Huile de Palme : la grogne monte contre les agro-industriels

Jeudi 22 Décembre 2016 - 12:00

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Au Gabon et au Cameroun, la grogne est montée contre les méga-plantations d'huile de palme financées par des groupes agro-industriels asiatiques, américains ou européens, accusés de menacer les forêts du bassin du Congo après celles d'Indonésie et de Malaisie.

Cette huile artisanale pourtant très prisée dans les foyers africains, remporte la palme de la contestation une fois produite et exportée à l’échelle industrielle. « Sa production en quantité industrielle en Afrique et en Asie accélère la déforestation et le réchauffement climatique et menace la faune », accusent les défenseurs de l'environnement auprès de l'AFP.

La polémique vient de rebondir au Gabon, où la forêt recouvre 80% du territoire. Deux ONG ( Brainforest et Mighty) ont enquêté sur les activités d'Olam, un groupe agro-industriel de Singapour partenaire privilégié du gouvernement. Cette entreprise indique avoir planté 58.000 hectares de palmiers au Gabon.

« On peut estimer qu'Olam a déboisé depuis 2012 environ 20.000 hectares de forêts dans ses concessions gabonaises à Awala et Mouila. Des enquêteurs sur place ont vu et filmé des bulldozers abattant de grands arbres et sur une vaste échelle », accusent Brainforest et Mighty dans leur rapport publié mi-décembre.

Olam a avancé le chiffre de 25.000 hectares, précisant que cette superficie ne représentait que 0,1% des zones forestières du Gabon, et qu'il s'agissait de forêts secondaires hautement exploitées et dégradées. Pour sa défense, Olam vante ses apports au Gabon : 1.100 hectares de cultures vivrières; 10.922 emplois directs créés; 251 km de route... Dans leur rapport, les deux ONG redoutent que le bassin du Congo, poumon de l'Afrique, ne connaisse le même sort que les forêts de Sumatra en Indonésie et Bornéo en Malaisie.

Au Cameroun, dans la région du Sud-Ouest, 244 fermiers ont porté plainte pour « violation de propriété » contre la Sustainable Oils Cameroon (SGSOC), ex-filiale de la société américaine Herakles Farm qui entend planter 20.000 hectares de palmiers à huile. En soutien aux 244 paysans en lutte, Greenpeace demande à Yaoundé de ne pas renouveler la concession provisoire de la SGSOC, expirée depuis fin novembre. L'ONG veut « mettre fin à six ans d'exploitation forestière illégale, de mépris des droits des communautés locales, d'investissements non réalisés et de destruction de la forêt ».

Près de Douala, dans la Sananga maritime, les riverains ont en ligne de mire la plantation Socapalm, filiale de Socfin holding luxembourgeoise, dont le capital est détenu à 39% par le groupe français Bolloré. « Plus de 5.000 hectares qu'ils utilisent ! Il n'y a même pas d'endroits pour faire les champs de manioc. On mange quoi ? », dénonçait un riverain, Ebeneser Ekango.

Greenpeace indique avoir mené des enquêtes en République démocratique du Congo, à Sao Tomé-et-Principe, au Cameroun et au Liberia, démontrant que les concessions de la Socfin incluaient des forêts primaires, mais aussi des forêts secondaires stockant d'importantes quantités de carbone. Début décembre, Socfin publie enfin une politique zéro déforestation, avec des engagements pour la préservation des zones forestières et des tourbières, ainsi que l'exigence du consentement libre, préalable et informé des populations locales.

Josiane Mambou Loukoula

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