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Jeunes gens, gare à l’expérience des anciens !

Lundi 31 Mars 2014 - 0:17

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Il existe dans les entreprises, administrations, sociétés ou organisations sociales des jeunes qui ont du mal à admettre l’expérience des anciens, brandissant des diplômes obtenus dans des instituts, écoles et facultés. Erreur ! Car l’ancien, depuis longtemps dans le métier, a plus d’habileté. Attention, nous ne parlons pas ici de l’expertise, qui est une autre paire de manches.

En termes plus simples, l’expérience désigne ce qu’un individu peut acquérir par la pratique, c’est-à-dire en exécutant des tâches d’un domaine professionnel pendant un temps plus ou moins long. Ainsi le champ de l’expérience est-il à distinguer de celui des connaissances acquises par une formation systématique. Dans tous les domaines de la vie, à savoir l’armée, la médecine, l’enseignement, l’économie, la politique, les finances, la menuiserie, la maçonnerie, le transit, la communication, l’hydraulique, l’électricité, le commerce, la douane et bien d’autres, le diplôme seul ne résoudra pas les nombreuses questions d’ordre évolutif de l’entité, il faudra l’associer à l’expérience. Alors, vous, les jeunes diplômés, pourquoi ce langage hautain et déplacé lorsque vous êtes en face d’anciens du métier ?

Tout le monde sait qu’un diplôme sans expérience est comparable à un nourrisson qui, bien que doté d’un appareil locomoteur complet et sain, n’arrive pas à se déplacer, il lui faut un certain nombre de jours ou de mois. Cet orgueil des jeunes dans les administrations et les entreprises, en raison semble-t-il de leurs doctorats de troisième, voire de quatrième cycle, frustre de nombreux anciens qui n’ont peut-être pas atteint ce niveau d’instruction, mais ont beaucoup appris sur le tas et sont plus habiles et plus expérimentés. Car il n’est pas rare de voir un jeune fraîchement arrivé dans une structure brandir à tout bout de champ son diplôme puis pâlir devant un travail demandé par le chef. Alors, il faut voir ces jeunes avoir recours sans honte aucune aux anciens qui n’ont pourtant pas de doctorats.

Ce n’est pas seulement à l’université ou à l’école que s’acquiert la connaissance ou le savoir, le nombre d’années dans un métier peut être déterminant pour le façonnement cérébral. C’est ce que les spécialistes des sciences sociales appellent habitus, c’est-à-dire ce qui résulte des pratiques individuelles ou collectives des expériences passées dans le métier. Il fut une période où dans nos villages certains infirmiers, grâce à l’expérience acquise, abattaient l’essentiel d’un travail médical qui ne relevait sans doute pas de leur formation succincte, mais plutôt de leur expérience acquise au fil des années. Même chose dans l’enseignement, où par expérience certains éducateurs brillants, qui n’avaient pas le profil de professeurs de collège ou de lycée, étaient appelés à exercer dans ces cycles et obtenaient des résultats satisfaisants. À dire vrai, le simple infirmier expérimenté ne portera peut-être pas le grade d’assistant, mais il pourra réaliser des prouesses faisant l’admiration de tous.

Nous sommes loin d’un conflit de générations, comme peuvent le penser certains, car cette sorte de jeunes diplômés nouvellement recrutés dans les entreprises, administrations et services brandissent leurs diplômes à la fois à leurs jeunes collègues et aux anciens du métier. Cela étant, chers jeunes gens, la courtoisie ne saurait s’identifier à une infériorisation intellectuelle. Les anciens dans le métier ont droit à votre considération, car leur expérience pourra vous fournir des repères ou des orientations dans vos activités professionnelles. « Je suis un cadre formé, j’ai étudié dans telle ou telle université, et j’en suis sorti avec tel diplôme, personne ne me vaut ici » : ces propos sont déplacés, bannissez-les de votre langage !

Faustin Akono

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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