Hôpitaux publics : les pas hésitants de l’Administration de Kinshasa dans la résolution de la crise

Mardi 22 Août 2017 - 19:43

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Porté à la tête du ministère provincial de la Santé, Dominique Weloli, a pris ses fonctions à une période difficile pour la ville de Kinshasa qui est confrontée depuis un certain temps à une radicalisation du mouvement d’arrêt de travail des médecins. Ces derniers réclament toujours le paiement de leurs primes de risques. Faute d’obtenir gain de cause auprès du gouvernement central, les médecins frondeurs ont décidé de passer à la vitesse supérieure en suspendant carrément le service minimum et le service de garde.

Cette tempête dans le secteur hospitalier public n’a pas empêché la cérémonie de présentation du nouveau ministre provincial chargé du secteur. Si le dossier semble visiblement dépasser la ville, les autorités provinciales ne s’avouent pourtant pas vaincues. Avec les politiques des petits pas, elles espèrent convaincre les médecins grévistes de restaurer au moins le service minimum. La cérémonie officielle de présentation du nouveau ministre provincial chargé de la Santé, Affaires sociales et Communication était prévue à l’Hôpital général de référence, devant le personnel et agents de santé jusque-là en grève. Il y avait surtout une certaine connotation particulière à cette cérémonie.

En effet, ce face-à-face n'a pas manqué de susciter des réactions à la fois d’optimisme et d’inquiétude. Pour cause, Kinshasa n’a pas ménagé ses efforts pour contribuer à la résolution de cette crise, sans succès. Mais la situation est grave dans les institutions hospitalières publiques de la capitale et même celles érigées sur l’étendue du territoire national. Des sources indépendantes renseignent que les malades sont abandonnés à leur triste sort. Interrogé par la rédaction, Roberte Tshiama a relaté sa triste expérience : « J’ai perdu ma fille deux jours après sa naissance. L’enfant est né avec du paludisme. Pourtant, j’étais dans un grand hôpital de la place. Le médecin n’a pas fait les examens nécessaires sur l’enfant avant d’autoriser ma sortie. On s’est empressé à me demander de partir et le drame est arrivé à la maison. Mon bébé est mort », explique-t-elle.  

Devant ce témoignage et tant d'autres recueillis à travers la ville, la question de la grève des médecins et surtout la situation d’impasse actuelle préoccupe au plus haut point nombre d’observateurs. La tension reste à son niveau le plus élevé au sein de la corporation des praticiens de la RDC qui continuent à suivre le mot d’ordre lancé par leur intersyndicale. Même si cette cérémonie de l'ex-Mama Yemo s’inscrit dans le cadre strict de la présentation d’un nouvel officiel au personnel médical, beaucoup espèrent que cette rencontre soit la première d’une longue série pour ne pas abandonner les malades à leur triste sort. La question de la grogne des médecins devra certainement s’inviter dans les discussions prochaines entre l'administration provinciale et le corps médical, actualité oblige. En tout cas, la démarche de l’actuel ministre provincial vise à apaiser les esprits et souligner l’importance de la dimension humaine dans cette crise qui reste légitime. Certainement, ce cadre de carrière dans la gestion des ressources humaines sera tenté de demander la reprise du service minimum. Trouvera-t-il les mots pour décrisper la crise ? Rien n’est acquis, du moins à ce stade.

Laurent Essolomwa

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