Immigration : un des Parlements libyens rejette l’accord avec l’Italie

Mercredi 8 Février 2017 - 18:02

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Nul et non avenu : l’accord passé par la Libye (Parlement de Tripoli) avec l’Italie ne plaît pas à celui de Tobrouk. Imbroglio.

S’il y avait besoin d’une preuve pour souligner la complexité de la situation en Libye, la dernière déclaration du « parlement » de Tobrouk, à l’est du pays, en donne une preuve éclatante. Ce Parlement a rejeté mercredi l’accord signé par le gouvernement d’unité nationale siégeant à Tripoli avec l’Italie pour endiguer les flux migratoires. Cet accord a été signé le 1er février dernier à Rome, entre le Premier ministre italien, Paolo Gentiloni, et son homologue du gouvernement d’union nationale libyen, M. Fayez al-Sarraj.

L’accord vise à renforcer la lutte contre l’immigration clandestine qui provient d’Afrique sub-saharienne et même d’Asie, traverse la Libye et s’entasse dans des bateaux de fortune pour une traversée périlleuse de la Méditerranée vers l’Italie (300 kilomètres de mer : 5000 noyés l’an dernier !). Les efforts italiens se portent vers la restauration à la fois de l’unité de la Libye mise à mal par la mort du colonel Kadhafi en 2011 et son autorité au moment où ce territoire devient la terre d’implantation de l’organisation de l’Etat islamique.

Djihadisme et immigration sont devenus des menaces et posent des questions politiques peu faciles à résoudre, politiques et humanitaires. Mais pour le Parlement rival libyen établi à Tobrouk, cet accord est « nul et non avenu » car, estime-t-il, le Premier ministre Fayez al-Sarraj et les institutions qu’il dirige n’ont « aucune légitimité ». Pour lui, aucune obligation morale ou politique n’autorise à se laisser lier par un tel engagement.

« Des dossiers comme celui de l'immigration clandestine sont parmi les questions cruciales (qui doivent être décidées) par le peuple libyen par l'intermédiaire des députés démocratiquement élus », a indiqué le Parlement de Tobrouk. Il faut dire qu’un aspect de l’accord de Rome n’est pas pour susciter l’enthousiasme chez n’importe quel libyen. Parce qu’il est indiqué que les migrants qui seront interceptés dans la tentative de gagner l’Europe seront refoulés… vers la Libye. Pas un cadeau !

A rappeler que le gouvernement d’union de Tripoli (GNA), le seul que reconnaît la communauté internationale, fut mis sur pied grâce à une entente arrachée aux forceps aux protagonistes libyens réunis en décembre 2015 à Skhirat, près de Rabat, au Maroc. Le GNA assure qu’il n’a jamais donné son accord au rapatriement en Libye des migrants refoulés. Il gère les affaires courantes mais peine à asseoir son autorité à l'échelle de toute la Libye, notamment dans l'est.

Lucien Mpama

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