Journée mondiale du rein : l’insuffisance rénale reste un grand problème de santé publique au Congo

Jeudi 15 Mars 2018 - 14:45

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Le Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville (CHU-B) a célébré l'événement en différé, le 15 mars, à travers une matinée scientifique qui a donné lieu à une sensibilisation du personnel soignant.

Placée cette année sur le thème « Le rein et la santé de la femme-des facteurs à ne pas négliger », la Journée mondiale du rein est commémorée chaque deuxième jeudi du mois de mars. Il s’agit d’une occasion pour sensibiliser le grand public à l'importance des maladies rénales, affections silencieuses dont le diagnostic tardif multiplie les conséquences.

En effet, d’après l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un adulte sur dix souffre d'une affection rénale, soit près de six cents millions de personnes, au niveau mondial. L’OMS prévoit une augmentation de la prévalence de la maladie rénale chronique de 17% dans les dix ans à venir. Pays d’Afrique subsaharienne, le Congo n’est pas épargné par ce fléau. Selon des statistiques du CHU-B, sur environ cent cinquante personnes reçues au service de néphrologie, près de soixante-dix meurent à cause, entre autres, de l’état avancé de la maladie et du manque d’un plateau technique digne pour la prise en charge, tel en témoigne l’absence de la dialyse.

« Nous recevons à peu près cent cinquante malades chaque année au stade terminal d’insuffisance rénale, ce qui est énorme. A l’heure actuelle au CHU, la maladie n’est pas curable parce que nous n’avons pas de dialyse. Donc, si le travail se fait en amont avec les structures périphériques, nous pourrons considérablement réduire le nombre de malades qui y arrivent. C’est un travail d’équipe, un travail qui doit intéresser tous les professionnels de santé, tous les médecins. », a expliqué le chef de service néphrologie du CHU, le Dr Richard Loumingou, précisant que ce sont des personnes ayant besoin de la dialyse qui décèdent souvent.

Au cours de cette rencontre qui s’est déroulée en présence du directeur général du CHU, Jérémie Mouyokani, un accent particulier a été mis sur la prévention. Ainsi des échanges ont-ils porté sur les statistiques du CHU ; l’épidémiologie ; les différentes maladies rénales ; la fréquence de ces maladies ; les moyens de prévention et la diététique. « La dialyse n’est pas le traitement de toutes les maladies rénales, mais des maladies dans un état avancé. Il y a des maladies rénales qui sont parfaitement curables, lorsque les patients arrivent à un stade précoce. La prévention n’est pas très spectaculaire, ce n’est pas très passionnant mais c’est très important pour qu’on puisse faire face aux maladies rénales. », a poursuivi le Dr Richard Loumingou, soulignant que si au XXe siècle, les maladies infectieuses étaient les plus importantes, au XXIe siècle, les maladies liées à l’environnement, à l’alimentation ainsi que les maladies cardiovasculaires prendront le relais.

Vaut mieux prévenir que guérir

Animant l’un des exposés, le Dr Tony Eyeni a mentionné les trois causes principales dans le contexte des pays africains en voie de développement. Il s’agit notamment du diabète, de l’hypertension artérielle et du VIH. A cela, s’ajoute la consommation abuse des médicaments sans avis des médecins, précisément des anti-inflammatoires qui exposeraient les patients à une insuffisance rénale chronique. Il reconnaît que les maladies rénales ne sont pas bien connues du grand public et du personnel soignant. « Les patients diabétiques et hypertendus sont les principaux qui vont développer une insuffisance rénale ; ils ont un facteur de risque rénal, ils doivent être régulièrement suivis. Il faut éviter les trois principales causes de l’insuffisance rénale : manger moins salé, moins gras ; manger plus de légumes et éviter la viande grasse ; se protéger pour éviter le VIH .», a-t-il conseillé.

Interrogé sur l’apport de la nouvelle unité de dialyse d’Oyo, inaugurée récemment par le chef de l’Etat, le Dr Richard Loumingou a indiqué qu’elle est la bienvenue même si ce n’est pas suffisant.  « C’est déjà un très bon pas, il y a des situations d’urgence.  On va dialyser, sauver des vies mais on ne pourra pas sauver toutes les vies, parce que le nombre de malades atteints d’insuffisance rénale est de plus en plus croissant. C’est pour cela que nous avons mis l’accent sur la prévention et nous continuerons à le faire pour réduire le nombre de patients qui vont nécessiter la dialyse. », a-t-il conclu.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Les conférenciers et le modérateur; une vue de la salle/Adiac

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