Interview. Big Kloz : « Nous ne sommes pas totalement prêts pour ce voyage car il nous faut suffisamment de moyens financiers »

Vendredi 16 Octobre 2020 - 13:25

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Réalisé par Big Kloz, le court-métrage « Sexto » a été nominé à la 24e édition du festival de cinéma Ecrans Noirs qui se déroulera du 31 octobre au 7 novembre à Yaoundé au Cameroun. Entre joie due à la nomination et stress du voyage, le réalisateur s’exprime à cœur ouvert dans cet entretien accordé aux Dépêches du Bassin du Congo.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs ?

Big Kloz (B.K.) : De mon vrai nom Prince Baloubeta, je suis réalisateur et cinéaste. Avant d’intégrer l’univers du cinéma, j’évolue dans l’audiovisuel depuis plus de dix ans. Grâce à cela, je fais la couverture d’événements, je filme des documentaires et émissions, réalise des clips et spots publicitaires, etc.

L.D.B.C. : Comment avez-vous atterri dans cet univers ?

B.K. : A la base, je suis un autodidacte. Mais pour acquérir le niveau que j’ai aujourd’hui, il m’a fallu suivre des tas de formation. Ma conversion dans le cinéma s’explique par mon penchant pour l’audiovisuel, la 3D et les effets spéciaux. A ce propos, j’ai dû bosser dur pour apprendre et maîtriser le filmage, le cadrage, le son, la lumière, le montage. Une fois ancré, j’ai tout de même pris le temps qu’il fallait avant de réaliser mon premier film, pour lequel j’ai personnellement écrit le scénario.

L.D.B.C. : Parlez-nous donc de « Sexto » qui a été sélectionné dans la catégorie court-métrage au festival Ecrans Noirs ?

B.K. : « Sexto » est un film qui parle des violences basées sur le genre, du harcèlement en milieu scolaire et particulièrement de la dépravation des mœurs à travers les réseaux sociaux. C’est l’histoire d’une jeune fille, qui en toute intimité, partage ses photos dénudées à son copain. Malheureusement, celles-ci seront vues puis récupérées et publiées sur les réseaux par l’ami du copain de cette jeune fille. Dans ce film, j’essaie de mettre en lumière le monde juvénile afin de sonner l’alarme de la prise de conscience.  

L.D.B.C. : Quel est votre ressenti à la suite de la sélection du film pour ce festival ?

B.K. : C’est une grande joie bien évidemment de voir payer le fruit de ses sacrifices. « Sexto » est mon tout premier film et court-métrage, sa sélection au festival Ecrans Noirs, l’un des plus grands rendez-vous du cinéma sur le continent, est une reconnaissance du travail bien accompli et un encouragement à redoubler d’efforts pour se maintenir dans cette lancée. La plupart des acteurs qui ont joué dans ce film n’étaient pas des professionnels. Pour nous tous, c’était une première expérience qui à la fin a été très enrichissante.

L.D.B.C. : Etes-vous prêts à vous rendre au Cameroun ?

B.K. : Etre prêt signifie à priori rassembler toute la logistique, ce qui n’est pas facile puisqu’on parle de moyens financiers. En allant à Yaoundé, je devrai être accompagné d’au moins deux acteurs et cela ne se fera que si les autorités et partenaires nous accompagnent, en plus de ce que le festival fera pour nous.

L.D.B.C. : Craignez-vous de ne pas remporter le prix ?

B.K. : Gagner le trophée n’est pas le plus important. Le festival Ecrans Noirs en est à sa 24e édition et cela signifie que les grands acteurs du cinéma africains, notamment les acteurs, réalisateurs, producteurs, investisseurs, y seront. Notre participation à ce rendez-vous nous permettra de faire de belles rencontres et de tirer profit de l’expérience des autres. Ne l’oublions pas, il y a cinq films congolais sélectionnés. A travers notre présence, on pourra juger du potentiel qui existe au Congo et inciter les investisseurs à considérer le pays comme une terre d’opportunité. Gagner sera juste une aubaine.

L.D.B.C. : Quelle est votre appréciation du cinéma congolais ?

B.K. : Je pense que l’art n’a pas besoin d’être mis dans un carré donné. Créer des écoles de cinéma est une très bonne chose qui contribue à développer le secteur dans un pays. Mais, personnellement, je pense que l’appui est plus important pour rendre très performant et prolifique le secteur. La preuve est là : je n’ai pas fait d’école de cinéma mais j’ai pu réaliser un film salué sur le plan national, en dépit des difficultés financières. Ainsi pour dire si, cinéastes congolais que nous sommes, on nous accorde les moyens matériels et soutiens qu’il faut, nous pourrons faire mieux, aller nous former et partager ces expériences avec d’autres artistes passionnés du métier.

L.D.B.C. : Etes-vous actuellement sur un projet cinématographique ?

B.K. : Non, car je ne suis pas pressé. Réaliser un film n’est pas synonyme de réaliser un clip. J’ai fait un premier essai, j’ai appris de mes erreurs et j’ai beaucoup d’amélioration à faire. Rien ne vaut de se précipiter. Actuellement, je suis en phase d’écriture et peaufinage des textes afin de produire quelque chose qui sera apprécié par le public.

L.D.B.C. : Un mot de fin.

B.K. : Je souhaite que le ministère de la Culture et des Arts ainsi que toute personne de bonne volonté nous apportent leur appui et soutien afin que nous soyons valablement représentés au festival Ecrans Noirs.  

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

Le réalisateur congolais, Big Kloz/DR

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