Interview. Charlotte Kabamba : « L’hydratation, c’est la clé pour mieux démêler les cheveux »

Samedi 11 Novembre 2017 - 8:40

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

La jeune coach capillaire connnaît un sacré bout sur l’entretien des cheveux naturels, c’est sa spécialité. Aussi conseille-t-elle l'hydratation à toutes les dames qui veulent avoir des cheveux naturels doux et brillants. Elle a commencé à donner des conseils utiles pour mieux s’y prendre avec une chevelure crépue en créant la page Facebook Nappy Care. Elle propose, dans celle-ci, des astuces, c’est le succès ! Elle aligne à ce jour presque 5 000 like et 200 abonnés sur Instagram et partage aussi ses petits secrets lors des ateliers capillaires comme celui au cours duquel Le Courrier de Kinshasa l’a rencontrée, à la Beauty Party du 28 octobre au jardin de l’Espace Bilembo.

Charlotte Kabamba à l’écoute des Nappy au sujet des soins capillairesLe Courrier de Kinshasa : Pourrait-on savoir comment vous en êtes arrivée à faire du coaching capillaire ?

Charlotte Kabamba : Je n’ai pas honte de dire que j’ai commencé à garder les cheveux naturels, parce que je suivais la mode comme beaucoup d’autres filles. Mais moi qui avais des cheveux défrisés et très longs, jusqu’à mi-dos, lorsque j’ai décidé de les couper court et les garder naturels, au bout de deux mois, j’ai commencé à faire face aux remarques de mes amis et à la FAC, cela ne passait pas non plus. Lorsque je faisais des twists, l’on m’interdisait carrément l’accès, parce que cela ressemblait à des locks et cette coiffure était interdite. Je n’avais aucun problème en famille mais c’était plutôt avec le reste de mon entourage, surtout mes amis, et même mes professeurs se montraient hostiles envers moi. C’est de là que tout est parti, c’est devenu une sorte de combat. J’avais vraiment désormais besoin de m’affirmer comme Nappy. Et quand mes cheveux ont poussé, les gens ont commencé à s’y intéresser et me poser beaucoup de questions, même en route. Alors, je me suis dit que ce serait utile de créer une page Facebook pour que toutes les personnes qui voulaient en savoir plus sur les soins à apporter aux cheveux naturels les y trouvent facilement. C’est comme cela que tout a commencé petit à petit. Maintenant là, j’ai presque 5 000 j’aime sur Facebook et sur Instagram, j’ai 200 abonnés et 50 sur YouTube que je viens de lancer il y a deux semaines.

L.C.K. : En parlant des fameux soins, vous conseillez l’usage de produits naturels. Qu’en est-il ? Est-ce la voie obligée ?

C.K. : Oui ! Beaucoup de femmes ne se rendent pas compte de la nocivité des produits chimiques qui composent la plupart des produits de soins capillaires qui leur sont proposés. J’ai souvent l’impression que l’Afrique fait un peu office de poubelle. L’on y envoie tout ce qui n’est pas bon car l’on sait que nous ne sommes pas très regardants, l’on ne vérifie pas forcément les composantes de ces produits. C’est ainsi que l’on se permet de nous envoyer tout et n’importe quoi. Et avec cela, il y a plusieurs produits normalement interdits en Occident que l’on retrouve sur le commerce ici. Il s’agit, par exemple, de ceux qui contiennent le petrolatum ou petroleum, ce dérivé du pétrole est interdit car il est nocif aussi bien pour les cheveux que pour la peau. C’est pourtant vendu ici. Il peut se retrouver sous d’autres noms paraffine, paraffinum et huile minérale, ils sont tous dangereux pour les cheveux et la santé. Il faut vraiment choisir les produits que l’on achète et s’assurer qu’ils ont des composés naturels. Ce n’est pas toujours à 100% mais au moins à 90%. C’est ce que je recommande.

L.C.K. : Que conseillez-vous à une dame qui porte des cheveux longs défrisés et hésite à franchir le cap, parce qu’il lui faudrait faire un revirement à 360° du jour au lendemain, car pour être nappy elle devrait en principe tout couper  ?

C.K. : Lorsque l’on a des cheveux longs défrisés et que l’on veut passer au naturel, l’on est pas obligé de tout couper directement. Il est possible de passer par une période appelée « transition ». Elle consiste à arrêter de défriser pendant une année ou deux. C’est vrai qu’avec les repousses de cheveux naturels à la base, il sera un peu compliqué de gérer les deux textures. À ce niveau, je préconise l’hydratation. Plus nos cheveux sont hydratés, plus ils sont faciles à démêler. L’hydratation passe par les soins à l’avocat avec le yaourt nature et le miel, tout ce genre de choses qui permettront que les cheveux soient plus malléables, plus doux. Avec cela, vous ne serez plus tenté de défriser. Et, en attendant, optez pour des coiffures protectrices comme les tresses avec extensions de mèches et les tissages. Cela permet d’éviter toute tentation de défrisage et, en une année, les repousses sont déjà assez longues et il ne restera plus qu’à couper la partie défrisée et garder les cheveux naturels.

L.C.K. : À vous entendre parler, cela paraît facile à faire. Pourtant les cheveux naturels sont crépus et les coiffer pour certaines est un exercice laborieux qui va jusqu’à causer des maux de tête…

C.K. : En effet ! L’hydratation, c’est la clé, je le dis souvent à tout le monde. C’est la clé pour avoir des cheveux naturels doux et brillants. Et si l’on veut avoir de belles boucles aussi, c’est l’hydratation qu’il convient de faire. Cela se fait plus avec de l’eau car nos cheveux aiment l’eau. Il faut en mettre tous les jours et comme je l’ai expliqué à l’atelier, les soins à base de mélange d’avocat, yaourt nature sans sucre, miel et huile d’olive à mettre sur les longueurs, une pratique que je recommande une fois par semaine, c’est ce qu’il faut. Vous verrez qu’au bout d’un mois, les cheveux ne seront plus durs, ils deviendront doux.Charlotte Kabamba proposant des mélanges de produits à faire soi-même

L.C.K. : Le prix à payer serait de faire des soins toutes les semaines ?

C.K. : Oui ! Tout en assumant de sortir les cheveux pas forcément bien coiffés quelques fois, mais c’est ce qu’il faut pour obtenir de bons résultats.

L.C.K. : Pour les femmes travailleuses, ce n’est pas toujours évident d’être nappy, de soutenir le rythme…

C.K. : En effet, c’est quelque chose que je comprends quand certaines me disent qu’elles ont du mal à s’y faire. C’est pour cela que je ne force personne car j’estime que c’est une décision qui change un peu la vie. Elle n’est pas à prendre à la légère. Il faut prendre le temps de voir si cela vaut la peine que je le fasse. C’est indéniable que le défrisage comporte des désavantages mais il faut prendre le temps de réfléchir à sa décision. Cela ne suffit pas de se dire je veux devenir Nappy comme Charlotte, avoir de beaux cheveux comme elle car s’ils sont ainsi, c’est parce que moi je fais des soins toutes les semaines. Je prends du temps pour mes cheveux et je suis très exigeante. Ce n’est pas facile, je ne force jamais personne à le faire, il faut qu’elle soit prête et c’est alors que je commence mon coaching.

L.C.K. : Pourriez-vous nous expliquer un peu mieux comment vous assurez ce coaching justement  ?

C.K. : C’est vraiment un accompagnement que je fais. Cela ne s’arrête pas à apprendre comment prendre soin de ses cheveux, c’est aussi au niveau psychologique que j’interviens. Car, la plupart du temps, quand la femme décide de faire ce retour au naturel, elle doit faire face à son entourage. C’est soit le mari qui n’est pas content, soit sa mère, ou carrément ses proches parents, ou les amis qui se moquent, etc. Les gens essaient toujours de décourager cette initiative. Moi, j’ai eu la chance d’avoir des parents compréhensifs. De plus, grâce à moi, mes sœurs et ma mère sont revenues au naturel et m’encouragent beaucoup. Mais ce n’est pas tout le monde qui a ma chance, donc c’est toujours important d’être là à rassurer la personne, ne pas l’abandonner, faire en sorte qu’elle puisse garder le moral et tenir bon.

Un aperçu de l’assistance attentive face à CharlotteL.C.K. : Normalement, combien de temps dure le coaching d’une personne qui se décide à devenir nappy pour qu’elle parvienne à s’assumer  ?

C.K. : Pour les soins, cela peut durer un à deux mois avant que la personne soit en mesure de bien faire ses soins elle-même. Psychologiquement, c’est différent cela peut prendre une année, tout dépend de la force mentale d’une personne à une autre. Car j’aide vraiment la personne à se forger un mental d’acier. L’on ne se rend pas compte à quel point le cheveu est un sujet sensible. Car il faut qu’elle parvienne à faire face à beaucoup de critiques et cela prend un certain temps. Du reste, je ne pense pas que cela prend fin. Le coaching psychologique se poursuit un bon moment car il y a toujours un encouragement à apporter.

L.C.K. : Outre les ateliers capillaires où vous prodiguez des conseils aux nappy, de quelle manière procédez-vous à leur coaching ? Avez-vous un salon de coiffure spécialisé ?

C.K. : Je fais du coaching à domicile. Je me déplace vers la personne qui en a besoin, ou alors c’est elle qui vient vers moi. Je n’ai pas de salon de coiffure, vu que je suis encore étudiante, ce serait compliqué d’en tenir un pour le moment. Je communique aussi via Internet, sur WhatsApp, sur ma page Facebook ou bien sur Instagram. C’est d’ailleurs plus facile sur le Net, le suivi est plus facile à faire.

Propos recueillis par

 

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Charlotte Kabamba à l’écoute des Nappy au sujet des soins capillaires Photo 2 : Charlotte Kabamba proposant des mélanges de produits à faire soi-même Photo 3 : Un aperçu de l’assistance attentive face à Charlotte

Notification: 

Non