Kasaï oriental : l’intolérance politique atteint un point de non retour

Lundi 3 Décembre 2018 - 17:15

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La campagne électorale dans la province se déroule sur un fond de tension qui risque, si on n’y prend garde, de dégénérer, ou pire d'avoir mort d’homme.

Les derniers faits en date, à savoir les incidents ayant émaillé, le 2 décembre, le lancement officiel de la campagne du candidat du Front commun pour  le Congo (FCC) à la présidentielle, sont révélateurs de la détérioration du climat politique dans le Kasaï oriental où l’intolérance a atteint des cimes inespérées. La section FCC de cette province  incrimine la fédération de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) dont les membres se seraient manifestés ce jour-là par des jets de projectiles sur le cortège du candidat Emmanuel Ramazani Shadary, alors qu’il s’ébranlait sur l’avenue Kalonji, à son croisement avec l’avenue Odia-David, à quelques encablures de la permanence de ce parti d’opposition. 

D’après des sources, un groupe de jeunes apparemment instrumentalisés et hystériques aurait lancé, à bout portant, des pierres en direction du cortège avant de s’attaquer violemment à la dernière rangée des marcheurs constituée pour la plupart des femmes. À en croire le chargé de communication du FCC/Kasaï oriental, Vincent Ngoyi Ngoyi, trente-cinq blessés graves et plusieurs cas de fractures ont été enregistrés, sans oublier le pillage de la résidence de la présidente fédérale du parti politique ACDD, membre du FCC et de son siège. « Le FCC Kasaï oriental prend l’opinion tant nationale qu’internationale à témoin et saisit les instances compétentes pour que justice soit faite. La province du Kasaï oriental ne veut pas revivre les tristes événements du 28 novembre 2011 », a-t-il déclaré, non sans condamner ces actes qu’il a qualifiés de barbares.

Les partisans de l’UDPS, quant à eux, stigmatisent la gestion peu orthodoxe que le gouverneur Alphonse Ngoy Kasandji fait de l’espace politique kasaien livré à la merci du candidat du FCC qui, seul, bénéficierait des largesses de l’autorité provinciale dans ce coin du pays. Le gouverneur qui aurait, d’après eux, promis de faire élire Ramazani Shadary contre vents et marrées au Kasaï oriental, serait en train de mettre toutes les bouchées doubles pour parvenir à cette fin, y compris terroriser les partisans d’autres candidats à la présidentielle. La fédération de l’UDPS/Kasai oriental déplore notamment l’agression contre ses militants intervenue le 27 novembre dernier, lors de leur procession sur les principales artères de Mbuji-Mayi, à l’occasion du lancement officiel de la campagne de leur leader, Félix Tshisekedi.

Les membres de l’UDPS dénoncent, par ailleurs, la destruction des effigies de leur leader au profit du candidat du FCC dont le gouverneur Kasanji serait aux ordres en tant que directeur de campagne. Le siège de l’UDPS/Mbuji Mayi, ajoutent-ils, est constamment sous bouclage des policiers qui tiennent en respect les militants de ce parti politique réputés difficiles à dompter. Des allégations que le camp du gouverneur rejette, estimant que c’est plutôt de la partie adverse que viendrait la provocation. « Que chaque camp appelle ses militants à l’apaisement pour que la campagne électorale se déroule en toute sérénité », a conseillé une source proche du gouvernorat.  

L’intolérance politique a donc atteint un point de non retour à Mbuji Mayi avec, en arrière fond, le spectre de la division qui risque davantage chambouler l’unité kasaienne acquise au prix de sacrifice après les tristes événements de Kamuina Nsapu.  

Alain Diasso

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