Insécurité : une fin d’année ensanglantée au Nord-Kivu

Mardi 27 Décembre 2016 - 20:12

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Au total, au moins trente-cinq  civils ont été tués dans la province pendant le seul week-end de Noël.

Les habitants de Rutshuru, Lubero et Masisi, dans le centre du Nord-Kivu, n’ont pas fêté Noël comme il faut. Leurs territoires ont, en effet, été le théâtre des violences d’une extrême cruauté perpétrées par des personnes sans foi ni loi se recrutant essentiellement dans les deux communautés rivales, les Nande et les Hutus. Avec un arrière-fond d’antagonisme ethnique, mais aussi d’intrusion des rebelles ougandais qui s’est rajoutée à la psychose générale, la fête de Noël laissera des traces indélébiles dans les esprits traumatisés à la suite de la barbarie ayant entouré la série des meurtres enregistrés ce dernier week-end.

Le 25 décembre, le jour de la Noël, une milice de l‘ethnie Nande a fait irruption dans la localité de Nyanzale à une centaine de kilomètres de la capitale du Nord-Kivu, Goma. Les assaillants ont tué treize civils et perdu dans leur rang trois miliciens abattus dans la foulée de l’intervention énergique des éléments des Fardc basés dans la région.  D’après des sources locales, il s’agirait des Maï Maï Mazembe et alliés qui seraient responsables de ces meurtres qui portent un arrière-goût de revanche. En effet, apprend-on, cette attaque fait suite à celle menée le jeudi dernier par les Maï Maï Nyatura, un groupe d'autodéfense hutu. Ces combattants ont tué treize civils Nande dans une localité voisine, Bwalanda. C’est donc en représailles à cette attaque que la milice de l’ethnie Nande aurait réagi, se convainquent certaines sources. 

Toutefois, les autorités locales, administratives et militaires se sont refusées à faire le lien entre les deux attaques.  Depuis jeudi, au moins quarante neufs civils ont perdu la vie au Nord-Kivu alors que les attaques de milices continuent à se multiplier dans la région. À cela, il faut ajouter l’attaque dimanche de la localité d’Erengeti dans le territoire de Beni menée par des présumés rebelles ougandais ADF, laquelle attaque a fait vingt-deux morts parmi les civils. La veille, l'armée congolaise avait déjà repoussé une attaque attribuée aux ADF à Oicha, à une vingtaine de kilomètres au sud d'Eringeti.

Pour en revenir au conflit ethnique entre les communautés Nande et Hutu, il est exacerbé depuis plus d'un an par une série d'attaques de villages par des milices de chaque camp dans une zone couvrant les confins des territoires de Rutshuru, Lubero et Masisi, dans le centre du Nord-Kivu. Les Hutu, rwandophones, sont largement tenus pour des étrangers par les communautés se considérant comme « autochtones » dans cette région, comme les Nande ou les Hunde. Cette querelle sur la nationalité se superpose à des conflits fonciers liés à une migration vers le nord de cultivateurs hutu contraints d'abandonner leur terre du sud de la province pour des raisons économiques liées au prix du foncier ou sous la pression de grands propriétaires. Cependant, pour certains spécialistes de la région, l’absence d’une politique nationale sur la gestion des terres serait la principale cause des violences dans cette région en plus du problème de la gestion des mouvements migratoires.

 

Alain Diasso

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