Opinion

  • Le fait du jour

Ils vont encore laisser faire les autres

Samedi 1 Juillet 2017 - 14:00

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Une fois de plus, pour les élections législatives et locales du 16 juillet, une partie de l’opposition congolaise sera absente. Comme il y a deux ou trois échéances en arrière, elle a décidé de ne pas concourir, laissant la place à d’autres, alors même que le message qu’elle porte concernant l’amélioration du processus électoral ou de la gouvernance publique gagnerait à être amplifié à l’Assemblée nationale et dans les Conseils municipaux et départementaux si ses élus, minoritaires soient-ils, pouvaient y siéger.

Ce que cette opposition, dans ces prises de position pour le moins radicales, semble perdre de vue est le fait que sans tambour ni trompette, le renouvellement de la classe politique est en cours dans le pays. Pour cela, les anciens, nantis d’une longue expérience seraient plutôt mieux inspirés d’accompagner ce processus en soutenant les jeunes qui ambitionnent de prendre la relève. Auquel cas, ils risqueraient d’être poussés dehors, pacifiquement sans doute mais en apparence irrémédiablement, d’autant que la pression venant de cette couche de la population se fait forte et insistante. Ces jeunes sont en effet à la demande et nombreux d’entre eux commencent à comprendre que se mettre à la remorque d’hommes et de femmes qui dominent la scène nationale depuis temps non prescrit, au point d’en scléroser les arcanes par des débats de personne est du temps perdu.

On voit bien, en effet, que depuis la rude bataille pour le référendum du 25 octobre 2015 suivie de celle de la présidentielle du 20 mars de l’année dernière, quelques jeunes qui étaient aux avant-postes de la contestation regardent ailleurs. Ce n’est pas nécessairement parce qu’ils auraient été « corrompus » par le pouvoir comme on l’a entendu souvent dire, mais certainement faute d’avoir trouvé un terrain d’entente avec ceux qui, anciens par l’âge et par le séjour dans l’arène politique, ne paraissent plus avoir une lecture renouvelée des enjeux de ces temps-ci. Au contraire, ils se satisfont d’un jeu de com nourri d’invectives qui emballe les médias à sensation.

La question que l’on est en droit de se poser, au regard du repli sur soi de certains acteurs politiques congolais est de savoir quel rapport ont-ils aux changements qui se produisent sous leurs yeux ici et ailleurs ? À la tête de leurs formations politiques depuis un quart de siècle pour la plupart, ils n’envisagent guère d’accorder un peu de place à une moindre alternance interne. Ils semblent d’ailleurs avoir réussi le coup de réduire l’apport de leurs militants à la vie des partis qu’ils commandent à la seule participation de ces derniers aux conférences de presse qu’ils animent de temps en temps, et dans lesquelles, souvent, les « pauvres » journalistes sont chahutés au motif qu’ils poseraient des questions qui les dérangent.  

Au sortir des élections législatives de 2002, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale, au pouvoir entre 1992 et 1997, se retrouva dans l’opposition. Avec seulement quatre députés à l’Assemblée nationale, ce parti ne contribua pas moins à l’enrichissement du débat parlementaire au sein de la chambre basse. Mais le bouillant quartet de 2002 parvenait à sortir les membres de la majorité présidentielle de leurs gongs, et réservait au gouvernement le plus chaud des échanges quand celui-ci était interpellé pour une question orale avec débat.  

À cette époque, la roue de l’histoire ne s’arrêtant jamais, certains de ceux qui boycottent les présentes élections émargeaient à la majorité ; d’autres évidemment étaient toujours là où ils sont, dans l’opposition extraparlementaire. Alors qu’hier comme aujourd’hui, ils ont de bonnes idées à partager dans le cadre approprié de l’Assemblée nationale et des conseils locaux.

Gankama N'Siah

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Le fait du jour : les derniers articles