Kinshasa : des jeunes accrocs au chanvre et à l’alcool

Samedi 9 Mars 2019 - 17:50

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Fumer une cigarette est bien plus qu’un phénomène, c’est devenu un fait social qui dure depuis des décennies dans la capitale congolaise, berceau de l’ambiance et de la frivolité.

Si jadis les mœurs sociales étaient un crédo dans la vie, aujourd’hui, les antivaleurs semblent s’enraciner bien profondes dans les consciences collectives. Entre la corruption dans les plus hautes sphères étatiques qui enrichit les tenants du pouvoir ainsi que d’autres responsables et la pauvreté de l’ensemble des Kinois, il y a une déconcertante délinquance juvénile. Des masses de jeunes sont abandonnées à elles-mêmes, les parents ne parvenant plus à assumer leurs responsabilités vis-à-vis de leurs progénitures. L’État, en ce qui le concerne, a visiblement relégué l’éducation et l’enseignement au plus bas niveau de ses préoccupations. La qualité de l’enseignement scolaire a d’autant baissé que les jeunes à Kinshasa n’ont littéralement plus de culture.

Et lorsque ces adolescents ne peuvent plus étudier, ils versent dans la délinquance. Alors s’ensuivent des phénomènes qui heurtent les consciences comme les « kuluna ». Il s’agit ici des bandes organisées des jeunes gens qui sèment la terreur dans les quartiers de la ville surtout la nuit, profitant de l’obscurité (la fourniture de l’énergie électrique étant devenue une denrée rare dans certains coins de la capitale) pour attaquer des paisibles citoyens, leur arrachant argent, téléphones portables et autres biens. Armés des machettes, ces hors-la-loi sont devenus des maîtres des rues. Parfois, ils opèrent au vu et su des agents de l’ordre, ou en complicité avec ceux-ci. Généralement, ils ne sont pas souvent dans leur état normal. Ils commencent par fumer du chanvre avant de prendre de l’alcool pur communément appelé « aguene ». C’est dans une sorte d’état second qu’ils commettent leurs forfaits.

Lingwala est l’une des communes de Kinshasa où la délinquance juvénile a atteint des proportions inquiétantes. Des jeunes de moins de 18 ans, garçons et filles, fument copieusement du haschisch. Le terrain de football dit « La Cour », en plein centre de la commune, est un endroit tout trouvé pour eux dont une bonne partie vient du camp de police Lufungula. Ils s’y retrouvent chaque soir en bandes, juste pour consommer du chanvre. 

Outre le terrain « La Cour », les jeunes de Lingwala prennent du chanvre même dans les rues, ne craignant pas du tout les agents de l’ordre. « Ils sont tout autant consommateurs du chanvre et d’alcool ‘aguene’ que nous. Et même s’ils m’arrêtent, je serai relâché aussitôt », se targuait un jeune délinquant qui habite au camp Lufungula.

Une délinquance ayant atteint son paroxysme

Cet état de choses est un secret de polichinelle au niveau du bureau communal et du commissariat de police de la commune. Et, d’ailleurs, le terrain de Lingwala est très souvent utilisé par le bureau communal comme site funéraire les week-ends. On y organise des veillées mortuaires avec naturellement l’autorisation des autorités communales, moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes. Le cas de la commune de Lingwala, à propos de ces jeunes fumeurs de chanvre et consommateurs de l’alcool, n'est pas le seul. Dans la ville province de Kinshasa et au district de la Tshangu, la délinquance juvénile a atteint son paroxysme, surtout avec le phénomène kuluna.

Les élections du 23 décembre 2018 ont offert à la RDC de nouvelles autorités nationales. Aussi doivent-elles se pencher avec diligence sur cette lancinante question de la délinquance juvénile, car la jeunesse est l’avenir de demain.

Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Un adolescent accroc à l'herbe Photo 2 : Scène surréaliste du phénomène kuluna à Kinshasa

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