Investissements en Afrique : la Chine de plus en plus attirée par l’Ethiopie

Samedi 5 Mai 2018 - 17:29

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 Plus de deux mille sept cents entreprises de l'Empire du milieu ont transféré une partie ou la totalité de leurs activités dans le pays, pendant qu'une centaine d’autres scrutent actuellement la possibilité de s’y installer rapidement.

Plus de quatre-vingts millions d’emplois industriels émigreront de la Chine à l’Afrique, une région qui bénéficie d’un regain d’intérêt des puissances économiques mondiales désireuses d’y développer des affaires juteuses, selon l'Agence Ecofin. L’Ethiopie est le pays africain le plus convoité actuellement par les industriels chinois, assure cette agence. « L’Ethiopie est en train de se positionner en tant qu’usine low-cost de la Chine », fait-elle savoir. Mieux, ce pays gagne en crédibilité sur la carte mondiale des délocalisations des industries manufacturières. Son secret repose d’abord sur ses coûts de production parmi les plus bas de la région. L’on parle de l’accès facile à une main d’œuvre de qualité et à des prix intéressants.

Preuve d’une visée chinoise "longtermiste" en Ethiopie, l’Exim Bank of China a apporté la majorité des financements qui ont permis aux entreprises chinoises de construire au moins six grands parcs industriels qui sont déjà opérationnels. L’arrivée des Chinois est une véritable aubaine pour l’économie éthiopienne. En effet, cette présence industrielle chinoise pourrait avoir un effet d’accélérateur sur l’activité économique nationale. Il y a, par exemple, le Groupe chinois Huajan installé dans l’Eastern industrial zone, à Dukem, qui produit quotidiennement plus de six cents paires de chaussures en cuir. Ces produits sont exportés essentiellement vers les Etats-Unis d’Amérique pour des marques prestigieuses comme Guess, Toms, Naturalizer et Marc Fisher, explique la source. « Les parcs éthiopiens attirent, par ailleurs, de plus en plus d’entreprises japonaises, indiennes, indonésiennes et turques », ajoute-t-on.  Face à cette arrivée massive, plusieurs grands groupes occidentaux spécialisés, notamment dans le textile-habillement et les activités industrielles, sont en train d’opérer à leur tour des délocalisations.       

Le rythme rapide d’industrialisation de l’Ethiopie devrait se poursuivre avec la création prochaine de huit nouveaux parcs industriels d’ici à 2020. Le géant africain ne se contentera plus désormais du seul cliché de pays agricole de la région car, ces investissements le propulseront parmi les puissances industrielles continentales, avec un total de deux millions d’emplois attendus dans le secteur manufacturier d’ici à 2025. Le pays a attiré 4,2 milliards d’investissements directs chinois durant l’exercice 2016-2017. Cet afflux s’explique surtout par la montée de ces investissements dans le secteur manufacturier. L’on estime qu’une cinquantaine d’entreprises chinoises opère déjà dans la zone économique construite par la Chine au nord du golfe de Suez. Pour certains analystes, la Chine est en train de réussir à accélérer l’émergence économique de l’Afrique, un peu comme les Etats-Unis d’Amérique et l’Europe pour les dragons asiatiques. Le concurrent éthiopien semble bien avoir placé la barre très haut.  

La RDC bientôt prête pour sa première expérience à Maluku

Beaucoup de pays de la région, dont la RDC, parient sur la mise en place des zones économiques spéciales pour relancer leur secteur agro-industriel. Une zone pilote a vu le jour dans le pays, il y a quelques années. Le coin choisi, Maluku, n’est pas le fruit du hasard. Il s’agit d’une partie de la ville de Kinshasa (Nsele et Maluku) qui a vu naître les plus grandes industries nationales de transformation pour la plupart en état d’abandon. Cent quarante et un hectares sur deux cent quarante-quatre sont en train d’être aménagés en zone industrielle avec l’appui de la Banque mondiale. Il y est attendu l'installation de l’eau, l’électricité et la voirie dans la zone. Les entreprises intéressées bénéficieront de certaines facilités, notamment la présence d’un guichet unique pour les opérations d’importations et les taxes. Une réflexion est actuellement menée sur un paquet fiscal à accorder aux entreprises agréées. Déjà, il est fait état d’une demande croissante des entreprises impatientes de voir le projet se concrétiser enfin. Preuve d’une politique sur le long terme, une nouvelle structure a vu le jour pour le faire avancer. L’ancienne Cazes a laissé la place à l’Agence des zones économiques spéciales, qui fonctionne comme un établissement public à caractère technique et administratif. C’est un pas indispensable pour matérialiser la vision de création de nouvelles agences dans d’autres parties du pays. Les choix sont portés sur le Kongo Central, le Haut Katanga et l’Ituri dans un premier temps. Avec l’élargissement de ce concept, l’idée est de profiter d’une période de forte demande en produits alimentaires des consommateurs par le fait de l’explosion démographique.  

Laurent Essolomwa

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