Insécurité au Katanga : la série de perquisitions se poursuit

Samedi 25 Janvier 2014 - 18:26

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Après l'ex-patron de la police John Numbi, c'est au tour de Mwenze Kongolo, ancien compagnon de Laurent Désiré Kabila, à voir sa ferme être perquisitionné. Ce que dément le commandant de la sixième région militaire des Fardc.

La chasse aux fameux « Bakata katanga », un groupe armé indépendantiste qui s’en prend régulièrement et violemment aux autorités à Lubumbashi et dans le nord du Katanga, est en passe de prendre une autre tournure. Les évènements du 30 décembre 2013 ayant endeuillé la capitale cuprifère avaient exacerbé la tension et motivé des perquisitions auprès des personnes suspectées d’entretenir ces garnements. Les forces de sécurité , qui ont pris l’option de traquer jusque dans leurs derniers retranchements ces insurgés, ne laissent plus rien passer. Au moindre soupçon sur leur éventuelle cachette, les éléments de la police investissent les lieux pour se rassurer. C’est dans cet ordre d’idées qu’il faudrait situer la dernière perquisition opérée à la ferme de l’ex-patron de la police soupçonné, d’après un rapport d’experts de l’ONU, d’entretenir ces garnements aux fins de déstabilisation du pays. « Il y a eu dénonciation d’un regroupement de personnes plus ou moins suspectes dans un endroit inhabité, donc un chantier où des gens ne peuvent pas habiter », avait alors expliqué Lambert Mende devant des journalistes précisant qu’au départ de l’opération, rien n’indiquait que la ferme appartenait au général suspendu. Il a déclaré que cette perquisition n’était pas dirigée contre la personne de John Numbi dont l’identité avait été découverte, selon lui, « au moment où l’opération était en train de se dérouler ».

Des leaders « Balubakat » dans le collimateur  

Quelques semaines après, c’est au tour de Jeannot Mwenze Kongolo, ancien ministre de la Sécurité et de la justice sous le régime de Mzee Laurent-Désiré Kabila de se plaindre. Au cours d’un point de presse tenu en fin de semaine, l’intéressé a confirmé la perquisition dont sa ferme avait été l’objet de la part des éléments des Fardc. L’ex-ministre, qui ne s’oppose pas à l’initiative, décrie néanmoins la forme qu’elle avait prise. Il soutient que les unités dépêchées sur les lieux sans qualité n’avaient aucun mandat les autorisant à pénétrer dans ses installations. Le fait que des militaires armés ont perquisitionné chez lui à son insu et sans qu’il n’en soit informé prend, selon lui, les contours d’un vaste complot ourdi contre sa personne. Comme pour l’affaire John Numbi, cette fois-ci, la contradiction est venue du commandant de la sixième région militaire des Fardc qui a affirmé que ses services n’avaient jamais perquisitionné cette ferme. Et Jeannot Mwenze Kongolo de préciser qu’il n’hésitera pas de procéder à une telle action si les renseignements l’orientaient vers les caches d’armes ou des repères d’insurgés dans la ville de Lubumbashi. « Moi, je suis respectueux des lois, et lorsqu’il s’agit de suspicion, je le ferai en bonne et due forme », a-t-il réagi devant la presse à Lubumbashi.

Mwenze Kongolo promet de saisir les juridictions compétentes pour déposer plainte pour violation de domicile. Il est convaincu autant que de nombreux de ses compatriotes katangais qu’à travers cette série de perquisitions, c’est la communauté « Balubakat » qui est visée. Considérés comme la souche la plus peuplée du Katanga détenant le monopole et une grande parcelle du pouvoir, les « Balubakat » dont certains leaders politiques sont en disgrâce avec le régime ne sont plus  bien vus depuis les évènements du 30 décembre. D’après un analyste qui a réagi sous le sceau de l’anonymat, la création des « Bakata Katanga serait soutenue par des hommes politiques locaux pour faire pression sur Joseph Kabila afin d’obtenir des postes ministériels ou de rétablir leur influence sur le camp présidentiel ». Plusieurs noms sont aujourd’hui cités dans le cercle de ces katangais qui tiennent mordicus à revenir dans les bonnes grâces du régime. D’où ces coups de force à répétition pour démontrer leur capacité de nuisance et ouvrir la voie aux éventuelles négociations.  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Mwenze Kongolo