Insécurité au Kasaï central : le gouvernement veut mettre définitivement fin au phénomène Kamuina Nsapu

Lundi 13 Mars 2017 - 15:39

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Une délégation gouvernementale est arrivée dimanche soir à Kananga, chef-lieu de la province, pour tenter d'enrayer cette milice qui ne cesse d’insécuriser la ville, ses habitants ainsi que les localités avoisinantes.   

La situation sécuritaire dans la province du Kasaï central demeure toujours préoccupante. Les miliciens de Kamuina Nsapu tué en août 2016 par des militaires continuent de semer la terreur et la désolation dans ce coin du pays où l‘autorité de l’État est sérieusement malmenée. Déjà, à la veille de la visite d’une délégation gouvernementale venue expressément de Kinshasa pour s’enquérir de la situation sur le terrain, ces miliciens ont de nouveau créé la sensation en s’en prenant à quelques symboles de l‘État. La ville de Mwene Ditu située à 132 Km au sud-est de Mbuji-Mayi a été attaquée par les Kamuina Nsapu qui, dans le même temps, ont tenté de perturber l’arrivée de la délégation gouvernementale en créant l‘agitation autour de l‘aéroport de Kananga. Il s’en est suivi des échauffourées avec les éléments des Fardc qui ont fini par remettre l’ordre. Aucun bilan sur ces affrontements n’a cependant été fourni par les autorités provinciales, mais des sources informelles font état de quelques victimes enregistrées.

C’est dans cette atmosphère d’insécurité caractérisée par une insurrection quasi permanente des Kamuina Nsapu que la délégation gouvernementale, conduite par le ministre de l’Intérieur et élargi à quelques députés originaires de la province, est arrivée le dimanche 12 mars à Kananga. Ramazani Shadari et les membres de la délégation qui l’accompagnent ont, dès leur descente d’avion, pris la mesure des conditions sécuritaires aléatoires dans lesquelles vivent les habitants de Kananga et des environs obligés de faire avec. Une journée ville morte de fait avait même été imposée dans la ville à la suite des troubles enregistrés la veille, lesquels troubles ont dissuadé de nombreux habitants à rester chez eux.

Bravant cette psychose générale, la délégation gouvernementale s’est aussitôt mise à l‘œuvre en initiant des contacts avec les autorités tant officielles que coutumières de la province. La mission a pour principal objectif le rétablissement de l'ordre public au Kasaï central. Plutôt que de l’imposer en ayant recours à la puissance publique, le gouvernement a cru bon de négocier avec les miliciens de Kamuina Nsapu afin de connaître leurs revendications et, dans la mesure du possible, tenter de les satisfaire. C’est de cette manière qu’il espère mettre fin au phénomène Kamuina Nsapu via une résolution pacifique intégrant la vertu du dialogue. « La force est toujours la force politique. La force qui consiste à négocier, à discuter, à écouter les uns les autres. Et après, on va finir par rencontrer les convergences et les divergences vont sauter. À ce moment-là, on va trouver une solution. Il y aura la paix parce que le chef de l’État insiste pour que la paix règne dans cette partie d’État national », a déclaré Ramazani Shadari.  

L’insécurité au Kasaï central est un écueil qui risque d’asséner un coup fatal au processus électoral étant entendu que dans les circonstances actuelles, il est quasi impossible d’assurer l'enrôlement des électeurs dans cette partie du pays. D’où le gouvernement a tout intérêt à restaurer le plus rapidement possible la paix dans ce coin du pays, laquelle paix passerait par une série des préalables. Au nombre de ceux-ci figurent, entre autres, le remplacement du gouverneur de la province rappelé à Kinshasa depuis plusieurs semaines et la restitution du corps du chef Kamuina Nsapu tué en août 2016.

Dans la foulée, il est probable qu’une nouvelle libération des miliciens Kamuina Nsapu faits prisonniers au cours des récents affrontements avec les forces de l’ordre soit effective. Des mesures que le gouvernement est appelé à prendre au nom de la paix dans une région où l’autorité de l’État a cessé d’être une réalité.   

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Ramazani Shadari à son arrivée à Kananga

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