Kenya : la première tâche du président élu sera de préserver la concorde nationale

Samedi 12 Août 2017 - 14:00

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Réélu pour un second mandat de 5 ans avec 54,27% des suffrages face à son rival Raila Odinga qui a obtenu 44;74% de voix, le président kényan Uhuru Kenyatta ne devra ménager aucun effort pour préserver la concorde nationale lors des premières semaines, qui s’annoncent déjà tendues avec les violences à travers le pays.

Cette tâche s’avère nécessaire puisque sitôt après l’officialisation des résultats et les jours suivants, des émeutes se poursuivent dans plusieurs fiefs de l’opposition, dans les bidonvilles de Nairobi et l’ouest du pays. La coalition de l’opposition a dénoncé une « mascarade » et en a appelé au peuple.

Raila Odinga qui a contesté les résultats de ce scrutin s’est dit opposé aux violences de toutes natures. « Nous ne voulons pas de violences au Kenya. Nous connaissons les conséquences de ce qui s’est passé en 2008, et nous ne voulons pas voir cela se répéter », a-t-il déclaré. « Je n’ai le contrôle de personne. Les gens veulent la justice », a ajouté ce candidat malheureux comme pour laisser la porte ouverte à toute éventualité.

Pourtant, la bonne tenue des élections générales, avec un taux de participation s’élèvait à 78,91%, a été unanimement saluée par la communauté internationale. Et les présidents rwandais et ougandais Paul Kagame et Yoweri Museveni n’ont pas attendu longtemps pour féliciter sur Twitter leur homologue kényan.

A 72 ans, Raila Odinga qui s’était présenté quatre fois sans succès à la présidentielle a livré certainement sa dernière grande bataille politique cette année. En 2007, il avait rejeté la réélection de Mwai Kibaki, lors d’un scrutin entaché de nombreuses fraudes selon les observateurs. Le pays avait alors plongé dans des violences post-électorales, les pires depuis son indépendance en 1963, qui avaient fait plus de 1.100 morts et 600 déplacés.  En 2013, Raila Odinga avait aussi contesté sa défaite face à l’actuel président et s’était gardé d’en appeler à la rue, préférant se tourner en vain vers la justice. Son père, Jaramogi Oginga Odinga, avait été brièvement vice-président, avant de perdre la lutte postindépendance pour le pouvoir au profit du premier chef d’État Jomo Kenyatta, père d’Uhuru.

Dans une adresse à la Nation juste après l’annonce de sa victoire par la commission électorale, Uhuru Kenyatta a tendu la main à son principal rival et appelé à la paix. « Nous devons travailler ensemble, nous devons faire équipe, nous devons grandir ensemble, nous devons ensemble faire grandir ce pays », a lancé le chef de l’Etat sortant, soulignant qu’« il n’est pas nécessaire de recourir à la violence ».

Durant la campagne électorale, Uhuru Kenyatta et le vice-président William Ruto avaient mis en avant leur bilan économique, avec une solide croissance et le développement d’infrastructures, dont la nouvelle ligne ferroviaire entre la capitale Nairobi et le port de Mombasa. Raila Odinga avait dénigré ce bilan insistant sur la hausse du prix des denrées alimentaires et le creusement des inégalités.  

Nestor N'Gampoula

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