Kriss Brochec : « Le retard du Congo dans le domaine du numérique peut se transformer en une force au développement »

Mardi 22 Novembre 2016 - 14:56

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De passage à Paris, l'ancienne congolaise de la diaspora en France Kriss Brochec, Managing Director de l’entreprise Congo Web Agency à Pointe-Noire au Congo, estime que « certes les Congolais sont en retard dans le numérique, mais cela ne veut pas dire qu’ils n’ont encore rien entrepris dans ce domaine. L’une des premières étapes de la transition numérique du Congo est de structurer en réseau l’écosystème numérique de notre pays. »

Kriss Brochec de passage à Paris avant les Assises du Numérique au Congo du 23 au 25 novembre

Dépêches de Brazzaville (LDB) : Du 23 au 25 novembre 2016, vont se tenir à Brazzaville les assisses nationales sur le numérique. Quand vous entendez « retard du Congo dans le numérique » dans les différentes conférences internationales dédiées aux TIC, n'est-ce pas le signe que le Congo manque au rendez-vous du futur ?

Kriss Brochec (KB): Je ne le crois pas. En revanche, ces affirmations doivent nous faire prendre conscience de la nécessité de mettre en place un catalogue de toutes les initiatives dans le domaine qui créent des valeurs ajoutées. A travers la croisade qui m’emmène à participer aux conférences sur le numérique, j’ai compris que les autres pays sont en avance. Mais notre retard ne constitue en rien un handicap. Bien au contraire, le Congo a cette chance d’effectuer le « leapfrog », partir des balbutiements et progresser phase par phase. Nous pourrons bénéficier du partage de l'expérience des autres et « sauter » des étapes dans notre transformation numérique. « Réalisons directement ces applications en made in Congo ».

LDB : Que préconisez-vous ?

KB : Je plaide pour une mutualisation  des ressources disponibles. Cela ne peut se faire que par la structuration de l’écosystème numérique en créant une plateforme qui regrouperait tous les acteurs du numérique ainsi que toutes les initiatives portées par des Congolais où qu’ils soient dans le monde. Chacun doit jouer son rôle : à l’Etat de s’occuper des infrastructures et à la société civile de développer, de multiplier et de vulgariser les applications et usages du numérique. Le «Pacte technologique » porté par la Fondation O’dellya de Rolland Chrisbel va dans ce sens. Ainsi que la Grande Ecole du Numérique du Congo qui vient d’être inaugurée récemment.

LDB : Pensez-vous que le numérique va compenser la baisse du baril de pétrole qui accentue la morosité de l’économie congolaise ?

KB : Bien sûr ! Nous lançons cette croisade parce que nous arrivons aux limites de la richesse par le pétrole. Je crois aux multiples potentialités socioéconomiques générées par le numérique. Au Togo, par exemple, Cina Lawson, ministre des Postes et de l'Économie numérique, mise sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication, des énergies renouvelables et sur l’agro-industrie. En Côte d’ Ivoire, le numérique est le 2e apport dans le PIB après le cacao. Contrairement à d’autres domaines, le numérique est actuellement le seul domaine où avec des moyens modérés, nous pouvons faire oublier la morosité ambiante actuelle et « faire que le plus grand nombre de personnes ait un peu », et transformer nos vies en modifiant positivement notre manière de travailler, de nous déplacer, de nous former, de produire, etc.

LDB : Congo Web Agency multiplie la communication sur le numérique. Allez-vous en développer les applications ?

KB : Congo Web Agency est une entreprise congolaise qui milite pour l’accès à l’informatique pour tous. A savoir, favoriser la notion d’entrepreneuriat social et, en même temps, développer des projets où l’on rentre dans un système d’accompagnement des populations. Par cette intelligence groupée, être capable d’avoir une posture citoyenne : une créativité en adéquation avec nos réalités. Pour les transports, où très souvent les chauffeurs manquent de monnaie, comment pouvoir payer à partir d’une application ? Pour les oublis de téléphones dans les transports, comment les retrouver en les géo-localisant ? Il faut que le Congo prenne en compte le numérique comme accélérateur de croissance ; plus que jamais, « c’est le pilier de la route vers l’émergence du développement ».

LDB : Qui êtes-vous, Kriss Brochec ?

KB : Je suis Franco-congolaise, née en France de parents congolais installés en France depuis 1965. En 2009, après mon cycle universitaire et des expériences professionnelles en France, j’ai opté pour le retour au Congo, plus précisément à Pointe Noire. Sur place, je suis devenue l’archétype de l’entrepreneur modèle ultra-connecté. J’ai à cœur le projet de développer l’économie sociale et solidaire au point d’y mettre toutes les subtilités en vue d’obtenir une réelle alternative à l’économie traditionnelle. J’ai créé l’association de Mpaka pour l’intégration et le développement, en sigle AMID, avec, pour objectif, d’inciter les populations au partage viable et solidaire.

Propos recueillis par Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Photo : Kriss Brochec de passage à Paris avant les Assises du Numérique au Congo du 23 au 25 novembre Crédit photo : NIL Studio Photo

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