Italie : Retour de sérénité à la commission des adoptions ?

Jeudi 1 Juin 2017 - 13:52

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Le gouvernement a tranché : la remuante juge Della Monica a été écartée de la présidence de la CAI. Des voix crient à une cabale possible.

Le feu couvait depuis quelques mois déjà. A la Commission italienne pour les adoptions internationales, CAI, la vice-présidente qui dirigeait l’organisme gouvernemental avant la désignation d’un exécutif stable passait de médias en médias pour dénoncer l’infiltration de la mafia dans les mécanismes d’adoption. Juge anti-mafia, Mme Silvia Della Monica est une femme à poigne, ancienne procureure de la République à Florence et qui ne passe pas pour avoir sa langue dans la poche.

Ses années d’intérim à la vice-présidence de la CAI ont été marquées par la dénonciation de malversations au sein de cette institution, qui dépend du ministère des Affaires étrangères à Rome. Elle a notamment dénoncé le fait que des associations se soient littéralement « sucrées » sur les cas d’adoption d’enfants congolais. Elle affirme que des humanitaires, italiens et congolais ,ont touché de l’argent pour inscrire sur les listes d’enfants adoptables de petits Congolais dont les parents étaient bel et bien connus, et qui n’étaient pas de prétendus orphelins. L’affaire a fait du bruit pendant plusieurs semaines dans les médias italiens.

Des semaines durant lesquelles la juge ne cachait pas son intention de nettoyer les écuries d’Augias, de faire place nette pour que les adoptions ne soient pas l’occasion de pratiques criminelles honteuses. Il y a quelques jours, le Premier ministre italien a tranché : Mme Della Monica a été relevée de ses fonctions et la présidence de la CAI confiée à une autre juge de gauche, Laura Laera, du Tribunal des mineurs de Florence. Le gouvernement a voulu calmer les esprits, souhaitant un retour à la sérénité dans ces instances, Mme Della Monica s’étant montrée trop passionnée pour le consensus souhaité.

Naturellement certaines associations mises en cause par la passionaria n’ont pas manqué d’exécuter leur danse de scalp. Selon le journal L’Espresso, le président de l’AiBi (Amis des enfants), une des associations dénoncées par Della Monica, se serait publiquement réjouie de ce qu’il a qualifié de « licenciement de Silvia Della Monica ». Au parlement de Rome, deux parlementaires de gauche: Stefano Fassina et Alessia Petraglia, deputé et sénatrice de Gauche italienne (SI), se sont émus de ce changement. « Nous demanderons au Premier ministre à la Chambre les raisons de ces substitutions. Mme Della Monica a soulevé le couvercle d’une situation terrifiante de pédophilie et de trafic d’enfants, particulièrement au Congo. Cela a donné lieu à l’ouverture d’une enquête notamment contre les associations pour les adoptions internationales, à commencer par l’AiBi ».

Ces deux parlementaires demandent la révision des règles de nominations au sein de la CAI et même l’annulation des dernières décisions prises par le gouvernement. Surtout, ils soupçonnent une réelle volonté d’enliser volontairement les enquêtes, car la nouvelle présidente de la CAI, Laura Laera, est aussi l’épouse du juge Francesco Greco, le procureur de Milan en charge de l’enquête sur les agissements de l’AiBi. Un conflit d’intérêt est possible pour le moins, ou en tout cas une confusion de rôles pouvant conduire à un affaiblissement de la rigueur de la justice, dénoncent les deux membres du parlement italien.

Lucien Mpama

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