Italie : Cécile Kyenge continue de déchaîner l’ire des racistes

Jeudi 15 Août 2013 - 16:45

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La ministre de l’Intégration mouline un discours inclusif. Sur le terrain, ses opposants n’y vont pas de main morte

Le jeu du chat et de la souris se poursuit. Entre la ministre italienne de l’Intégration et ses pourfendeurs virulents, c’est désormais le marquage à la culotte, le catenaccio bien connu des adeptes italiens de football. À chacune des actions de Mme Cécile Kyenge Kashetu répondent un geste, un propos, une posture toujours plus graves, toujours racistes. La gravité de la situation est telle qu’un responsable du parti (pourtant) xénophobe de la Ligue du Nord demande que les médias ne rapportent plus systématiquement chaque propos raciste « pour ne pas faire du premier fou venu un Prix Nobel potentiel ».

On n’en est pas encore là. La ministre continue et fonce dans son travail de ministre. « Il nous faut une société qui devienne multiraciale comme la France championne du monde en 1998. C’est cette France des Thuram, Zidane et Lizarazu qu’il nous faut. J’accompagnerais bien volontiers une équipe composée ainsi au Brésil », a déclaré la ministre d’origine congolaise. Elle est, c’est de notoriété, une pratiquante assidue de l’athlétisme même si ce n’est pas à un niveau professionnel. « Au Congo, je pratiquais la natation, a-t-elle récemment révélé. Ma sportive préférée, c’est  Fiona May [l’athlète noire d’origine américaine, NDLR]. Et j’admire aussi la nageuse Miriam Corsini, née de père italien et de mère mozambicaine. »

Naturellement, de telles déclarations ne pouvaient pas soigner les crises d’apoplexie qui frappent les partis extrémistes de droite chaque fois que Mme Cécile Kyenge ouvre la bouche. Ça a commencé par des écrits sur les murs à Vicence (en Vénétie), avec le nom Kyenge encadré par des croix gammées. Puis, comme c’est désormais une pratique consolidée, les politiques adeptes du politiquement incorrect sont montés eux aussi au créneau avec des arguments d’une pesanteur parfois définitive. Ainsi Vittorio Milani, membre d’un mouvement souverainiste vénitien, n’a rien trouvé de plus radical à écrire sur Facebook que « Que quelqu’un la tue ! ».

Partisans et adversaires déclarés de l’intégration à l’italienne se livrent à une vraie foire d’empoigne sur les réseaux sociaux. Cécile Kyenge est devenue l’exutoire des uns, le porte-étendard des autres. Mais la question, quelle que soit la manière de la résumer, renvoie à la place que l’Italie entend donner à ses immigrés. Malgré les statistiques qui avancent que sans l’immigration la courbe de natalité de la péninsule serait négative et la croissance économique encore plus en berne, le pays continue de s’illusionner sur sa caractéristique préservée d’État où dans les bureaux de poste, les forces armées et même les taxis, seuls des Italiens – donc des Blancs – doivent être présents.

Lucien Mpama