Immigration : Cécile Kyenge appelle l’Europe à ne pas laisser l’Italie seule

Jeudi 13 Juillet 2017 - 18:15

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Avec plus de 100.000 migrants débarqués sur ses côtes depuis janvier, l’Italie demande à être soulagée de ce poids.

Même le sommet tripartite de Trieste de mercredi dernier ne semble pas avoir décidé l’Europe à venir en aide à l’Italie, seule depuis une décennie face aux flux des migrants venant de Libye. France et Allemagne ont assuré de leur solidarité avec l’Italie, mais Rome regrette que cela ne soit pas allé au-delà des mots et des postures de convenance. « L'Italie a fait et continuera à faire sa part dans les secours et l'accueil. Mais elle se bat dans le même temps pour que la politique migratoire ne soit pas confiée à quelques pays seulement et qu'elle soit partagée par toute l'Union européenne », a toutefois estimé Paolo Gentiloni, le Premier ministre italien.

Dans la péninsule domine ces derniers jours une sorte de ras-le-bol. Les populistes qui surfaient sur le sentiment anti-immigré sont désormais rejoints par l’ensemble des acteurs politiques qui, à gauche comme à droite, n’hésitent plus à enfourcher même le lexique du politiquement incorrect. L’ancien Premier ministre Matteo Renzi semble avoir délaissé le langage compassé et humaniste pour réaffirmer qu’il faut, décidément, empêcher les Africains, une majorité de migrants, d’arriver. « Il faut les aider dans leurs pays », a-t-il martelé comme un mantra durant le week-end dernier.

Des personnalités de grand calibre se sont ensuite employées à jouer à la voiture-balai pour « clarifier » et chercher à atténuer la brutalité du propos. Pour Cécile Kyenge Kashetu, eurodéputée d’origine congolaise (RDC) et ancienne ministre italienne de l’Intégration, il faut penser au futur. « Le problème ce n’est pas maintenant, c’est demain », estime-t-elle. « Nous avons besoin de solutions, et nous en avons besoin tout de suite ! On ne peut pas laisser l’Italie toute seule en une période comme celle-ci », a-t-elle dit en allusion à la reprise des débarquements des migrants revigorés par le beau temps chaud et sans orage dans la météo du sud de l’Europe.

Pour elle, « le problème des flux migratoires est un phénomène structurel, à maîtriser et non pas à arrêter. Il appelle la combinaison de politiques et instruments de bref, moyen et long rayons » dans la logique de « l’approche globale sur l’immigration » prônée par la commission européenne l’an dernier et dont elle été la porte-parole. Mais elle ne s’est pas contentée de décrire l’apocalypse : « en tant qu’Italienne, je suis fière du travail sans fin que continue d’abattre nos gardes-côtières au large de nos côtes en sauvant des vies d’hommes et de femmes (de migrants). En cela, ils comblent les lacunes du système commun européen », a-t-elle déclaré.

Lucien Mpama

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