Infrastructures: Il était une fois le pont du Djoué

Samedi 18 Août 2018 - 12:20

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La traversée de la rivière Djoué, obstacle naturel pour accéder à Brazzaville en partant de la zone sud, a pendant longtemps été problématique. Le moyen utilisé pendant des siècles a bien sûr été la pirogue, comme pour les membres de la Mission Bel en 1906 qui, partis de Brazzaville, voulurent emprunter la route des caravanes pour rejoindre Loango.

La fréquentation des lieux augmentant et les premiers véhicules à moteur faisant leur apparition - après le temps des premiers explorateurs et des missions préparatoires du tracé du Chemin de fer -, il était difficile de mettre une voiture dans une pirogue ! C’est ainsi qu’on mit en place un bac, guidé par un treuil. Les heureux colons ainsi motorisés étaient en mesure d'explorer le sud de Brazzaville, sans trop se mouiller. Une autre solution fut adoptée: la construction d'un pont en bois. Un enchevêtrement de traverses en bois vit le jour sur le Djoué, facilitant la vie des piétons et permettant, comble du luxe, d'emprunter un ouvrage à deux sens de circulation. Quelques habitations prirent pied sur la rive gauche du Djoué.

En 1931-32, une solution plus pérenne prit corps quand, dans le flot des ouvrages d'art liés au Chemin de fer Congo-Océan, fut construit un pont en béton armé, de type « Ottino », le tout premier traversant le Djoué près de son confluent avec le fleuve Congo.  Un pont similaire à celui-ci permet à la voie ferrée de traverser le Djoué à Goma Tsé-Tsé (village situé à une quinzaine de kilomètres). Ce type de construction avec une seule arche est adapté, dit-on, pour des ponts de faible portée.

Le pont tire son nom de l'entreprise Ottino à laquelle la société des Batignolles avait confié la réalisation de nombreux ouvrages d'art de la ligne du Chemin de fer Congo Océan. La conception du pont du Djoué est issue d'un bureau d'études parisien, celui des ingénieurs Pelnard-Considère et Caquot. Ce pont permet de franchir depuis quatre-vingt-six ans l'obstacle naturel que constitue le Djoué afin d'accéder à Brazzaville. Il est situé un peu avant la confluence avec le fleuve Congo.

Pour remplacer le vieux pont Ottino, étroit et peu adapté au gabarit des véhicules d'aujourd'hui, un autre pont traversant le Djoué a été construit parallèlement. Le nouvel ouvrage d'art remplace son "ancêtre" depuis 1986. On ne peut pas dire qu'il est vraiment beau...Un peu plus long, il comporte deux arches, un tablier peint en vert et des rambardes aux couleurs du drapeau congolais. 

Aujourd’hui, à l'entrée du pont, on trouve à l'ombre de bambous et de manguiers quelques fleuristes et marchandes de fruits. Leurs modestes étals présentent une diversité de fruits : mangues, avocats, oranges, etc. Quelques parasols abritent les habituelles boutiques de vendeurs de cartes d'appel téléphonique. Chose curieuse, la chaussée du vieux pont ne paraît pas goudronnée, alors qu'elle a servi pendant plusieurs décennies d'unique voie d'accès. Les herbes folles y poussent, notamment sur les bords de la piste de terre battue... Mais  le bitume est masqué sous une épaisse couche de terre poussiéreuse !

Le vieux pont, loin d’être fermé à la circulation, est principalement emprunté par les piétons. À signaler que la pirogue est toujours utilisée, aujourd'hui comme hier, pour traverser le Djoué en certains endroits, loin des tumultueux rapides qui se jettent dans le grand fleuve qui a donné son nom au pays. Mais depuis avril 2016, l’usage de la pirogue a été suspendu pour des raisons de sécurité. Les véhicules plus nombreux désormais et le trafic intense de la ville capitale réclament un ou deux autres ponts sur cet affluent du fleuve Congo.

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Photo1: le pont Ottino sur le Djoué construit entre 1931 et 1932 Photo 2: L'actuel pont du Djoué

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