Jean-Félix Tchicaya : le 53e anniversaire de la mort du premier parlementaire congolais a été oublié

Samedi 18 Janvier 2014 - 14:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Aucune manifestation, ni cérémonie d’hommage, ni évocation, n’a été organisée ce 16 janvier à Pointe-Noire et au Kouilou à l’occasion de la célébration du 53e anniversaire de la mort de Jean-Félix Tchicaya, premier député congolais pour le Moyen Congo et le Gabon à l’assemblée nationale constituante de Paris de 1946 à 1958 et fondateur du Parti progressiste congolais

 Jean-Félix Tchicaya ne fut pourtant pas un citoyen ordinaire pour mériter pareille indifférence. Celui qui va siéger jusqu’à la fin de la Ve République va se distinguer tout au long de son parcours politique par ses convictions, son courage et son humanisme.

Diplômé de l’École normale d’instituteurs William-Ponty de Dakar, Jean-Félix Tchicaya va plutôt opter pour une carrière politique en délaissant le tableau noir et la craie. Mobilisé en 1939, il s’engage en 1943 dans les rangs des Forces françaises libres.

Élu député socialiste du Gabon-Moyen Congo, il se fera remarquer par la clarté de ses analyses et la netteté de ses conceptions politiques.

Vice-président du Comité de coordination du tout récent rassemblement démocratique africain (RDA) de son ami Félix Houphouët-Boigny, Jean-Félix Tchicaya se présente aux élections de novembre 1946 sous l’étiquette du Parti progressiste du RDA. Il est élu dans le collège d’autochtones du Moyen Congo, la circonscription Gabon-Moyen Congo ayant été divisée en deux en ce qui concerne le collège des autochtones.

Dans la première assemblée législative, le député du Moyen Congo, membre du groupe d’Union républicaine et résistante apparenté du groupe communiste, fait partie de la commission de la marine marchande et des pêches et de la commission des territoires d’Outremer qui le désignera en 1949 au comité directeur du FIDES. Il va longtemps lutter pour l’amélioration de la situation économique du continent  touchée par l’inflation et le manque des produits manufacturés. Il va aussi afficher son engagement pour la nationalisation des compagnies de navigation. Aussi, va t-il présenter les observations sur les liaisons maritimes entre les territoires de l’Union française et la métropole : nécessité de renforcer  la représentation des territoires africains au Conseil supérieur de la marine marchande, le développement de la marine de commerce à un niveau digne d’une grande nation de tradition colonisatrice.

Il œuvre pour l'amélioration des conditions de travail

Pendant la seconde législature, il est nommé membre de la commission des moyens de communication et du tourisme, puis en 1953 par la commission de la marine marchande et des pêches, en 1955 de la commission des immunités parlementaires. Pendant ce mandat, il se bat pour l’émancipation politique de l’Afrique et la réorganisation de toute l’administration municipale d’Afrique noire associant plus largement la population indigène à la gestion en créant une trentaine de communes de plein exercice.

Ses principaux combats politiques furent entre autres la lutte contre le double collège électoral (un pour les Européens et l’autre pour les indigènes). Il œuvrera aussi pour l’amélioration des conditions de travail des Congolais (fin du travail forcé, mise en place du code de travail et des conventions collectives, respect de la liberté syndicale).

Réélu en 1958, il vote en juin 1958 la confiance au général de Gaulle. Ceci donnera naissance à la Ve République. Il meurt à Pointe-Noire, le 16 janvier 1961 à Pointe-Noire, peu après les indépendances.

À Pointe-Noire, une école primaire, un collège, un rond-point, des rues et des avenues portent son illustre nom. Des associations et des groupements socio-professionnels revendiquent et affirment leur appartenance à son idéal. Le 16 janvier, date anniversaire de sa mort,  Jean–Félix Tchicaya a pourtant été oublié par tous.

Hervé Brice Mampouya