Journée humanitaire mondiale : les humanitaires payent un trop lourd tribut sur le terrain

Lundi 19 Août 2013 - 15:48

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Le nombre de volontaires tués en mission ne cesse de croître dans le monde. L’Union européenne (UE) et le Programme alimentaire mondial (PAM) appellent à plus de considération de leur action essentielle

C’est ce lundi 19 août qu'a été célébrée la Journée humanitaire mondiale. L’Union européenne a lancé un appel pour que ne cessent pas dans le monde la prise en compte de l’action humanitaire et l’hommage au courage de ceux qui, sur le terrain, vont au secours de milliers de personnes dans le besoin. La Commissaire à la coopération internationale, Kristalina Georgieva, a notamment appelé à un hommage unanime aux hommes et femmes qui, avec courage, « apportent une assistance indispensable aux victimes des catastrophes naturelles et des conflits du monde entier. Grâce à leur engagement quotidien, des millions de personnes peuvent survivre dans les situations de désastre inimaginables et avoir la possibilité d’espérer en un futur meilleur. »

Mais l’appel de l’UE, tout comme celui du PAM qui prend aussi en charge un volet essentiel de l’aide dans les situations d’urgence, se focalise surtout sur un meilleur respect des engagés volontaires sur le terrain. L’UE rappelle ainsi que depuis 2008, ce ne sont pas moins de 1 313 volontaires qui ont perdu la vie sur le théâtre des opérations, soit une moyenne macabre d’un tué par jour. L'Afghanistan et la Syrie sont les pays les plus dangereux pour les humanitaires. Mais l’an dernier, 7 membres des organisations humanitaires internationales ont également perdu la vie en Afrique alors qu’ils venaient en aide aux populations désemparées du Sud-Soudan, du Soudan et du Rwanda.

Et des menaces sur la sécurité des intervenants ont aussi conduit à l’évacuation prématurée de personnels humanitaires au cours de ces dernières années dans trois pays du continent : Centrafrique (Bangui), Côte d’Ivoire (Abidjan) et République démocratique du Congo (Goma). L’UE insiste : les risques encourus par les humanitaires créent un plus grand désastre encore pour les populations locales. Rien que l’an dernier, « la Commission européenne a fourni une aide d’urgence à plus de 120 millions de personnes dans 90 pays grâce à son vaste réseau d’experts présents dans les camps » de réfugiés ou de déplacés. Pour chaque humanitaire tué, ce sont donc autant de chances d’aide soustraites à de telles populations dans des pays instables ou touchés par les catastrophes de toutes sortes.

Le PAM, basé à Rome, dénonce l’anachronisme d’une situation qui voit des volontaires engagés dans des opérations de secours devenir à leur tour des cibles des belligérants ou de personnes hostiles. Quand ils ne sont pas tués, « beaucoup de ces humanitaires sont blessés, enlevés, traumatisés ou se voient interdire d’une manière ou d’une autre la poursuite de leur important travail de sauver des vies humaines », souligne Ertharin Cousin, directeur exécutif du PAM. L’organisation rappelle bien volontiers l’émotion qui se saisit du monde en 2003 lorsque 22 de ses membres furent tués dans un attentat à Bagdad, en Irak. « Mais dix années plus tard, nous continuons de déplorer la mort en mission d’opérateurs humanitaires », relève-t-il.

« Alors que nous œuvrons pour l’objectif de libérer le monde de la faim et de la pauvreté, nous devons aussi soutenir et faciliter le travail difficile de ceux qui donnent leur vie pour atteindre un tel objectif. Cela signifie : reconnaître et respecter les principes humanitaires de simple humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance. Cela signifie aussi assurer et faciliter la sécurité des  déplacements des personnels dans leurs tentatives d’atteindre les populations les plus vulnérables », a encore indiqué M. Cousin.

Lucien Mpama