Insécurité à Bukavu : le meurtre du gynécologue Gildo Byamungu durement ressenti par la corporation

Samedi 22 Avril 2017 - 16:55

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 À l’appel de l’Ordre des médecins et du Syndicat national des médecins du Nord-Kivu, des centaines de personnes dont  des médecins, des professionnels de la santé et des acteurs de la société civile ont participé le 19 avril à Bukavu à une marche de protestation contre l’assassinat du gynécologue Gildo Byamungu, un proche du docteur Denis Mukwege.

L’assassinat à Bukavu le vendredi 14 avril à l’hôpital de référence d’Uvira où il avait été admis, du gynécologue Gildo Byamungu, un proche du docteur Mukwege, a jeté dans l’émoi une population qui, depuis quelques temps, vit dans la torpeur et dans l’insécurité. Après avoir été blessé quelques heures plus tôt par balles par des bandits dans son domicile, Gildo Byamungu a été achevé par ses bourreaux qui étaient à ses trousses. Une situation qui a jeté le trouble dans les esprits au point de pousser l’Ordre des médecins ainsi que le syndicat national des médecins du Nord-Kivu à initier une marche pacifique pour dénoncer le climat d’insécurité qui prévaut dans la province. Ils étaient plusieurs, ou mieux, des centaines à avoir répondu le 19 avril à l’appel de ces deux structures avec, au premier plan, des médecins, des professionnels de la santé et des acteurs de la société civile accompagnés dans leur itinérance par la population. Sous escorte policière, les manifestants sont partis de la place Munzihirwa à Nyawera (Bukavu) et ont arpenté les rues de la ville avec pour point de chute, le cabinet du gouverneur de province où un mémorandum avait été remis à l’autorité provinciale.  

D’après des sources locales, la tension était vive parmi les manifestants qui tenaient  à exprimer leur ras-le bol face à la recrudescence de l‘insécurité. « Plus jamais ça », « Non à l’insécurité », « Non aux  tueries ciblées et aux assassinats » etc, des slogans évocateurs qui trahissaient dans le chef de la population un sentiment d’abandon parce que non protégée par ceux qui sont habilités à lui garantir la sécurité. Alors que les autorités policières allèguent que la victime avait été la cible d’attaques à caractère tribalo-ethnique dans la région d’Uvira, l’opinion locale reste convaincue qu’il s’agit là d’un meurtre prémédité.

Le gynécologue Denis Mukwege qui avait pris part à la marche a confirmé que son collègue vivait dans la hantise d’une mort programmée étant donné qu’il avait échappé à une première tentative d’assassinat à son domicile. Il l’avait d’ailleurs vu pour la dernière fois, la veille de son assassinat. Le récit du célèbre docteur est simplement poignant : « On était dans une formation. On a parlé du manque de sécurité. Et là, le docteur Gildo Byamungu a exprimé sa crainte par rapport à sa sécurité puisqu’il subissait des menaces de mort. Et donc il avait peur, surtout qu’il était déjà traqué par des hommes en armes. On a discuté de son cas, il avait vraiment pressenti qu’il n’était pas en sécurité. Malheureusement, la nuit qui a suivi, le pire est arrivé », a témoigné le docteur Mukwege.  

Par ailleurs, un communiqué de la police publié à l‘issue de la marche a annoncé l’arrestation d’un suspect à Uvira dans le cadre de l’enquête ouverte pour établir les responsabilités dans cette affaire de meurtre. Dans leur mémo, les manifestants ont exigé une enquête « sérieuse » pour déterminer les mobiles et les auteurs du meurtre du gynécologue. 

Alain Diasso

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