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Industrie-il-y-a-luxation

Samedi 10 Août 2019 - 15:15

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Appelée de tous ses vœux par les pays en développement, vantée par les pays émergents, suffisamment maîtrisée, pourrait-on dire, par les pays développés, l’industrialisation, outil de croissance économique et d’amélioration des conditions d’existence de chacun, ne va pas sans de lourds inconvénients pour la planète. On lui attribue, en effet, à juste titre, la pollution des sols, des rivières et de l’air que nous respirons. Et c’est un euphémisme de dire qu’elle porte entorse à l’environnement. Non, elle le disloque comme un choc violent déboite les ligaments d’une articulation. Les experts sont unanimes pour dire qu’à terme, l’humanité en payera le prix fort.

Pour ne prendre que le seul aspect des déchets produits chaque jour par les entreprises de transformation des matières premières. Bouteilles et sacs plastiques, couches à jeter, seringues, carcasses d’engins électroniques, sont autant de corps en fin de vie qui résistent à l’usure. Mais plus ils s’amoncèlent, plus se pose le problème de leur entreposage, et de leur traitement. Le sujet a fait la une des journaux hexagonaux, la semaine dernière, lorsqu’une demi-douzaine de pays asiatiques, débouchés de prédilection de ces déchets, a récusé à l’unisson son statut de « poubelle du monde » et décidé de renvoyer à leurs expéditeurs des conteneurs entiers remplis de détritus. Citons le gros titre révélateur du quotidien français, La Croix, daté du 5 août : « L’Asie ne veut plus de nos poubelles ».

Depuis assez longtemps, retient-on, à côté de la Chine qui, juste il y a un peu plus d’une année, « importait près de la moitié des déchets recyclables mondiaux » avant d’y renoncer en janvier 2018, les pays comme la Malaisie, les Philippines, le Cambodge, l’Indonésie ou encore le Sri Lanka, ont aussi accueilli sur leurs sols des tas d’immondices expédiées des Etats-Unis, du Canada, d’Australie et de nombreux pays européens. Le problème qui s’est posé n’est pas tant celui du deal passé entre les parties. Il concerne la qualité des déchets transférés. La législation internationale n’incrimine pas l’importation de déchets, à condition qu’ils soient recyclables. Il s’avère que non seulement le fond des conteneurs envoyés en Asie n’était toujours pas constitué de matières dégradées « nobles », mais les pays d’accueil ne sont pas en capacité de les transformer faute de moyens techniques adéquats.

En raison des bénéfices qu’elles engrangent, il est certain que les industries de toutes les tailles s’activeront toujours à maximiser leur productivité et par ricochet augmenteront sans cesse les stocks indésirables. La Croix parlait avec dérision de « stocks « orphelins » de déchets en attente de transformation ». Il est aussi vrai que les pays en développement dont ceux d’Afrique, qui aspirent eux également à la prospérité au moyen de l’industrialisation amplifient les recherches dans ce domaine afin de s’assurer une certaine indépendance vis-à-vis de ceux qui les ont précédés sur ce chemin. S’il ne leur est pas donné d’exporter leurs déchets vers l’Europe, l’Amérique ou l’Asie, le mérite pourrait leur revenir de faire attention à ce que leur continent, déjà confronté à toutes sortes de calamités, ne devienne à son tour le dépotoir du monde. On observe malheureusement que bien souvent, dans de tels domaines, les pays africains agissent en vase clos. Retenons néanmoins que l’industrialisation sans limite peut être un cauchemar pour la santé publique.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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