Incidents de Bukavu : Vital Kamerhe et Marcellin Chisambo se rejettent la responsabilité

Samedi 22 Février 2014 - 13:45

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Quant au bilan des émeutes, certains évoquent le chiffre de vingt blessés et d’autres  quarante-sept blessés parmi lesquels vingt-quatre civils, vingt et un policiers et deux cadres de l’UNC grièvement blessées.

Les incidents survenus le 20 février à Bukavu lors du meeting annulé de Vital Kamerthe sur fond de dispersion des manifestants à la place de l’Indépendance continuent d’alimenter la chronique de ces dernières heures. Alors qu’à Nyrangongo, Goma, Beni et Butembo où il est passé, rien de tel n’a été déploré, son itinérance a cependant été gâchée à l’étape de Bukavu, son fief. Déjà la veille, le maire de la ville avait, dans un communiqué diffusé sur l’antenne provinciale de Radio télévision nationale congolaise (RTNC) et à la Radio Maendeleo, annoncé la décision de l’autorité provinciale de délocaliser la manifestation de l’UNC de la place de l’indépendance au stade de la Concorde dans la commune de Kadutu. Les travaux de réhabilitation en cours effectués sur le site étaient brandis comme justification à cette décision qui ne rencontrait nullement l’assentiment des responsables de l’UNC. Ces derniers avaient vite rejeté la décision estimant que le stade de Kadutu ne pouvait contenir tous leurs partisans qui pouvaient facilement aller autour de dix mille personnes voire plus !

C’est sur ces entrefaites que l’UNC a pris le pari de défier l’autorité provinciale en se présentant sur la place de l’Indépendance hyper sécurisée par des éléments de police. Arrivé à Bukavu à 16h30, Vital Kamerhe a été transporté en « Tipoyi », une chaise traditionnelle, de l’aéroport de Kavumu à la place de l’Indépendance bondée de monde et aux couleurs de l’UNC. Des taxis-motos ont été également mis à contribution à grand renfort des klaxons, signe que le temps était à la fête. C’était sans compter avec la détermination du gouverneur du Sud-Kivu Marcelin Chisambo qui tenait à faire respecter la décision prise. Les policiers qui campaient sur le lieu ont dû utiliser de gros moyens pour disperser la foule compacte en ayant recours aux gaz lacrymogènes. Dans la débandade, des inciviques en ont profité pour piller des magasins et boutiques situés dans les environs. « Hier, j’ai reçu des gaz lacrymogènes, c’était en pleine figure. J’ai vu mon assistant recevoir un coup de baïonnette. La dame qui était à côté a attrapé une balle », a commenté plus tard Vital Kamerhe dont certains affirment l’avoir vu tomber de sa chaise avant d’être évacué par la police.

Entre le président de l’UNC et le gouverneur du Sud-Kivu, la polémique est de plus vive, l’un et l'autre se renvoyant la balle quant à ce qui est arrivé. Pour Vital Kamerhe, l’autorité provinciale n’était pas du tout prévenant en ce sens que le nombre des policiers affectés sur les lieux (près d’une quarantaine) était infime pour contenir la marée humaine qui s’est déplacée à la place de la Concorde, plus de 300.000 à 400.000 personnes selon ses dires. En outre, il qualifie de manœuvre dilatoire la délocalisation de son meeting étant donné que le stade de Kadutu était réquisitionné le même jour pour abriter un match de football et que la procédure requerrait l’introduction de la requête 48 heures avant. Et Vital Kamerhe de conclure que c’était une action planifiée par les autorités de la ville.

Pour sa part, Marcellin Chisambo accuse les militants de l’UNC d’avoir perpétré ces violations dans leur stratégie de victimisation et de provocation. Il rapporte que les partisans de Vitak Kamerhe ont lapidé la permanence du PPRD située à la place Cogeco en jetant des pneus enflammés sur le site. « Ils ont préparé leur coup depuis longtemps », a-t-il indiqué ajoutant que les coupables seront poursuivis pour qu’ils répondent de leurs actes. Concernant la relocalisation du lieu du meeting, il estime qu’il appartient à l’autorité établie, pour des raisons sécuritaires, d’imposer l’itinéraire aux manifestants comme cela se fait partout ailleurs. Quant au bilan de ces incidents, rien n’est jusque-là définitif. Certains évoquent le chiffre de vingt blessés et d’autres, quarante-sept blessés parmi lesquels vingt-quatre civils, vingt et un policiers et deux cadres de l’UNC grièvement blessées.

 

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

La place de l'Indépendance peu avant les échauffourées du 20 février