Interview. Claude Mpunga Yende Etenda : « Je propose toujours des titres qui accrochent »

Jeudi 23 Novembre 2017 - 15:30

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Parmi les ouvrages en vente à la 5e Fête du livre, il y avait des opuscules aux titres originaux dont celui intitulé "Comment attirer les Congolais vers les livres" que spécialement plusieurs visiteurs ne manquaient pas de feuilleter. Au Courrier de Kinshasa, l’auteur a expliqué pour quelle fin il le fait et partagé sa ferme conviction que ses compatriotes ne s’intéressent pas au livre. Pour justifier ses propos, il a évoqué la faible affluence au festival dans une ville comptant des millions d’habitants.

 

Claude Mpunga proposant aux visiteurs Comment attirer les Congolais vers les livres

Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.): Nos lecteurs aimeraient vous connaître.

Claude Mpunga (C.M) : Je suis Claude Mpunga Yende Etenda, dans le cadre de la Fête du livre, je suis écrivain.

L.C.K. : À lire les titres des opuscules, l’on croirait que les Congolais font très peu cas des livres. Vous semblez en être bien convaincu. Est-ce vraiment le cas  ?

C.M. : Oui, les Congolais ne lisent pas, disons que la proportion est très minime. Un journaliste a dit que 80% des Congolais ne lisent pas, c’est énorme. Voyez combien de gens sont venus à une manifestation comme celle-ci organisée à la Halle de la Gombe, c’est un public sélect, très cultivé. Pourtant, il faut que le livre atteigne la masse, nous sommes dix millions à Kinshasa, et l’on parle de quatre-vingts millions à travers tout le pays. En général, le Congolais ne lit pas, parce qu’on ne lui a pas appris à lire les livres, il n’a donc pas cette culture de la lecture. Les gens disent qu’ils ont faim. Mais, entre-temps, ils s’achètent des portables à 1 000 $ et du crédit au quotidien, ils s’habillent et ont des yeux pour lire. Le cerveau, quant à lui, n’est pas nourri, donc ils ont toujours faim dans le cerveau. L’être humain n’est ni un animal ni un arbre, il doit avoir des idées, penser et réfléchir. Les idées nous viennent du dehors, des livres. Personne, que ce soit les parents, les maîtres ou les professeurs, ne peut nous apprendre mieux que les livres. Alors, il faut lire, s’adonner à la lecture. Voilà pourquoi mon premier livre était intitulé Les Secrets de la lecture des livres. Je propose toujours des titres qui accrochent, attirent de sorte à inciter les gens à les lire. Il y a bien des secrets que j’apprends aux gens. Par exemple, le fait que nous avons des neurones dans le cerveau, qu’il faut les mettre en activité, améliorer leur capacité associative par la lecture. Comment attirer les Congolais vers les livres, c’est un livre-solution, qui apprend le comment car le problème se pose mais il faut y répondre. Réflexions sur la culture de la lecture en République démocratique du Congo, oui, il faut y réfléchir. Justement, c’est là que se trouve une des propriétés de la lecture, la capacité de concentration, de réflexion, voilà pourquoi je donne de tels titres à mes ouvrages.

L.C.K. : "Comment attirer les Congolais vers les livres", savez-vous le faire ?

C.M. : Oui, bien sûr ! Il faut, par exemple, participer à la Fête du livre à la Halle pour l’expliquer aux gens. Voyez-vous, lorsque certains Congolais entendent parler des livres, ils pensent tout de suite mathématiques, physique, chimie ou trigonométrie et ils ont peur de ces choses. Et alors, ils ne songent pas à aller vers les livres. Et, il y en a d’autres pour qui le tableau noir fait office de livre. En effet, il y a des enfants de cette époque qui n’ont jamais vu des livres. Ils retranscrivent dans leurs cahiers ce que le maître a écrit sur le tableau. Le livre est un objet étrange à leurs yeux. Et, les attirer vers les livres, ce serait leur apprendre à lire déjà dès le bas âge à la maison. Il faut varier les livres et offrir une  complémentarité, associer les livres aux nouvelles technologies car elles ne remplacent pas les livres. Internet et tous les réseaux sociaux, à l’instar de Facebook et WhatsApp, n’ont pas remplacé le livre. Il faut donc apprendre aux gens à aller vers les livres, fréquenter les bibliothèques, les librairies ; rencontrer les écrivains, échanger avec eux. Mais encore, ils doivent suivre les animations à la lecture, les émissions sur les livres. L’on devrait leur apprendre que les meilleurs films sont des adaptations de livres au cinéma ; que les meilleurs documentaires sont basés sur les livres. C’est une grande richesse que l’on devrait apprendre aux gens. Et, aujourd’hui, alors que les gens aiment beaucoup la prière, ils oublient qu’elle a pour soubassement la Bible, un livre. 

L.C.K. : À qui proposez-vous ces astuces qui mènent à l’amour des livres ? Claude Mpunga exposant ses opuscules à la 5e Fête du livre

C.M. : Je les propose à tout le monde. Tant à l’État qu’aux parents, aux enseignants, aux enfants, aux vieux, aux femmes et aux hommes, aux employeurs, aux employés. Il y a ce que l’on appelle des livres pratiques, sur la performance, la compétitivité, ils concernent tout le monde. L’excellence concerne tout le monde, être une ménagère excellente, un cuisinier, un médecin, un avocat, un journaliste excellent, etc., il y a des livres qui l’expliquent. Donc, nous nous adressons à tout le monde.

L.C.K. : Vos opuscules attirent-ils déjà les gens eux-mêmes ?

C.M. : Oui ! Les livres sont achetés. Les gens sont attirés, feuillètent sur le champ et achètent d’autant plus qu’ils n’ont pas été écrits dans la précipitation. C’est un produit de bonne qualité, nous nous sommes donné le temps de le lire et le relire, puis de le fignoler. Il y a la recension, la critique des livres. Il sont appréciés, les gens les lisent.

Propos recueillis par

 

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Claude Mpunga proposant aux visiteurs "Comment attirer les Congolais vers les livres" Photo 2 : Claude Mpunga exposant ses opuscules à la 5e Fête du livre

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