Industrie congolaise : le secteur privé toujours dans l’attente de l'application des mesures exceptionnelles

Jeudi 24 Août 2017 - 18:34

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Au cours d'une conférence de presse, le gouvernement central a réaffirmé sa détermination à mettre en œuvre les politiques économiques de portée générale pour relancer la production nationale. Sur un plan spécifique, ls autorités congolaises ont souligné l'intérêt de mettre un accent particulier sur la lutte contre la fraude. Selon la Fédération des entreprises du Congo (FEC), la RDC fait face à des importations massives frauduleuses d’une ampleur insoupçonnée qui viennent concurrencer la production nationale et les importations régulières des produits similaires.

De source pétrolière locale, l’on a appris que les importations frauduleuses des produits pétroliers en provenance de l’Angola représentent entre 30 à 40 % du marché dans la partie ouest de la RDC. Une telle situation conduit forcément à une baisse sensible du niveau d’activités des industries locales et de certaines unités de production, a estimé la FEC. Par ailleurs, certaines industries sont carrément contraintes aujourd'hui de mettre la clé sous le paillasson. L’activité économique s’en trouve ainsi gravement affecter, particulièrement dans le Kongo central. En effet, une mission gouvernementale en séjour dans la ville portuaire s’est rendu compte de l’ampleur catastrophique de la fraude économique, fiscale et douanière. Moanda et Boma, deux villes du Kongo central, connaissent des mouvements importants d’entrée illégale des produits pétroliers en provenance de l’Angola. Pire, a poursuivi la FEC, les produits pétroliers importés frauduleusement sont transportés et stockés sans aucune mesure de sécurité. Avec une fraude de cette ampleur, l’on a enregistré une baisse du volume de vente des pétroliers et des recettes publiques.

Le cas du ciment gris est évoqué cette fois avec des chiffres effrayants. Récemment, le gouvernement central a été contraint, sous la pression des cimentiers, de publier une mesure de suspension des importations de ciment pour une période déterminée dans la partie ouest du pays. La FEC a présenté des chiffres inquiétants sur l’étendue des dégâts causés par les importations frauduleuses de ciment gris. En 7 mois, la production de la cimenterie Cilu est passée d’une extrémité à une autre. Lufu et Ango Ango, célèbres marchés pirates nés aux frontières avec l'Angola, a contribué à l’entrée massive du ciment sur le sol congolais. À la fin de novembre 2015, le volume de production nationale s’est établi à 27 497 tonnes. Une année après, il est passé à 6 926 tonnes, une baisse de près de 300 %. Quant à la part de marché, la Cilu est passée de 42 à 13 % entre octobre 2015 et mai 2016. C’est une diminution de 223 % dans un intervalle de 7 mois. Terminant avec ce dernier chiffre très révélateur du malaise qui règne dans le secteur, la Cilu détenait 34,5 % de la part du marché en octobre 2015. À cette époque, Lufu et Ango Ango prisés par les commerçants de l'informel n'arrivait à peine qu'à 10 %. Pourtant, 7 mois après, en mai 2016 plus précisément, la part de Cilu est passée à 10 % tandis que celle d’Ango Ango et Lufu a grimpé à 45 %. Avec la dernière suspension gouvernementale et l’entrée en scène de deux nouvelles cimenteries, la donne est en train de changer sur le terrain. Dès le début de 2017, l’on a observé une reprise de la production locale du ciment gris. L’on situe la hausse de la production entre janvier et mai 2017 à environ 26 %, le volume global étant passé concrètement de 29 000 à 39 000 tonnes.

Se référant à ces quelques cas flagrants, la FEC a estimé nécessaire de ne pas prendre à la légère la question de la survie de l’industrie locale et de l'urgence de mettre en application effectivement des mesures efficaces pour sauver des emplois. Afin de redonner de la vigueur au secteur industriel, elle propose l’organisation rapide des états généraux sur la fiscalité et l’industrie. Par ailleurs, elle invite le gouvernement central à respecter scrupuleusement les dispositions légales et réglementaires régissant le commerce transfrontalier.

Laurent Essolomwa

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