Incendie du siège du PND à Lubumbashi : les proches de Katumbi y voient la main du pouvoir

Samedi 2 Juin 2018 - 15:39

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Le siège du parti politique de Salomon Idi Kalonda Della, l’un des proches collaborateurs de l'ex-gouverneur du Katanga, a été vandalisé dans la matinée du1er juin.

A six mois des élections prévues en décembre, les conditions pour des scrutins apaisés tendent à devenir une vue d’esprit. La décrispation politique à laquelle sont conviés les acteurs, à la lumière de l'accord de la Saint-Sylvestre, est mise à mal à cause de l'intolérance qui s’observe sur l’arène politique. Le dernier fait en date qui a ému plus d’un est l’incendie, le 1er juin à Lubumbashi, du siège Parti national pour la démocratie et le développement (PND) de Salomon Idi Kalonda Della, un des proches collaborateurs de Moïse Katumbi. Aucune perte en vie humaine n’a été enregistrée, par contre, des dégâts matériels sont importants, confirment des sources. Le portail ainsi que la clôture du siège ont été sérieusement endommagés par la flamme qui a tout ravagé au fur et à mesure qu’elle se propageait à l'intérieur du bâtiment.

D’après des témoins, c’est aux petites heures de la matinée que le forfait aurait été commis. Plusieurs témoins interrogés parlent des militaires qui auraient fait irruption sur les lieux avec l'intention de vandaliser le siège du PND. Un témoin ayant suivi la scène de près à partir de chez lui confirme avoir vu deux jeeps militaires avec des jeunes arborant des T-shirts du PPRD forcer la barrière, faire fuir les sentinelles avant de réaliser leur sale besogne à leur aise. « Ils ont pris le temps de placer les pneus, de les couvrir d’essence et de mettre le feu. Franchement, toute l’opération a pris plus de trente minutes. Quand des voisins ont voulu sortir, les militaires ont tiré en l’air pour bien faire comprendre qu’ils ne devaient pas s’en mêler », a-t-il ajouté.

Tous les témoignages se recoupent autour de l’implication supposée du parti présidentiel, ou mieux, de la majorité présidentielle qui, par cet acte, tiendrait à réduire au silence tous les proches de Moïse Katumbi en distillant la peur dans leur chef.

Aussi curieux que cela puisse paraître, cette attaque est survenue moins de vingt-quatre heures après l’arrivée du chef de l’Etat à Lubumbashi où il est allé inaugurer une série de bâtiments publics et lancer à Kasumbalesa les travaux de construction du port sec de l’Ogefrem. Pour maints observateurs, une telle attaque ne pouvait se commettre d’autant plus que l’arrivée de Joseph Kabila dans la ville avait entraîné un renforcement des mesures sécuritaires. En plus, le fait que le gouvernorat du Haut Katanga et la résidence officielle du chef de l'Etat se trouvent presque dans les périmètres pouvait dissuader tout incivique à commettre une telle bévue au risque d’être appréhendé. Que les assaillants aient tout de même trouvé le temps de réaliser leur opération fait penser qu’il y a anguille sous roche. D’où les soupçons qui pèsent sur le parti présidentiel, présenté à tort ou à raison comme le principal commanditaire de cette opération commise curieusement dans un des quartiers les plus sécurisés de Lubumbashi.  

Pour les « Katumbistes », il ne fait aucun doute que c’est leur leader qui était visé. Une façon, dit-on, de le contraindre à renoncer à son ambition de concourir à la présidentielle en surfant notamment sur les émotions et la psychose autour de lui. Loin de l'abattre, affirment ses collaborateurs, cette attaque l’a davantage raffermi dans son combat pour l’alternance. De Bruxelles où il se trouvait l'ex-gouverneur du Katanga a réagi en ces termes : « Ils peuvent incendier mon effigie mais ils ne parviendront jamais à brûler mes idées. Ils ne nous feront pas céder avec ces actes de voyous. Notre combat est juste et le peuple est de notre côté ».

Les pro Katumbi réclament, d’ores et déjà, l’ouverture urgente d’une enquête afin d’établir les responsabilités et sanctionner les coupables.      

Alain Diasso

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