Italie: un premier cas d'Ebola en soins dans le pays

Mardi 25 Novembre 2014 - 15:25

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Un médecin œuvrant en Sierra Leone est le premier Italien touché par le virus Ebola. Le malade  a été rapatrié dans son pays pour des soins plus adéquats.

C’est tôt mardi, que l’avion rapatriant en Italie le premier malade d’Ebola depuis l’explosion de cette nouvelle onde de contamination en Afrique de l’Ouest, a atterri à Rome. Le malade est un médecin qui œuvrait en Sierra Léone pour le compte de l’organisation humanitaire italienne Emergency. Il est arrivé à l’aéroport militaire de Pratica di Mare, à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale, dans une combinaison médicale hermétique à bord d’un avion militaire spécial. Il a aussitôt été conduit à l’hôpital Lazzaro Spallanzani, l’un des deux établissements sanitaires que l’Italie a spécialement équipés pour faire face aux épisodes de ce genre, au sud-ouest de Rome. L’hôpital Spallanzani est spécialisé dans les maladies infectieuses. Le personnel y a reçu une formation particulière pour le traitement du virus Ebola. Il a même servi de centre de mise à niveau pour le personnel médical de tout le pays pour savoir reconnaître, même aux urgences, les symptômes de cette maladie sans perdre un temps précieux en hypothèses de diagnostic et passer directement aux soins pour la guérison toujours possible.

Beaucoup de détails sur ce premier malade italien dans le pays ont été volontairement gardés secrets pour préserver sa personnalité et sa famille de la curiosité morbide des voisins et connaissances. Depuis février dernier, beaucoup d’alertes ont tenu en éveil les centres hospitaliers italiens, mais aucun des cas supposés d’Ebola ne s’est confirmé après analyse. Un début de psychose a failli naître aussi dans l’opinion, mais il semble aujourd’hui être retombé. Il est à noter que l’Italie a déjà payé un très lourd tribut au virus d’Ebola par le passé. Et ces premières victimes se sont comptées parmi le personnel soignant.

En 1995 en effet, les religieuses de la Congrégation d’origine italienne des Sœurs des pauvres de Bergame décidèrent de rester auprès des malades du virus d’Ebola à Kikwit, dans l’ex-Zaïre, malgré l’épidémie. Beaucoup d’entre elles, six Italiennes et diverses religieuses zaïroises, périrent. Elles reposent au cimetière de la cathédrale de Kikwit. Le Vatican étudie aujourd’hui les modalités pour les proclamer Saintes de la charité.

L’épidémie actuelle, déclarée en Afrique de l’Ouest (Guinée, Sierra Leone et Libéria au départ, puis Mali ensuite avec des épisodes résorbés au Sénégal et au Nigeria) est bien différente de celle qui a prévalue en  République démocratique du Congo. Ce pays a d’ailleurs mis fin au nouveau foyer qui s’est déclaré cette année à Boende, dans la province de l’Equateur. L’épidémie en cours en Afrique de l’Ouest a littéralement fauché le personnel de santé dans les pays touchés : 337 morts sont à déplorer parmi les infirmiers et médecins.

En Italie, affirme la ministre de la Santé Béatrice Lorenzin, le système de santé a bien les choses en main. Aucun risque de contagion n’est possible à partir du malade rapatrié mardi. « La situation est sous contrôle. Le patient n'aura aucun contact direct, ni avec les médecins, ni avec les infirmières, et encore moins avec la population, il n'y a aucun danger », a rassuré Béatrice Lorenzin. L’ONG Emergency affirme de son côté que l'ensemble de son personnel suit une formation et un protocole de protection spécifiques pour Ebola. Elle précise néanmoins qu’ « aucune intervention sanitaire dans une épidémie aussi grave ne peut être considérée comme entièrement sans risque ».

Lucien Mpama