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Jean-Lin Dieudonné Dadet Zongbe

Samedi 25 Juillet 2015 - 19:18

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Le 4 juillet dernier, Jean-Lin Dadet Zongbe a rejoint le monde du silence. Il a été porté en terre le jeudi 16 juillet 2015. Dans l’oraison funèbre, prononcée à cette occasion, Gaëtan Malekat, parent du défunt, rappelait au public que Fulbert Kimina Makumbu avait consacré, dans le numéro 2168 du jeudi 16 juillet 1998, du journal La Semaine Africaine, un papier au de cujus. Curieuse coïncidence !

Né le 30 novembre 1930,  Dadet Zongbe est le fils aîné du parlementaire et ministre congolais Joachim-Emmanuel Dadet Damongo (1914-1973). Cadre retraité de la Cnss (Caisse nationale de sécurité sociale) et père de cinq enfants, il vivait paisiblement sa retraite au Plateau des 15 ans.

Ce que l’on connaît moins, c’est le parcours sportif et musical de l’illustre disparu. En qualité de sportif, en France, Dadet Zongbe est joueur amateur au Racing club dans l’équipe de France junior. Au Congo, il s’est illustré dans l’équipe Lorraine (La hura, la hourra, la prima, comme on disait), dès 1952, puis en 1957-1958, au Racing club Mobebissi, autre formation sportive disparue de l’univers sportif congolais. Ces deux équipes ont longtemps tenu la dragée haute aux grandes équipes de Brazzaville, Renaissance Aiglons Cara, Diables Noirs et Étoile du Congo qu’il rejoint quelques temps après Lorraine et Racing club. C’est l’occasion de penser à Jacques Ndinga, Michel Ehouango et Kakou (père de Jean Claude Kakou), grands dirigeants du football brazzavillois.

Avec la sélection de Brazzaville qui représente l’Aef (Afrique équatoriale française), Dadet Zongbe participe à l’inauguration, par le père Raphaël de la Kéthulle, du stade roi Baudouin, actuel stade Tata Raphaël). Titulaire dans la sélection nationale, il y côtoie, entre autres, des footballeurs comme Babela « Bella », Mabanza « Dallaciecca », Robert Ndoudi « Piantoni », Léopold dey (Flamion-Ziboulateur, Cissé Issa, Daniel Souzé. Il poursuit sa carrière de footballeur à Libreville, au Red Star, où il joue avec son compatriote Clément Sambissa dit Deblowert, gendarme à l’époque puis douanier au Congo.

Il faut souligner, qu’à cette époque, les fonctionnaires des pays composant l’Aef étaient susceptibles d’être affectés n’importe où dans la Fédération. Cette facilité de migration a beaucoup contribué à l’intégration de la sous-région. Les barrières érigées, après la décolonisation, ont drastiquement ralenti ce flux migratoire qui aurait mérité d’être maintenu. L’intégration régionale ardemment souhaitée, depuis quelques années, n’en aurait été que facilitée.

Fils de Dadet Damongo, multi instrumentiste, Dadet Zongbe était à bonne école. C’est donc sans surprise qu’il se met au saxophone. Pour l’histoire, il faut rappeler que Dadet Damongo, avec Paul Kamba, Albert Loboko, entre autres, est l’un des pionniers de la musique congolaise moderne. En 1941, il crée  le premier orchestre instrumental congolais, Mélo Congo.

Pour revenir à Dadet Zongbe, il a joué dans quelques orchestres de Brazzaville. On signale son passage dans l’orchestre du Centre culturel de Bacongo, le Cercul Jazz. Mais il est surtout l’un des piliers de l’orchestre Bantou Sextet ou orchestre Eurafricain qui se produit dans les cercles européens. Dans ce groupe, Dadet Zongbe joue en compagnie de Dumond (saxo et chef d’orchestre), Boup Ousseinou (guitariste, dans la vie, mari de Joséphine Bijou, célèbre chanteuse et guitariste congolaise, décédée il y a quelques années), Charles Ivorra (accordéon) Joseph Kaba (guitare), Michel Makouala et Bienvenu Beniamino. Dégraissé et composé de : Kaba Joseph (guitare), Beniamino Bienvenu et Freddy Kounkou dit Freddy Mars (chant), Dadet (saxo), l’orchestre Bantou Sextet, joue notamment chez madame Alata, derrière le pont du Djoué.

Beniamino Bienvenu, sous le patronyme de Beniamino Mbé Moussouanga, réalise par la suite, une carrière fulgurante de journaliste à la Radiodiffusion télévision nationale congolaise), de l’autre côté du fleuve,  en R.D. Congo, où il termine sa carrière au grade de directeur. Il est décédé à Kinshasa, il y a quelques années ; Joseph Kaba a été, longtemps, animateur de la célèbre émission, Concert des auditeurs, de Radio Brazzaville, poste français qui émettait de la capitale congolaise jusqu’en 1972. L’art d’Orphée peut mener à tout, pourvu d’en sortir. Quant à Freddy Mars, après une carrière de steward, il a renoué avec la musique à la tête du célèbre orchestre Ryco Jazz qui a porté, au-delà des océans, la musique congolaise.

MFUMU

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