Kasaï : une crise humanitaire suffocante pour des millions de civils

Mardi 11 Juillet 2017 - 17:32

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Pour le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha), la crise de la région du Kasaï est aujourd'hui le point le plus visible.  Mais à travers le pays, la vie des millions de personnes a été rendue misérable par la violence qui ne dit pas son nom, le manque d'accès au service social de base et à la pauvreté.

Une note de l'Ocha du début de week-end dernier a noté que les six premiers mois de l’année 2017 ont démontré que la RDC demeure dans une crise humanitaire implacable à l’impact suffocant pour des millions de personnes. L’Agence onusienne a notamment épinglé le contexte régional volatile et des moyens financiers les plus bas de ces dernières années dans lequel se situe le pays, avec la moitié de ses 26 provinces touchées par les violences armées, les conflits intercommunautaires, les maladies et les catastrophes naturelles. « À ce jour, la RDC compte 3,8 millions de personnes contraintes de fuir les violences à travers le pays, le rendant ainsi le pays africain abritant le plus grand nombre de déplacés internes », a souligné Ocha.

À en croire le bureau onusien, la population déplacée a ainsi augmenté de 60 % par rapport aux 2, 2 millions enregistrés il y a six mois. Sur ces 3,8 millions déplacés internes, Ocha estime qu’un tiers d’entre eux –soit 1,3 million –sont déplacés à cause de la crise qui ravage la région du Kasaï.

Ocha a, en outre, souligné qu’outre les déplacés internes, la RDC fait aussi face à un flux permanent de réfugiés provenant des pays voisins dont le Burundi, la République Centrafricaine et le Soudan du Sud. Alors que les perpétuels conflits intercommunautaires dans le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et le Tanganyika ont entraîné la mort de nombreux civils ainsi que le déplacement d’un demi-million d’autres durant les 12 derniers mois.

Plus de 38 mille cas de maladies

Le bureau onusien a aussi indique que le choléra et la rougeole surgissent fréquemment tandis que le paludisme connaît une ascension toujours croissante. Durant les six premiers mois de 2017, a-t-il fait savoir, plus de 38 mille cas de choléra, fièvre jaune et rougeole ont été enregistrés et plus de 700 personnes en sont mortes, des chiffres supérieurs aux plus de 32 mille cas dont 670 morts enregistrés au second semestre de 2016. Alors que la malnutrition, liée fortement à l’insécurité et aux mouvements de populations, prend aussi de l’ampleur, avec près de deux millions d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère. Pour Ocha, malgré la présence de plusieurs groupes armés, l’Ituri reste « la province oubliée » de la RDC.

En effet, ces deux dernières années, a souligné l’agence, la plupart des ONG se sont progressivement retirées de l’Ituri au profit d’autres provinces. « Alors que la résurgence de la fièvre à virus Ébola dans le Bas-Uélé a récemment causé la mort de 4 personnes, la déclaration de la fin de l’épidémie reste l’une des rares bonnes nouvelles des six mois écoulés. Alors que les populations civiles payent le plus lourd tribut de la violence, les acteurs humanitaires des Nations unies et des organisations non gouvernementales se heurtent à des contraintes d’accès aux communautés affectées », a souligné Ocha qui note que des personnels médicaux ont été tués, d’autres pris en otage; des hôpitaux et des centres de santé ont été attaqués et pillés, classant ainsi la RDC parmi les zones les plus dangereuses au monde pour les acteurs humanitaires.

Des ressources financières insuffisantes

Selon Ocha, cette crise de protection peu reluisante est aggravée par des ressources financières insuffisantes. « Un appel de 748 millions de dollars qui a été lancé en début d’année est, jusqu'à présent, financé à moins de 25 pour cent, le plus bas niveau de financement des 10 dernières années », a regretté l’agence onusienne, notant de plus qu’à la fin du mois d'avril, un appel d’urgence de 64,5 millions de dollars a été lancé exclusivement pour la crise de la région du Kasaï et qu’à ce jour, 11 pour cent seulement de contribution ont été reçus. « La crise de la RDC est une succession de chocs aigus qui ont érodé la dignité de millions de personnes, et les six premiers mois de l'année n'étaient pas différents. La crise de la région du Kasaï est aujourd'hui le point le plus visible mais à travers le pays, la vie des millions de personnes a été rendue misérable par la violence qui ne dit pas son nom, le manque d'accès au service social de base et à la pauvreté », a noté le chef de bureau par intérim d’Ocha, Alain Decoux. Nous pouvons redéployer notre personnel, a-t-il dit, proposer de nouvelles compétences, distribuer de la nourriture et des médicaments aux quatre coins du pays Mais sans argent, nous ne serons pas en mesure de répondre comme nous le souhaitons.

Lucien Dianzenza

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