Joseph Kabila à la 73e Assemblée générale de l’ONU : « Du déjà entendu » selon l’opposition

Mercredi 26 Septembre 2018 - 16:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Pour nombre d’acteurs politiques de l'opposition, l'adresse du chef de l'Etat est en totale déconnection avec les réalités politiques et sécuritaires que connaît le pays, à la veille des scrutins prévus d’ici au 23 décembre.

« Du déjà entendu ». C’est la rengaine qui transparaît dans les réactions recueillies dans les milieux de l’opposition où le discours de Joseph Kabila, prononcé le 25 septembre à la tribune de la 73e session de l’Assemblée générale des Nations unies, semble ne pas émouvoir les consciences. En effet, pour les opposants, le passage du chef de l’Etat congolais à l’ONU est un non évènement pour autant qu’il n’apporte aucun gain en termes d’avancées du processus électoral qui demeure stationnaire.

Pour Moïse Katumbi, dont la présence est également signalée à New York, le discours présidentiel travestit la vérité. Dans un tweet rédigé juste après l’intervention de Joseph Kabila, l’ex-gouverneur du Katanga parle de la « triche qui se prépare » et du niveau de l’insécurité en République démocratique du Congo (RDC) que seuls le peuple, la société civile, l’opposition et les partenaires connaissent. « Nul ne doit le laisser faire, l'avenir du pays en dépend », a écrit Moïse Katumbi qui joue également sa carte d’inclusivité des élections en exerçant un lobbying appuyé dans les couloirs de l’ONU.   

Alors que le chef de l'Etat a, dans son discours, émis un satisfecit sur le déroulement du processus électoral en martelant sur son caractère irréversible, le secrétaire général de l'Union pour la nation congolaise estime pour sa part que ses propos n’ont traduit aucune vérité. « Il parle du processus électoral qu'il a pris en otage. La Céni n'est pas indépendante à cause de lui. Son discours ne traduit aucune vérité. Nous prenons, et lui et la Céni, au mot. Les élections doivent avoir lieu le 23 décembre 2018. Il n'est pas question de report et lui ne peut pas être président au-delà de cette date-là. Kabila sait où il veut aller, il reste au peuple de l'en empêcher », s’est exprimé Baudouin Mayo Mambeke, cité par actualités.cd.

Quant au départ du contingent onusien de la RDC, ce proche collaborateur de Vital Kamerhe s’y oppose catégoriquement, estimant que la présence de la Monusco tient au fait que la communauté internationale juge la situation sécuritaire dans le pays encore fragile. Il stigmatise l’incapacité du gouvernement à enrayer les zones d’insécurité allant jusqu’à lui imputer la persistance de ce fléau pour justifier un éventuel report des scrutins.  

Abondant presque dans le même sens, le sénateur Jacques Ndjoli soutient que « l’ingérence étrangère dans le processus électoral et le départ de la Monusco que Kabila a évoqués lors de son allocution reflètent la mauvaise gouvernance durant ses deux mandats à la tête du pays ». Pour ce cadre du Mouvement de libération du Congo, c’est parce que la RDC n’arrive pas à développer une gouvernance rationnelle que la communauté internationale s’intéresse à son processus électoral. « Nous n’organisons pas les élections à temps, il n’y a pas de consensus, etc. C’est pour ça qu’il y a la tension et des frustrations dans le pays qui ont des répercussions sur la scène internationale. Et cela oblige les autres à intervenir dans nos problèmes », explique-t-il pour nuancer la problématique de l’ingérence étrangère qui, de son point de vue, semble avoir pris une autre connotation.  

Alain Diasso

Notification: 

Non