Kinshasa : un fervent défenseur de la liberté de la presse agressé

Lundi 17 Mars 2014 - 14:37

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Ses assaillants lui auraient reproché « de justifier l’injustifiable dans les médias, en prenant faits et cause pour l’ennemi ».

Le directeur de l’Organisation de défense et de promotion de la liberté de la presse en RDC, Freedom for journalist (FFJ), Désiré-Israël Kazadi, a été agressé le 15 mars à 19 H (heure locale) dans la commune de la Gombe. Il a été pris pour cible par ses agresseurs sur la route « Prince de Liège », entre le lycée Shaumba et le camp Lieutenant colonel Kokolo, alors qu’il quittait son bureau pour son domicile, à bord de son véhicule. Le défenseur des droits civils et politiques des journalistes a reçu des coups de poings au visage et à l’abdomen. Il s’en est tiré avec une lèvre enflée et le visage tuméfié au flanc gauche.

Des passants qui ont vécu la scène ont soutenu que quatre personnes non autrement identifiées avaient profité d’un bouchon créé à cet endroit pour interpeller le directeur de FFJ qui a été tiré de force du volant de son véhicule. Dans les reproches, ces bourreaux auraient demandé à leur victime pourquoi « il justifiait l’injustifiable dans les médias en prenant faits et cause pour l’ennemi », avant de le brutaliser et de le passer sauvagement à tabac.

Selon ces témoins, l’un de ces hommes a dégainé un revolver avant de le menacer de l’achever. Entre-temps, l’un des pneus de sa voiture a été dégonflé.

L’activiste a eu la vie sauve grâce à deux autres personnes qui sont sorties de l’ombre d’un manguier en face du lycée Shaumba et qui se sont interposées pour le retourner, saignant, dans son véhicule. Il a, de ce fait, été conduit dans un établissement hospitalier où il a été soigné.

L’opinion se rappellera que Désiré-Israël Kazadi, qui est le directeur de l’une des principales organisations de défense de la liberté de la presse dans le pays, avait dénoncé dans les médias l’interpellation et l’emprisonnement, le 12 mars, du journaliste Eliezer Tambwe, pour avoir réalisé, dans l’enceinte de la Cour suprême de justice, un reportage sur le procès de l’opposant Diomi Ndongala.

L’ONG FFJ a rappelé que la lutte pour une presse libre et indépendante dans le pays qu’elle mène depuis un lustre est fondée sur une base légale. Pour cette organisation, chercher à supprimer la vie d’un compatriote dévoué à la cause pour des médias non inféodés à la botte des politiques est une vraie, réelle et sérieuse menace à la démocratie. « Au nom de l’organisation FFJ, nous dénonçons l’agression dont a été victime notre directeur et nous nous réservons le droit d’aller en justice contre inconnus pour voies des faits », a déclaré un membre du département d’assistance judiciaire de cette organisation.

FFJ relève également que des messages téléphoniques menaçant son directeur sont généralement enregistrés depuis que l’ONG avait publié son rapport 2013 sur l’état de la liberté de la presse préoccupant dans le pays et comparé l’est de la RDC au nord malien.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Désiré-Israël Kazadi, le directeur de FFJ, après son agression