Kongo central : une journée déontologique à l’intention des journalistes et des médias

L’organisation indépendante de défense et de promotion de la liberté de la presse Olpa a organisé le 18 août, dans la salle des conférences du Centre de lecture et d’animation culturelle situé au quartier ville basse, dans la commune de Matadi, une journée déontologique à l’intention des médias et des journalistes de la province du Kongo central. Cette activité s’inscrivait dans le cadre de la mise en œuvre du projet intitulé« Défense de la liberté de presse durant le processus électoral », appuyé par la Fondation nationale pour la démocratie (NED).

À l’ouverture de ces travaux, le conseiller politique et administratif du ministre provincial de la Presse et médias, Philippe Diamana, a encouragé l’initiative de l’Olpa, de réunir les professionnels des médias de la province pour réfléchir ensemble sur l’avenir de la profession dans cette entité politico-administrative. Il a invité les participants à cette journée à mettre en pratique tout ce qu’ils auront appris et à partager leurs expériences avec les membres de leurs rédactions respectives. Alors que le président provincial de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC/Kongo central), Dieudonné Muaka Dimbi, s’est penché sur la problématique de la liberté de presse au Kongo central : défis et perspectives d’avenir pour les futures échéances électorales.

 L'orateur a, lui également, rendu un vibrant hommage aux membres de l’Olpa pour avoir non seulement porté son dévolu sur sa modeste personne mais aussi et surtout de l’occasion offerte à la presse du Kongo central en organisant cette journée déontologique dont la finalité est de réfléchir ensemble sur le travail du journaliste. Dieudonné Muaka a souligné l’importance du travail du journaliste de nos jours. Sans lui, a-t-il dit, l’humanité tout entière serait dans le chaos. Il a, cependant, relevé que cette sensibilité appelle des garde-fous pour éviter tout dérapage pouvant embraser une nation, une communauté. D’où, a-t-il rappelé, l’existence des règles et des principes bien définis tant du point de vue professionnel que de l’éthique. « Au-delà de toutes considérations, la liberté de presse ne peut pas seulement être garantie et sauvegardée pendant une période comme celle des enjeux électoraux. Elle doit être un acquis de tous les jours et de toutes les circonstances », a conclu Dieudonné Muaka.

Une presse réellement libre

Faisant le monitoring de la liberté de la presse dans cette province, le président provincial de l’UNPC a noté que depuis son avènement à la tête de cette structure, les différents médias de la province n’hésitent pas, en toute indépendance, à charger les détenteurs du pouvoir de la province sur certains aspects qui intéressent la société. Certains de leurs intervenants à qui ils accordent la parole, a-t-il soutenu, font aussi autant. À l’en croire, depuis l’organisation des élections au niveau du Kongo central en 2006 et en 2011, aucun professionnel de médias a été incarcéré pour fautes d’éthique et de déontologie professionnelles. Il s’agit, selon lui, d’une situation qui réconforte et qui pousse les professionnels de médias de cette province à participer activement à cette journée déontologique.

Défis et perspectives

Pour Dieudonné Muaka, des défis restent, par ailleurs, à relever. Il s’agit, entre autres, des efforts à consentir pour que les détenteurs du pouvoir et de la justice garantissent aux journalistes de la province le pouvoir d’exercer leur travail en toute liberté et sécurité durant la période de grands enjeux électoraux. « Cela va aller dans le sens de la démocratie, de la liberté d’expression et d’opinion », a-t-il appuyé. Il y a également le fait de savoir supporter la contradiction, la critique, ainsi que l’honnêteté et la défense de l’intérêt général. Le président provincial de L’UNPC Kongo central a, par ailleurs, exhorté les professionnels de médias à l’impartialité pendant ces périodes de grands enjeux politiques dans notre pays. Il les a également exhortés à la lecture des ouvrages sur les questions de liberté de la presse, sur le délit de presse, sur le code d’éthique et de déontologie professionnelles et, surtout, sur le code de bonne conduite des médias pendant la période électorale ainsi que sur le guide pratique du journaliste en période électorale, afin de savoir quels comportements adopter. « Les journalistes du Kongo central ne doivent pas non plus négliger l’utilisation de nouvelles technologies de l’information et de la communication », a-t-il conseillé.

Les participants à ces travaux ont également suivie la restitution et une brève explication des recommandations, issues des ateliers organisés par l’Olpa dans la ville de Kinshasa en 2015 et en 2016, sur le renforcement des capacités des avocats et des défenseurs judiciaires dans la défense des intérêts des médias et des journalistes; le renforcement des capacités des journalistes sur les techniques de surveillance de la liberté d’information ; la table ronde sur la problématique de la liberté de presse en RDC et le renforcement des capacités des journalistes dans le traitement de l’information électorale faite par le secrétaire exécutif de l’Olpa, Joseph-Alain Kabongo, qui conduisait une délégation des membres de l’organisation dans le chef-lieu de la province du Kongo central.

Les groupes constitués à l’issue de ces communications ont travaillé autour de deux thèmes principaux dont « Médias du Kongo-central face au processus électoral » et « Collecte de l’information et la sécurité du journaliste et des médias du Kongo-central ». Après avoir identifié plusieurs obstacles qui se dressent sur le parcours des médias de cette province, les journalistes ont fait quelques recommandations aux organisateurs de la journée déontologique et aux autorités nationales et provinciales.

Dans le nombre de recommandations, les participants ont notamment appelé les médias à sensibiliser la population face au comportement à afficher pendant la période électorale, les journalistes, à s’en tenir au respect du code d’éthique et de déontologie, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication, à prendre conscience du rôle qui est le sien dans la régulation des médias, ses antennes doivent être installées dans les dix territoires du Kongo central pour son efficacité, et à multiplier des séances de travail à caractère communicationnel entre les acteurs politiques et les médias pour une bonne entame du processus électoral. Le régulateur des médias est également exhorté à repréciser ses directives sur la répartition de temps d’antennes dans les médias publics entre les différents courants politiques alors que les journalistes sont appelés à privilégier l’objectivité et l’impartialité dans le travail.