Incendie de l’entrepôt de la Céni : près de 10% du matériel électoral destiné à Kinshasa parti en fumée

Jeudi 13 Décembre 2018 - 14:15

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En attendant les conclusions de l’enquête en cours, le gouvernement privilégie, d’ores et déjà, la piste criminelle.

L’incendie ayant ravagé le principal entrepôt de la Centrale électorale situé sur l’avenue Forces armées (ex-Haut commandement), dans la nuit du 12 au13 décembre, défraie la chronique politique dans le pays. Le constat fait sur place par les autorités ainsi que par les responsables de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) est alarmant, au regard de l’importance des dégâts. A en croire le ministre d’Etat en charge de l’Intérieur et sécurité, Henri Mova Sakany, c’est près de 10% du matériel électoral destiné à la ville de Kinshasa qui est parti en fumée. D’autres sources font état de plus ou moins sept mille machines à voter, urnes et isoloirs qui seraient calcinés. Le feu a consumé presque tout l’entrepôt, dévastant tout sur son passage. Une situation qui risque d’impacter dangereusement la tenue des scrutins dans la ville de Kinshasa.

Conscients du doute qui tend à s’installer de plus en plus dans le chef des Kinois dont plusieurs ne croient plus en la tenue des scrutins le 23 décembre, Henri Mova s’est voulu rassurant. « Ce qui est sûr c'est que les scrutins seront tenus le 23 décembre, cela au moins, on peut rassurer la population, on se battra pour que ça se passe », a-t-il indiqué, à la suite du rapporteur de la Céni, Jean-Pierre Kalamba, qui a martelé sur la disponibilité des solutions de rechange dont dispose son institution. Il a poursuivi que le gros du matériel destiné aux vingt-cinq provinces n’étant plus à Kinshasa au moment où s’est déclaré l’incendie, le processus électoral va poursuivre son cours normal jusqu’à la tenue effective des élections le 23 décembre.

Qu’est-ce qui s’est réellement passé ? En tout cas, pour l’heure, il est difficile de déterminer l’origine de l’incendie. En attendant les conclusions de l’enquête ouverte à ce sujet, le gouvernement privilégie, d’ores et déjà, la piste criminelle. « Le feu a eu deux points de départ. Ce qui laisse à penser que la simultanéité a été voulue. Donc, on pense à un incendie d'origine criminelle mais on ne sait pas l'affirmer avec certitude en ce moment », a déclaré Henri Mova après inspection du lieu de l’événement. Les prochains jours nous en diront davantage.  

Le FCC et Lamuka se rejettent la balle

Qui est derrière ce crime ? La question taraude bien des esprits. Entre l’opposition et le pouvoir, le moment est bien trouvé pour se lancer des pics. Chaque camp voit la main noire de l’autre. « Vous avez entendu les gens qui ne voulaient l'une ou l'autre donnée du processus électoral, les uns étaient contre la machine à voter, c'est justement ces machines qui ont brûlé », a lancé Henri Mova comme pour orienter l’enquête dans une certaine direction. Plus direct et tranchant, Néhémie Mwilanya, le coordinateur du Front commun pour le Congo (FCC) a, dans un communiqué engageant sa plate-forme, accusé le candidat de la coalition Lamuka à la présidentielle d’être derrière cet incendie. Martin Fayulu, du point de vue du FCC, a toujours fait l’apologie de la violence et ses attaques systématiques n’ont pour socle que les appels répétés à la destruction du matériel électoral de manière à empêcher la Céni d'organiser les scrutins prévus le 23 décembre. Dans son communiqué, le FCC condamne la « politique de violence et de terre brûlée » du candidat de Lamuka « dont les premiers dégâts sont aujourd’hui déplorés ». Ce qui est arrivé à l’entrepôt de la Céni procéderait, d’après le FCC, « d’un projet bien planifié tendant à entraver le processus électoral en cours et à saper l'investissement politique de tout un peuple ».

Deux jours plus tôt, Pierre Lumbi Okongo, directeur de campagne de Martin Fayulu, avait accusé le pouvoir de planifier l’arrêt du processus électoral. Pour lui, constatant les adhésions massives des Congolais au programme de Martin Fayulu qui, à la faveur de la campagne électorale, s’est forgé une stature nationale, le pouvoir aux abois se rend compte que même avec la machine à voter, il devient difficile de tripatouiller les résultats des urnes. De ce point de vue, estime ce cadre de Lamuka, le FCC serait en quête d’une voie de sortie qui passerait par le chaos pour justifier le projet de décréter un État d’urgence qui enverrait les élections aux calendes grecques.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Une vue partielle du bâtiment en feu

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