« Kalakuta Republik » : Avignon vibre dans les pas de Fela Kuti

Samedi 22 Juillet 2017 - 0:16

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Après Ouagadougou, en novembre dernier, le talentueux chorégraphe originaire de Bobo Dioulasso, Serge Aimé Coulibaly, a offert au festival d'Avignon sa plus belle émotion avec l'évocation explosive de la « République de Kalakuta », lieu utopique fondé par le chanteur, saxophoniste et homme d’orchestre Nigérian Fela Kuti. Un hommage vibrant à Fela Kuti, qui est aussi pour  Serge Aimé Coulibaly un prétexte pour se raconter soi-même.

Avec six danseurs exceptionnels, Coulibaly brûle les planches de la scène du Cloître des Célestins, en 1h15 de spectacle qui ne laisse pas une seconde de répit au spectateur. Un vieux canapé en fond de scène, quelques chaises et les deux grands marronniers du cloître évoquent à la fois la résidence-refuge du musicien Fela Kuti, inventeur de l'afrobeat, compositeur, saxophoniste, chef de bande et contestataire, et le « Shrine », la boîte de nuit-temple où il jouait et priait avec ses spectateurs.

Le spectacle  « Kalakuta Republik » commence dans la jubilation, le partage d'une vitalité démente, mais bientôt les corps se tordent sur le sol, mains comme menottées dans le dos. La deuxième partie, plus sombre, évoque la décadence dans une ambiance de boîte de nuit. « Nous avons peur, peur de nous battre pour la justice, pour la liberté, pour le bonheur », lance le chorégraphe, visage grimé de blanc comme un spectre. »

À la fin, les danseuses juchées sur l'épaule des hommes traversent le public en mimant, mains sur les yeux, sur les oreilles, sur la bouche, celui qui se tait, refuse de voir, refuse d'écouter.  C'est pour titiller le spectateur, le faire réfléchir, qu'il ne soit pas juste-là pour voir des hommes en train de se tortiller », dit le danseur en riant.

Artiste engagé, Serge Aimé Coulibaly met en oeuvre une danse contemporaine puissante, nourrie de sa collaboration avec de nombreux artistes comme les chorégraphes belges Alain Platel et Sidi Larbi Cherkaoui. Il a notamment chorégraphié la cérémonie d'ouverture de la Coupe d'Afrique de football (1998) et a créé neuf pièces, dont « Nuit blanche à Ouagadougou », qui portent toutes un regard critique sur l'Afrique contemporaine. Après Avignon, « Kalakuta Republik » part pour une belle tournée dans toute l'Europe. En France, on retrouvera notamment la pièce aux Francophonies à Limoges en septembre et au Tarmac à Paris du 16 au 19 janvier.

 

Awa LK avec AFP

Légendes et crédits photo : 

Légende image 1: Serge Aimé Coulibaly dans « Kalakuta Republik » Légende image 2: Spectacle « Kalakuta Republik » à Avignon

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