Importations alimentaires: l’Afrique atteindra 110 milliards $ d’ici à 2030 sans une alternative crédible

Lundi 23 Octobre 2017 - 15:18

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Un cauchemar pour la Banque africaine de développement (BAD) qui ne jure plus que sur la nécessité d’instaurer finalement un impôt assez spécial devant s’appliquer sur les terres agricoles africaines non exploitées. L'idée générale est d'arriver ainsi à déverrouiller le potentiel agricole.

 Une telle initiative devrait contribuer à relancer un débat sur les vastes étendues arables en état d'abandon dans un pays comme la République démocratique du Congo (RDC). En effet, toutes les démarches pour leur mise en valeur se sont heurtées jusque-là au refus catégorique de leurs propriétaires. Finalement, le prix des produits alimentaires pour couvrir les besoins mensuels dépasse largement les revenus de la famille.

 La BAD vient donc de tirer la sonnette d’alarme sur l’urgence d’une "action rapide et efficace" pour enrayer une tendance grandissante aux importations alimentaires dans la région. Ce phénomène n’est donc pas que congolais, a affirmé un expert interrogé par notre rédaction. Lors de sa dernière sortie médiatique sur le sol américain sur le thème "Parier sur l'Afrique pour nourrir l'Afrique", le président de cette institution panafricaine, Akinwumi Adesina, s'est ouvertement offusqué  de cette situation peu reluisante pour l'Afrique. Selon lui, les importations alimentaires africaines devraient franchir la barre des 110 milliards de dollars américains USD au cours des 13 prochaines années. Il s’agit, a-t-il martelé, d’une situation paradoxale au regard de la vocation agricole de l’Afrique. Sur le terrain, cela donne à la  fin des chiffres effrayants : 35 milliards de dollars américains US par an en importation de produits alimentaires dans un continent où se trouvent 65 % des terres arables de la planète, s’est-il indigné. Il se pose donc un problème sérieux à ce niveau.

Par ailleurs, dans sa réflexion, Akinwumi Adesina a estimé que l’agriculture africaine va déterminer l’avenir de l’alimentation dans le monde. D’où l’urgence de recourir à des méthodes fortes pour casser la léthargie actuelle. Il s’est dit convaincu que l’impôt sur les terres agricoles non exploitées ou sous-exploitées pourra inciter davantage les pays de la région à commercialiser plus rapidement leurs produits agricoles. À plus long terme, il faut espérer un véritable déverrouillage du potentiel agricole africain.

La RDC, un des pays au rouge

Selon les chiffres officiels, la facture des importations alimentaires est très salée. En effet, le pays importe pour 1,5 milliard de dollars USD de produits alimentaires chaque année. Cela occasionne, bien entendu, d’importantes sorties de devises étrangères dans une économie extravertie et fragilisée à cause de la chute des recettes minières. L’intensification de la production agricole vivrière apparaît comme une piste intéressante pour atteindre l’autosuffisance alimentaire en denrées de base à court terme. Pour le pays, le défi des défis sera d’assurer la diversification de la production agricole. Afin d'arriver à relever un pareil défi, l’électrification se positionne déjà comme une des nombreuses questions vitales. Pour s'en convaincre, 55 à 65 % des produits post-récoltes sont détruits en RDC par manque de techniques de conservation améliorées et non par surplus de production. En dehors de l’électricité, il y a le transport qui représente jusqu’à 60 % du prix de vente final d'un produit agricole.

Recentrer le débat

Lors des dernières assemblées annuelles de la BAD en mai 2017, les 3 000 participants à ces assisses, dont les délégués de la RDC, ont examiné plusieurs options stratégiques possibles pour la transformation de l’agriculture. Sur ce point, l’expérience indienne continue à inspirer le pays et, à plus grande échelle, l’Afrique. L’inde a réussi sa "révolution agricole" qui lui permet de donner de la nourriture de qualité à chaque citoyen. Cette importante réforme a concerné la prise du sol, les espaces arables et la transformation des produits agricoles, permettant ainsi de réaliser l’autosuffisance alimentaire et surtout d’exporter. Cependant, ont estimé les participants aux assemblées annuelles de la BAD, rien n'aurait pu marcher sans la sécurité énergétique et l’électrification ainsi qu’une bonne éducation, un accès aux soins de santé et le développement des talents. Dans une échéance très proche, d’ici à 2025 plus exactement, l’Afrique et la RDC en particulier pourront devenir des exportatrices nets des produits agricoles.

Laurent Essolomwa

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