Interview. Olivier Lahouchez : « "Trace kitoko" sera une très belle chaîne consacrée à la musique et à la culture congolaises

Jeudi 9 Novembre 2017 - 11:35

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Le co-fondateur exécutif, chairman du groupe "Trace", a séjourné à Brazzaville. Dans cette interview accordée aux Dépêches de Brazzaville, il parle de l’implantation de « Trace Kitoko » entre les deux Congo courant le premier trimestre 2018. Olivier Lahouchez a reprécisé également les choses en ce qui concerne le représentant de cette chaîne au Congo.

Les Dépêches de Brazzaville (LDB). "Trace Tv" est une chaîne de télévision qui confirmé sa notoriété à l’échelle internationale. Pourquoi créer encore « Trace kitoko » et quelles sont ses missions ?

Olivier Lahouchez (OL). "Trace" est un groupe extrêmement bien implanté dans l’univers musical en Afrique. Quand on a décidé d’accélérer notre intégration africaine, on a identifié des grandes régions qui méritaient d’avoir leurs chaînes localisées qui soient vraiment l’expression de toute la richesse de leur musique et de leur culture. Bien entendu, les deux Congo font partie de ces priorités pour créer des chaînes localisées, d’où l’idée de créer « Trace kitoko » qui va être disponible sur satellite. Elle est créée sur le modèle de ce que nous avions fait au Nigeria, en Afrique du Sud, en Angola, au Mozambique, en Afrique de l’est, où nous avions déjà des chaînes localisées.

« Trace kitoko » va aller au-delà des villes. Elle va couvrir l’intégralité de ces deux pays, car les deux Congo sont le berceau de la musique africaine. Sur l’addition des deux Congo, c’est 100 millions d’habitants. On s’est dit qu’il était nécessaire qu’on ait une chaîne qui se consacre intégralement à cette thématique. D’où, sur « Trace kitoko », on retrouvera 100% de la programmation consacrée à la musique et à la culture congolaises.

L.D.B. Quel sera l’apport de cette chaîne sur la musique et la culture des deux Congo ?

O.L. Pour moi, c’est un apport à plusieurs niveaux. D’abord, il y a une question qui vient tout le temps, pourquoi ne peut-on pas avoir plus d’artistes congolais sur "Trace Africa" tel qu’elle l’est aujourd’hui ? Je dis que c’est tout simplement parce que cette chaîne est panafricaine, donc on doit faire de la place pour des artistes qui viennent de plusieurs dizaines de pays différents. Or, il se trouve que dans les deux Congo, il y a une telle production musicale, une telle qualité, une telle créativité, qu’il fallait absolument avoir plus d’espace pour pouvoir exprimer toutes les sensibilités de cette musique. Donc, le premier apport, c’est beaucoup plus sur la diversité des artistes que nous allons mettre à l'antenne.

Quant au deuxième apport, on sait aujourd’hui que les artistes qui sont connus, reconnus et appréciés dans leur pays ont besoin aussi d’être exportés, c’est-à-dire être connus dans d’autres pays. Nous allons faire en sorte que « Trace kitoko » soit non seulement diffusée au Congo mais également dans le reste du monde, notamment à travers une plate-forme de distribution digitale que nous sommes en train de lancer qui va être présente dans 200 pays. C’est dire que toutes les diasporas congolaises et tous les fanatiques de musique congolaise dans le monde pourront avoir accès à « Trace kitoko ».

Enfin le troisième apport, au-delà de la diffusion des clips vidéo, nous avons entamé une politique extrêmement active de production de programmes originaux liés à l’univers de la musique. Par exemple, nous sommes en train de produire un documentaire sur la vie de Papa Wemba avec un soutien énorme de la part de sa famille qui a mis à notre disposition des archives. 

L.D.B. A quand le début des programmes de « Trace kitoko » ?

O.L. C’est au premier trimestre de l’année prochaine. Nous sommes en pleine discussion avec les distributeurs pour mettre tout cela en place. C’est un projet très important, donc il va falloir mettre en place toutes les ressources, tous les moyens, toute l’expertise. Je crois que les gens vont être extrêmement ravis du résultat, parce que « Trace kitoko » va être une très belle chaîne consacrée à la musique et à la culture congolaise.

L.D.B. A part la musique, « Trace kitoko » proposera-t-elle autre chose?

O.L. L’ADN du contrat c’est la musique et la culture. Quand on parle de culture, on va au-delà de la diffusion des clips vidéo ou des concerts. Or, sur cette chaîne, on va retrouver également des documentaires, des pastilles, des séries sur des femmes, etc. Nous produisons en ce moment une série avec Serge Ebaka (le basketteur de NBA d’origine congolaise, … c'est un  grand sportif mais également un fan de la musique). Nous serons également partenaires de beaucoup d’événements musicaux qui se passent à Brazzaville. On va trouver un reflet de ces événements sur l’antenne. Nous allons remettre le goût de la musique, de la culture, de l’expression de cette diversité, de ce dynamisme qui existe au niveau musical et culturel. Donc nous ne sommes pas une chaîne d'informations, de sport, encore moins des séries ou des films, car il y a beaucoup de chaînes qui le font très bien. Nous avons décidé plutôt de rester sur notre créneau.

L.D.B. Comment procède-t-on pour être diffusé sur « Trace Tv » ?

O.L. Le processus est très simple, d’abord avoir si possible une très bonne musique et un très bon clip vidéo. Vous soumettez en ligne à travers notre site Internet Trace.tv votre clip. Nous avons toutes les semaines des équipes de programmateurs qui vont regarder tous les clips et prendre les décisions de diffusion. Quand je dis dela, j’ai tout dit et je n’ai rien dit. Parce que le vrai problème, c’est que chaque semaine, on reçoit plus de 400 demandes, alors que notre philosophie et notre approche de la programmation font que les places sont limitées pour pouvoir entrer de nouveaux clips en diffusion. Certaines semaines, on peut faire rentrer moins de 10 nouveaux clips en diffusion. A partir de là,  nous sommes obligés d’avoir des critères d’appréciation de la musique, de l’image et des genres musicaux. Imaginons que la même semaine, l'on reçoive 250 titres de rumbas, par contre on n’a pas de Ndombolo et autres. C’est pourquoi on essaie de maintenir l’équilibre, ce qui fait que parfois les artistes ne comprennent pas qu'ils ne soient pas programmés, alors qu’ils ont de bons clips. Il y a également que ces clips ne sont peut-être pas arrivés au bon moment. 

L.D.B. Justement ! Il y a comme de l’arnaque au nom de "Trace Tv". Certaines personnes se passent pour des responsables commerciaux de cette chaîne. Avez-vous un représentant au Congo-Brazzaville ?  

O.L. Aujourd’hui, nous avons un représentant pour les deux Congo qui s’appelle Ethel Ngombe, un monsieur très actif dans l’univers de la musique depuis très longtemps. Il a aidé beaucoup d’artistes. J’en profite donc, à travers votre média, pour dire qu’aujourd’hui, lorsqu’un artiste affirme avoir donné 1000 dollars à telle ou telle autre pour le placement de son clip sur "Trace Tv", cela n’engage que lui, car nous ne fonctionnons pas de cette façon. Si vous devez faire passer quelque chose à "Trace", c’est parce que vous avez acheté un agenda, ou une programmation, ou encore une production. Et chaque fois que vous avez une facture, vous vous adressez à un organisme qui est référentiel et qui vous permet de suivre le payement. Par contre, quand vous donnez de l’argent dans la rue à quelqu’un qui vous dit qu’il va faire quelque chose pour vous, c’est un risque que vous prenez. Que les artistes n’hésitent pas à nous contacter. Nous avons toutes nos coordonnées qui sont sur le site Internet. Vérifiez l’identité des gens qui vous disent qu’ils sont des représentants de "Trace", demandez-leur des documents. Mais dans tous les cas, dans les deux Congo, nous n’avons qu’un seul représentant en la personne d’Ethel Ngombe.

L.D.B. Certains clips qui passent sur "Trace Tv" sont jugés obscènes du fait qu’ils ne respectent pas les mœurs africaines ; votre chaîne a-t-elle un comité de censure ?

O.L. "Trace Tv" n’a pas de comité de censure. Ce sont des équipes de programmation qui, dans leurs critères de diffusion, intègrent le comité de censure. Une fois qu’on diffuse un clip vidéo, on est soumis à la règlementation du pays dans lequel la chaîne est diffusée. Donc si le régulateur a des critères de censure, nous sommes obligés de les respecter. Nous avons des milliers de vidéos qu’on appelle des versions non censurées, ce serait déjà la prison. Cependant, quand vous regardez nos chaînes, elles sont sexy, parce que la réalité africaine est que les femmes sont belles et il y a cette dimension sensuelle très souvent dans la musique. Car la musique, c’est aussi l’occasion pour les gens de se rencontrer. Il y a donc cette sensualité qu’on retrouve dans nos chaînes, mais tout en respectant de manière assez scrupuleuse les règlementations en vigueur.

 

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo : Olivier Lahouchez, co-fondateur du groupe Trace

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