Insécurité à Beni : le député Muhindo Nzangi interpelle les autorités

Jeudi 8 Août 2019 - 19:11

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L'élu du Nord-Kivu estime que le manque de « stratégie lisible » pour arrêter le génocide ayant cours actuellement à Beni dessert la population de ce coin du pays.

Le député regrette qu’aucun message de compassion de la part des autorités du pays ne soit exprimé, à ce stade, envers les victimes. L’acteur politique deplore qu’aucun acte de solidarité n'est posé à ce jour en faveur de la population de Beni. Il fustige également l’attentisme des autorités face aux massacres qui se reproduisent dans ce territoire depuis l’avènement du nouveau régime. Dans une correspondance adressée le 8 août au chef de l’État, le député national élu du Nord-Kivu, Muhindo Nzangi Butondo, fait observer que huit mois après son accession à la tête du pays, les massacres des populations civiles ciblées ont repris de l’ampleur à Beni. « Chaque jour ou presque, des villages ou des centres urbains sont attaqués sous un regard impuissant de l’armée débordée et accoutumée à cette situation », a écrit ce député.

Muhindo Nzangi rappelle à Félix Tshisekedi leur combat mené ensemble comme opposants et les reproches faits, en ce temps-là, au président Joseph Kabila à la suite des massacres perpétrés particulièrement à Beni. Et de faire remarquer à l’actuel président de la République que, depuis juin, plusieurs incursions rebelles suivies des massacres odieux se sont reproduites dans ce territoire. Aucun message de compassion ni un acte de solidarité envers les victimes n’a été, jusqu’à ce jour, posé en faveur des victimes, constate-t-il. Les habitants de Beni attendent, par ailleurs, que soit enclenchée la poursuite contre les forces négatives qui empestent la vie de paisibles citoyens au quotidien. « Jusqu’à présent, on ne voit aucune stratégie lisible pour arrêter ce génocide », a appuyé cet élu du Nord-Kivu dans sa correspondance.

Muhindo Nzangi rappelle, par ailleurs, au chef de l’État sa promesse de relever des troupes puisque, selon lui, il se serait rendu compte qu’elles étaient en débandade et débordée. Il interpelle Félix Tshisekedi pour qu’il concrétise cette promesse électorale autant que celle d’établir l’état-major des Fardcsur place à Beni.

Stopper le cycle de violences

 Le député national suggère au chef de l’État d’envisager, sans tarder, le lancement d’une action d’envergure conjointe Fardc-UPDF, avec des moyens aériens et physiques conséquents pour éloigner, dans un premier temps, l’ennemi des zones urbaines et semi-urbaines. Cet élu propose, ensuite, de former et d’équiper les forces armées de la RDC pour le ratissage. Muhindo Nzangi, qui conseille au président de la République de ne pas se fier aux forces de la Monusco qu’il juge inefficaces, lui demande de laisser les groupes armés locaux se déployer pour protéger leurs villages, si l’option de l’armée ougandaise pose un problème particulier. « Le temps passe, le bilan macabre du nombre de morts à votre actif s’alourdit, pendant ce temps, les acteurs politiques semblent plutôt préoccupés à occuper des postes dans le nouveau gouvernement », a regretté le député national. Et d’exhorter le chef de l’État à prendre des décisions urgentes en vue de stopper le génocide qui se profile contre le peuple de Beni.

Journée ville morte pour fustiger l’insécurité

Le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha/Beni) appelle toute la population de la ville et territoire de Beni à observer, ce vendredi 8 août, une journée ville morte en vue de prouver leur solidarité envers les victimes de l’insécurité qui sévit dans ce coin du pays. Cet appel de la Lucha, contenu dans son communiqué rendu public le 8 août, fait suite au énième « massacre » perpétré la nuit du mercredi 7 août dans la localité de Mbau par des assaillants armés qui ont tué près de six personnes.

Ce mouvement citoyen dit, en outre, condamner, d’une part, cette énième tuerie et, d’autre part, le « silence » des autorités qui tardent à trouver des solutions idoines pour juguler cette insécurité. À la place d’une action militaire d’envergure, fait observer la Lucha, les autorités nationales semblent se préoccuper du partage des postes politiques. Ces jeunes du mouvement Lucha annoncent, en mémoire des victimes des atrocités, un regroupement funéraire le lundi 12 août au rond-point Nyamwisi.

Lucien Dianzenza

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