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Hortense Kavungu-Kumbi : la couture est un métier qui nourrit son homme

Dimanche 2 Mars 2014 - 22:45

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Encadreuse de la jeunesse et responsable de l’atelier de couture Tensia installé au quartier Banunu, dans la commune de Matete, cette styliste conseille aux jeunes d’apprendre la coupe et couture et d’aimer ce métier

Hortense Kavungu-Kumbi ©DRLes Dépêches de Brazzaville : Êtes-vous une styliste ou une modéliste ?
Hortense Kavungu-Kumbi : Je suis une styliste dans la haute couture parce que je crée des modèles et je les couds moi-même. Cela, à l’opposé de la modéliste qui conçoit des modèles qui sont confectionnés par d’autres personnes.

Cela fait combien de temps que vous êtes dans ce métier ?
J’ai mon propre atelier depuis seize ans déjà. Mais j’ai commencé à coudre alors que j’étais élève au lycée technique professionnel Bomengo à N’Djili, où j’ai appris la coupe et couture. Déjà, à ce moment-là, j’étais capable de coudre des habits qui m’étaient confiés par mes clientes, à leur grande satisfaction.

Qu’est-ce qui vous a motivée pour suivre cette voie ?
Depuis ma plus tendre enfance, j’aime la couture et je me suis disposée à en faire mon gagne-pain. J’ai également été guidée par des aînées. C’est pour renvoyer l’ascenseur que j’ai décidé d’encadrer les jeunes.

Y a-t-il un secret que l’on doit connaître pour exercer ce métier ?
La couture est un métier qui nourrit son homme, je vais dire la femme pour ce qui est de mon cas. Le secret ? Il faut savoir créer. Mais il faut également avoir différentes sortes de machines en vue d’assurer son indépendance par rapport aux autres. Cela permet de ne pas avoir à tout moment recours aux autres et de gagner en temps. Il faut également avoir un comptoir fourni en articles de couture. Cela est également un atout important, car il permet de s’approvisionner sur place.

Quelles sont les conditions que les jeunes sont censés remplir pour espérer bénéficier de votre encadrement ?
Nous encadrons deux catégories de jeunes. La première est constituée de celles et ceux qui n’ont pas appris la couture à l’école. Alors que l’autre est composée de celles et ceux qui sortent des écoles de formation technique et professionnelle. À chaque catégorie, il y a des indications particulières parce que les uns ont déjà une base alors que pour les autres, on doit tout leur apprendre, même la façon de tenir les ciseaux ou de s’asseoir devant la machine. À ceux qui viennent des écoles de formation en coupe et couture, nous apprenons ce qui n’avait pas été enseigné à l’école, notamment les motifs de coupe. Mais sur les conditions, nous exigeons un minimum de savoir et de savoir-être. Le savoir-faire, c’est nous qui le façonnons.

Comment alliez-vous vos responsabilités de mère de famille et celles de styliste ?
Je m’arrange pour remplir mes devoirs de mère de famille le matin avant de sortir pour continuer et finir le soir, après mon « service ». Déjà, à partir de six heures, je m’attelle à mes activités domestiques. Je fais tout pour réaliser une bonne partie de mes tâches domestiques journalières. Je quitte la maison vers sept heures trente minutes pour rejoindre mon lieu de travail, mon atelier. Toutefois, il y a quelqu’un qui s’occupe des autres aspects pendant mon absence. À mon retour, le soir, vers dix-huit heures trente minutes, je me donne le temps de vérifier l’exécution des tâches que j’avais confiées à celles qui gardent la maison pendant mon absence.

Comment ressentez-vous la présence des hommes dans la couture ?
Je ne suis pas une féministe. Je trouve normal qu’un homme se lance dans la couture même quand il se spécialise dans les habits pour dames. Je ne m’en offusque nullement. Je me dis que l’on ne peut se lancer dans un métier que selon ses capacités. C’est dans cette optique que je conseille à mes élèves, ou apprenants, de se lancer soit dans la couture dame, soit encore dans la couture homme, selon leurs capacités. Personnellement, je suis plus à l’aise dans la couture dame, mais je conçois et couds également des habits, notamment des chemises pour hommes.

Avez-vous un conseil à donner à la jeunesse ?
Il faut disposer de temps pour apprendre ce métier et le maîtriser. Il faut l’aimer. Mais, il faut également l’exercer, beaucoup l’exercer pour en avoir la maîtrise.

Propos recueillis par Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Hortense Kavungu-Kumbi ©DR