée aujourd’hui à des dynamiques inédites sous la double influence, comme il le dirait lui-même , du « dedans » et du « dehors » .

 

Roger Ngombé

Légendes et crédits photo : 

Henri Ossebi, président du comité scientifique du colloque international d’hommage au sociologue français Georges Balandier

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